Question d'origine :
A quoi ou à qui est comparé le livre dans le poème "A son livre de Joachim du Belay et pourquoi?
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 30/12/2016 à 13h26
Bonjour,
Pour rappel le Guichet du Savoir n’a pas vocation à répondre à votre place mais plutôt à vous aider dans vos recherches et vous proposer des pistes pour vous guider dans votre travail.
Le sonnet A son livre est tiré des Regrets publié en 1558.
Mon livre (et je ne suis sur ton aise envieux),
Tu t’en iras sans moy voir la Court de mon Prince.
Hé chétif que je suis, combien en gré je prinsse,
Qu’un heur pareil au tien fust permis à mes yeux !
Là si quelqu’un vers toy se monstre gracieux,
Souhaitte luy qu’il vive heureux en sa province :
Mais si quelque malin obliquement te pince,
Souhaitte luy tes pleurs, et mon mal ennuyeux.
Souhaitte luy encor’ qu’il face un long voyage,
Et bien qu’il ait de veuë eslongné son mesnage,
Que son cœur, où qu’il voise, y soit tousjours present.
Souhaitte qu’il vieillisse en longue servitude,
Qu’il n’esprouve à la fin que toute ingratitude,
Et qu’on mange son bien pendant qu’il est absent.
Il fait suite à la dédicace à monsieur d’Avanson et ouvre le recueil. Le procédé consistant à s’adresser en ouverture à son propre ouvrage n’est pas une nouveauté du temps de du Bellay. Au premier siècle ap. J.C. Ovide y avait déjà recours dans son ouvrage les Tristes (extrait ci-dessous) où il déplorait son exil loin de Rome :
Va, petit livre, j'y consens, va sans moi dans cette ville où, hélas ! il ne m’est point permis d'aller, à moi qui suis ton père; va, mais sans ornements, comme il convient au fils de l'exilé ; et malheureux, adopte les insignes du malheur.
A noter que du Bellay, qui a écrit les Regrets lors de son séjour à Rome dans les années 1550, inverse sa situation avec Ovide, en déplorant, pour sa part, sa vie romaine et en soupirant après son pays natal.
A travers son sonnet du Bellay s’adresse au lecteur mais aussi, de manière détournée, à son roi, tout comme Ovide s’adressait à l’empereur Auguste. Mais au contraire d’Ovide qui cherchait à reconquérir la faveur impériale, du Bellay se montre discrètement hostile à la cour de France :
« […] (et je ne suis sur ton aise envieux), Tu t’en iras sans moy voir la Court de mon Prince. »
Le livre est vu comme un messager de son auteur qui le dote quasiment d’une vie propre. A lui de faire connaître le travail et l’œuvre de du Bellay, d’aller au-devant des lecteurs, de leur plaire ou de leur déplaire avec les conséquences que cela implique et que du Bellay souligne avec humour.
Pour vous aider dans vos recherches nous pouvons vous conseiller ces ouvrages :
- Joachim du Bellay, Oeuvres poétiques.
- Robert Sabatier, Histoire de la poésie française: la poésie au seizième siècle.
- Yvonne Bellenger, Du Bellay, ses "Regrets" qu'il fit dans Rome : étude et documentation.
- Françoise Argod-Dutard, L'écriture de Joachim Du Bellay : Le discours poètique dans Les Regrets, l'orthographe et la syntaxe dans les lettres de l'auteur.
Bon courage à vous !
Pour rappel le Guichet du Savoir n’a pas vocation à répondre à votre place mais plutôt à vous aider dans vos recherches et vous proposer des pistes pour vous guider dans votre travail.
Le sonnet A son livre est tiré des Regrets publié en 1558.
Mon livre (et je ne suis sur ton aise envieux),
Tu t’en iras sans moy voir la Court de mon Prince.
Hé chétif que je suis, combien en gré je prinsse,
Qu’un heur pareil au tien fust permis à mes yeux !
Là si quelqu’un vers toy se monstre gracieux,
Souhaitte luy qu’il vive heureux en sa province :
Mais si quelque malin obliquement te pince,
Souhaitte luy tes pleurs, et mon mal ennuyeux.
Souhaitte luy encor’ qu’il face un long voyage,
Et bien qu’il ait de veuë eslongné son mesnage,
Que son cœur, où qu’il voise, y soit tousjours present.
Souhaitte qu’il vieillisse en longue servitude,
Qu’il n’esprouve à la fin que toute ingratitude,
Et qu’on mange son bien pendant qu’il est absent.
Il fait suite à la dédicace à monsieur d’Avanson et ouvre le recueil. Le procédé consistant à s’adresser en ouverture à son propre ouvrage n’est pas une nouveauté du temps de du Bellay. Au premier siècle ap. J.C. Ovide y avait déjà recours dans son ouvrage les Tristes (extrait ci-dessous) où il déplorait son exil loin de Rome :
Va, petit livre, j'y consens, va sans moi dans cette ville où, hélas ! il ne m’est point permis d'aller, à moi qui suis ton père; va, mais sans ornements, comme il convient au fils de l'exilé ; et malheureux, adopte les insignes du malheur.
A noter que du Bellay, qui a écrit les Regrets lors de son séjour à Rome dans les années 1550, inverse sa situation avec Ovide, en déplorant, pour sa part, sa vie romaine et en soupirant après son pays natal.
A travers son sonnet du Bellay s’adresse au lecteur mais aussi, de manière détournée, à son roi, tout comme Ovide s’adressait à l’empereur Auguste. Mais au contraire d’Ovide qui cherchait à reconquérir la faveur impériale, du Bellay se montre discrètement hostile à la cour de France :
« […] (et je ne suis sur ton aise envieux), Tu t’en iras sans moy voir la Court de mon Prince. »
Le livre est vu comme un messager de son auteur qui le dote quasiment d’une vie propre. A lui de faire connaître le travail et l’œuvre de du Bellay, d’aller au-devant des lecteurs, de leur plaire ou de leur déplaire avec les conséquences que cela implique et que du Bellay souligne avec humour.
Pour vous aider dans vos recherches nous pouvons vous conseiller ces ouvrages :
- Joachim du Bellay, Oeuvres poétiques.
- Robert Sabatier, Histoire de la poésie française: la poésie au seizième siècle.
- Yvonne Bellenger, Du Bellay, ses "Regrets" qu'il fit dans Rome : étude et documentation.
- Françoise Argod-Dutard, L'écriture de Joachim Du Bellay : Le discours poètique dans Les Regrets, l'orthographe et la syntaxe dans les lettres de l'auteur.
Bon courage à vous !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Enlève-t-on le signe SOS du sable, une fois les naufragés...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter