Question d'origine :
Bonjour !
Ouen, né Dadon vers 600, est évêque de Rouen à partir de 641 jusqu'à sa mort en 684. Il fait rapidement l'objet d'un culte, notamment lorque son successeur Ansbert "élève" ses reliques derrière le maître autel de l'abbaye Saint-Pierre (future abbaye Saint-Ouen) en 688... Tous ces éléments se trouvent dans la biographie que lui consacre Elphège VACANDARD en 1902... Mais existe-t-il une date de canonisation officielle de saint Ouen ? Si la reconnaissance de sa sainteté par le peuple et par le clergé rouennais a été rapide, est-ce que l'Eglise s'est officiellement prononcée un jour (depuis le VIIe s.) sur sa sainteté et sur sa canonisation ? En fait, existe-t-il une liste officielle des saints de l'Eglise catholique avec leur date de canonisation ?
J'ai cherché... mais faute de réponse, je fais appel au Guichet du Savoir. Bon courage !
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 14/05/2005 à 08h06
D’après le Dictionnaire des canonisations de Jean-Michel Fabre (p. 25), la canonisation est l’acte liturgique qui manifeste solennellement la décision du seul pontife romain qui, de façon infaillible, inscrit un bienheureux au catalogue des saints. Son culte est alors étendu à l’Eglise universelle. Par la canonisation, on affirme qu’un saint jouit pleinement et réellement de la gloire éternelle.
Cette définition est actuelle et ne peut s’appliquer à toute l’histoire des canonisations.
En effet, il est difficile de donner une date précise de canonisation des saints du haut Moyen Âge et en particulier pour Ouen. Pas plus que dans l’ouvrage de Vacandard, vous ne trouverez de mention précise de date de canonisation dans les Acta sanctorum où saint Ouen , fêté le 24 août, occupe les pages 794 à 839 du 4e volume consacré au mois d’août.
Cela s’explique par le fait que pendant près de mille ans, la procédure habituelle de canonisation était souvent locale, à l’initiative du peuple chrétien accompagnée de la sanction de l’évêque. Il n’y a donc pas eu de canonisation officielle de saint Ouen, mais une canonisation populaire passée dans la Tradition sans acte officiel.
Dès le 8e siècle, l’Eglise cherche à dénoncer des canonisations hâtives. En 805, un capitulaire de Charlemagne rappelle que toute décision dans ce domaine est réservée à l’évêque. La première canonisation solennelle par le pape eut lieu le 11 juin 993 quand Jean XV déclara Ulric saint. Par une décrétale de 1170, le pape Alexandre III établit que toutes les causes de canonisation seraient désormais réservées au Saint-Siège. En 1634, les décrets d’Urbain VIII renoncent à remettre en question les milliers de canonisations antérieures en accordant aux cultes locaux la « prescription centenaire », c'est-à-dire une tolérance pour tous les cultes existant en 1534. Le futur Benoît XIV, dans son De Servorum Dei beatificatione et Beatorum canonizatione (1734-1738), définit les grandes règles de l’approbation du culte des saints. Vous trouverez un long développement sur l’historique des canonisations à l’article canonisation rédigé par T. Ortolan dans le Dictionnaire de théologie catholique. C’est aujourd’hui la constitution apostolique « Divinus perfectionis Magister » signée le 25 janvier 1983, le jour de la promulgation du nouveau code latin de droit canonique, qui donne les principes fondamentaux de la procédure des canonisations. La Congrégation des Causes des saints assiste le pape dans cette tâche.
La liste officielle des saints de l’Eglise catholique se trouve dans le Martyrologe romain., dont la dernière édition a été publiée en 2004 :
Le Dr Roberto Fusco, qui a travaillé sur les mises à jour, a indiqué au micro de Radio Vatican que “contrairement à ce que l’on pourrait penser, étant donné le nom de ce volume, il ne s’agit pas d’une liste de martyrs. C’est la liste de tous les saints que l’Eglise catholique vénère en tant que tels : saints et bienheureux dans un livre liturgique destiné à la proclamation liturgique”.
Il indique que le volume contient de “très nombreuses nouveautés”, par rapport à la première édition de 2001, la première après le concile et 35 ans de travaux. “Dans cette deuxième édition, on a procédé avant tout à la rectification de certaines erreurs qui étaient apparues dans la première édition, de nature typographique, ainsi que l’intégration de nombreux saints et bienheureux qui ont été proclamés au cours de ces trois ans, au nombre de 117. On a en outre ajouté de nombreux saints dont le culte est effectif, en particulier en Italie méridionale, des figures du monachisme italo-grec et jusqu’ici exclus du martyrologe”.
En tout, “le martyrologe catholique compte sept mille saints et bienheureux vénérés par l’Eglise et dont le culte est officiellement reconnu et peut être proposé à l’Eglise universelle”.
Le martyrologe ne comportant pas la date de canonisation, vous pouvez vous reporter à l’ouvrage des bénédictins Baudot et Chaussin, Vie des saints et des bienheureux selon l’ordre du calendrier, Paris, Letouzey , 1935-1959, 12 volumes, (Bibliothèque municipale de Lyon, cote SJ V 35/13-25
Enfin, vous trouverez sur le site du Vatican la liste des canonisations prononcées durant le pontificat de Jean-Paul II, avec la date de la canonisation et le nom des saints.
Nous remercions les pères Maurice Jourgeon et Jean Comby, professeurs émérites de la Faculté de théologie de Lyon et spécialistes d'histoire de l'Eglise, pour les informations communiquées.
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