Question d'origine :
Bonjour,
Visitant Madid en 2007, je suis passé au musée de la Reine Sophie où se tenait une exposition sur Ferdinand d'Aragon, un des Rois Catholiques, époux d'Isabelle de Castille, qui dans un discours prônant la Reconquista termine par un slogan destiné à unir les différentes composantes du peuple espagnol par :
"Un pueblo, un pais, un Rey "
La similitude est tellement frappante que je l'ai immédiatement rapproché de " Ein volk, ein reich, ein furher " d'Adolph Hitler.
Je souhaite savoir si Hitler a copié cette phrase de Ferdinand et si d'autres personnages l'ont utilisé pour galvaniser les foules
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/12/2016 à 10h24
Bonjour,
Intrigués par le fait que vous ayez pu visiter en 2007 une exposition consacrée aux Rois Catholiques au Musée de la Reine Sophie, musée d’art contemporain de Madrid, nous sommes allés consulter le site de cet établissement.
Aucune exposition, ni dans les collections permanentes ni dans les temporaires ne semble avoir été consacrée aux très catholiques Ferdinand II et Isabelle selon le registre des activités de cette année-là. Par contre, en 2007, se tint à Saragosse une exposition intitulée « Fernando II de Aragon, el rey que imagino España y la abrio a Europa », dont les archives en ligne nous permettent d’avoir une bonne représentation.
Parmi les citations à découvrir dans cette exposition en ligne, l’extrait du discours prononcé par Ferdinand II aux Cortes de Tolède en 1480 au sujet de la réunion des royaumes de Castille, Aragon et de Leon, vantant l’unité des royaumes par la grâce de Dieu et dans la Couronne, pourrait correspondre à l’esprit de votre citation : "Pues por la Gracia de Dios los nuestros reynos de Castilla e de León e de Aragón son unidos e tenemos esperanza que por su piedad de aquí adelante estarán en unión e permanescerán en nuestra corona real, que ansí es razón que todos los naturales dellos se traten e comuniquen en sus tratos e fazimientos". Discurso dirigido a las Cortes de Toledo de 1480.
L’expression que vous citez : «Un pueblo, un pais, un Rey » sonne comme un mot d’ordre bien plus tardif, et tranche avec le style des écrits et des propos rapportés datant de la fin du XVe siècle, époque où, avec la prise de Grenade, la Reconquête catholique s’acheva. Elle s’apparente aux devises nationales des pays contemporains, souvent construites sur ce rythme de trois termes, comme trois objectifs nécessaires à l’unité nationale.
Par curiosité, et si vous lisez l’espagnol, vous pouvez vous reporter à la Crónica de los Señores Reyes Católicos Don Fernando y Doña Isabel de Castilla y de Aragón publiée en ligne dans la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantès.
Le politique Dom Ferdinand le catholique, l’ouvrage panégyrique du philosophe Baltasar Gracian, commence par la phrase suivante « J’oppose un roi à tous les rois qui l’ont précédé, et je l’oppose à tous les rois qui viendront après lui. C’est Dom Ferdinand le Catholique, ce grand maître en l’art de régner, le plus grand oracle de la raison d’état. » et ne mentionne à aucun moment la phrase que vous indiquez.
Quant à l’éventuelle reprise de ce slogan par Hitler (et d’autres personnages), on peut douter de ce que la culture historique et politique du dictateur allemand lui ait permis de reprendre à son compte une expression venant des Rois très catholiques de l’Espagne du XVe siècle.
Qu’un autocrate se pose en incarnation d’un peuple et d’un pays ne nécessite pas de connaissances historiques particulières.
Sur la Reconquête espagnole, vous pourriez lire avec profit cet article publié par la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public.
Bonnes lectures !
Intrigués par le fait que vous ayez pu visiter en 2007 une exposition consacrée aux Rois Catholiques au Musée de la Reine Sophie, musée d’art contemporain de Madrid, nous sommes allés consulter le site de cet établissement.
Aucune exposition, ni dans les collections permanentes ni dans les temporaires ne semble avoir été consacrée aux très catholiques Ferdinand II et Isabelle selon le registre des activités de cette année-là. Par contre, en 2007, se tint à Saragosse une exposition intitulée « Fernando II de Aragon, el rey que imagino España y la abrio a Europa », dont les archives en ligne nous permettent d’avoir une bonne représentation.
Parmi les citations à découvrir dans cette exposition en ligne, l’extrait du discours prononcé par Ferdinand II aux Cortes de Tolède en 1480 au sujet de la réunion des royaumes de Castille, Aragon et de Leon, vantant l’unité des royaumes par la grâce de Dieu et dans la Couronne, pourrait correspondre à l’esprit de votre citation : "Pues por la Gracia de Dios los nuestros reynos de Castilla e de León e de Aragón son unidos e tenemos esperanza que por su piedad de aquí adelante estarán en unión e permanescerán en nuestra corona real, que ansí es razón que todos los naturales dellos se traten e comuniquen en sus tratos e fazimientos". Discurso dirigido a las Cortes de Toledo de 1480.
L’expression que vous citez : «
Par curiosité, et si vous lisez l’espagnol, vous pouvez vous reporter à la Crónica de los Señores Reyes Católicos Don Fernando y Doña Isabel de Castilla y de Aragón publiée en ligne dans la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantès.
Le politique Dom Ferdinand le catholique, l’ouvrage panégyrique du philosophe Baltasar Gracian, commence par la phrase suivante « J’oppose un roi à tous les rois qui l’ont précédé, et je l’oppose à tous les rois qui viendront après lui. C’est Dom Ferdinand le Catholique, ce grand maître en l’art de régner, le plus grand oracle de la raison d’état. » et ne mentionne à aucun moment la phrase que vous indiquez.
Quant à l’éventuelle reprise de ce slogan par Hitler (et d’autres personnages), on peut douter de ce que la culture historique et politique du dictateur allemand lui ait permis de reprendre à son compte une expression venant des Rois très catholiques de l’Espagne du XVe siècle.
Qu’un autocrate se pose en incarnation d’un peuple et d’un pays ne nécessite pas de connaissances historiques particulières.
Sur la Reconquête espagnole, vous pourriez lire avec profit cet article publié par la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public.
Bonnes lectures !
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