Question d'origine :
Bonjour,
A partir de quand/quel roi a-t-on pratiqué la tripartition du défunt au Moyen Age : gisant de corps/coeur/entrailles,
et quand/pourquoi a-t-on arrêté cette pratique ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/12/2016 à 10h07
Bonjour,
Un des rituels les plus étranges des funérailles royales était l'autopsie et l'embaumement des défunts. L'autopsie était pratiquée pour savoir les causes du décès. Les personnes princières étaient toujours susceptibles d'avoir été emprisonnées ou mal soignées. [...] L'autopsie était par ailleurs la première phase de l'embaumement. Cette opération obéissait à la necessité de conserver le coprs le temps suffisant pour qu'il soit exposé en public, afin de faire constaterle décès, recevoir les hommages, organiser la veillée funèbre.
Les éléments les plus putrescibles (entrailles, poumons, cerveau parfois, mais pas le sexe) étaient prélevés et mis dans un boisseau de plomb. Le coeur l'était aussi, mais pour une raison symbolique. Embaumé, empaqueté de toile cirée, déposé dans un reliquaire parfois en forme de coeur, il aurait droit à un tombeau ou à un lieu de conservation particulier. Le corps était rempli d'aromates, non pour garantir la conservation, mais pour prévenir les odeurs désagréables. entouré de bandelettes, il pouvait être ramené dans le lit du décès, le visage seul restant visible (Louis XIII), puis mis en bière au bout de quelques jours, ou immédiatement après l'autopsie et l'embaumement si l'état de désagrégation du coprs l'imposait (Louis XIV). C'était alors le cercueil qui était exposé. L'identité du défunt était précisée sur les urnes des entrailles et du coeur, et sur le cercueil par une plaque de cuivre. A la Renaissance, un mannequin d'osier revêtu des habits royaux avec un visage de cire d'après d'après un moulage tenait lieu de dépouille. Cette pratique fut abandonnée au XVIIe siècle. La tripartition avait été condamnée par le pape comme attentatoire à la création divine qu'était le corps humain. Les souverains puis les élites sociales obtinrent des dispenses, l'usage se généralisa et devint un rituel trouvant en soi sa propre fin. Cependant, les rois d'Espagne furent inhumés entiers jusqu'à Philippe IV. Les défunts contagieux (Le Grand Dauphin, Louis XV) étaient mis en bière immédiatment après leur décès, sans autopsie ni exposition, et inhumés. La cérémonie funèbre se tenait plus tard devant un cénotaphe. Ce rituel fut observé par les Bourbons en France jusqu'au XIXe siècle. L'ablation du coeur dura plus longtemps encore : décédé le 31 décembre 1882, Gambetta fut autopsié deux jours après et enterré à Nice ; son coeur, emporté par son médecin, fut inhumé au Panthéon le 11 novembre 1920.
Source : Le roi est mort (Ed. Tallandier)
Selon une tradition remontant à la mort de Philippe le Bel (1314), les corps des rois de France et souverains européens sont soumis à la tripartition (corps, entrailles et cœur) avec trois lieux distincts de sépulture. Cette pratique, qui multiplie les lieux où honorer le défunt roi, constitue autant de marquages au service des monarques pour la construction territoriale des États. Elle est aussi une marque de faveur envers les institutions qui accueillent les reliques royales. (Source : Francetveducation)
Le mos Teutonicus est ainsi une technique qui se divise en 3 étapes successives ou dilaceratio corporis (division du corps). Tout d’abord on pratique l’éviscération du corps et la mise à l’écart des entrailles et du coeur, puis on sépare les membres du corps et enfin on fait bouillir les restes du cadavre, afin de nettoyer les os des chairs restantes, dans de l’eau salée ou dans du vin aromatisé. Cette technique présentait de nombreux avantages : elle était tout d’abord hygiénique et permettait le rapatriement des corps des chevaliers morts en terres lointaines, mais elle était également très utile au point de vu politique car elle permettait de pratiquer 3 enterrements distincts et donc d’honorer différent lieux et personnages par la présence d’un caveau présentant les restes d’un ascendant illustre. (Source : funeraire-info.fr)
Ainsi, Charles V : la tripartition lui permettait de reposer à Saint-Denis, dans la chapelle qu'il avait fait édifier, où il "retrouvait" la dépouille de son épouse, de l"guer son coeur à la cathédrale de Rouen et à la normandie, afin d'affirmer la présence royale face aux prétentions anglaises, mais aussi de faire inhumer ses entrailles à l'abbaye de Maubuisson, afin de se rapprocher de sa mère. (Source : Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles)
D'autres informations sont contenues dans une précédente question qui nous avait été posée en 2012 (Il y est beaucoup question du livre d'Alexandre Bande cité plus haut)
Un des rituels les plus étranges des funérailles royales était l'autopsie et l'embaumement des défunts. L'autopsie était pratiquée pour savoir les causes du décès. Les personnes princières étaient toujours susceptibles d'avoir été emprisonnées ou mal soignées. [...] L'autopsie était par ailleurs la première phase de l'embaumement. Cette opération obéissait à la necessité de conserver le coprs le temps suffisant pour qu'il soit exposé en public, afin de faire constaterle décès, recevoir les hommages, organiser la veillée funèbre.
Les éléments les plus putrescibles (entrailles, poumons, cerveau parfois, mais pas le sexe) étaient prélevés et mis dans un boisseau de plomb. Le coeur l'était aussi, mais pour une raison symbolique. Embaumé, empaqueté de toile cirée, déposé dans un reliquaire parfois en forme de coeur, il aurait droit à un tombeau ou à un lieu de conservation particulier. Le corps était rempli d'aromates, non pour garantir la conservation, mais pour prévenir les odeurs désagréables. entouré de bandelettes, il pouvait être ramené dans le lit du décès, le visage seul restant visible (Louis XIII), puis mis en bière au bout de quelques jours, ou immédiatement après l'autopsie et l'embaumement si l'état de désagrégation du coprs l'imposait (Louis XIV). C'était alors le cercueil qui était exposé. L'identité du défunt était précisée sur les urnes des entrailles et du coeur, et sur le cercueil par une plaque de cuivre. A la Renaissance, un mannequin d'osier revêtu des habits royaux avec un visage de cire d'après d'après un moulage tenait lieu de dépouille. Cette pratique fut abandonnée au XVIIe siècle. La tripartition avait été condamnée par le pape comme attentatoire à la création divine qu'était le corps humain. Les souverains puis les élites sociales obtinrent des dispenses, l'usage se généralisa et devint un rituel trouvant en soi sa propre fin. Cependant, les rois d'Espagne furent inhumés entiers jusqu'à Philippe IV. Les défunts contagieux (Le Grand Dauphin, Louis XV) étaient mis en bière immédiatment après leur décès, sans autopsie ni exposition, et inhumés. La cérémonie funèbre se tenait plus tard devant un cénotaphe. Ce rituel fut observé par les Bourbons en France jusqu'au XIXe siècle. L'ablation du coeur dura plus longtemps encore : décédé le 31 décembre 1882, Gambetta fut autopsié deux jours après et enterré à Nice ; son coeur, emporté par son médecin, fut inhumé au Panthéon le 11 novembre 1920.
Source : Le roi est mort (Ed. Tallandier)
Selon une tradition remontant à la mort de Philippe le Bel (1314), les corps des rois de France et souverains européens sont soumis à la tripartition (corps, entrailles et cœur) avec trois lieux distincts de sépulture. Cette pratique, qui multiplie les lieux où honorer le défunt roi, constitue autant de marquages au service des monarques pour la construction territoriale des États. Elle est aussi une marque de faveur envers les institutions qui accueillent les reliques royales. (Source : Francetveducation)
Le
Ainsi, Charles V : la tripartition lui permettait de reposer à Saint-Denis, dans la chapelle qu'il avait fait édifier, où il "retrouvait" la dépouille de son épouse, de l"guer son coeur à la cathédrale de Rouen et à la normandie, afin d'affirmer la présence royale face aux prétentions anglaises, mais aussi de faire inhumer ses entrailles à l'abbaye de Maubuisson, afin de se rapprocher de sa mère. (Source : Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles)
D'autres informations sont contenues dans une précédente question qui nous avait été posée en 2012 (Il y est beaucoup question du livre d'Alexandre Bande cité plus haut)
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