Question d'origine :
Signification de toutes les cases du jeu de l"oie renouvelé des Grecs
de l Fabrique de Pellerin à Epinal?
Merci
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/12/2016 à 15h08
Bonjour
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe plusieurs jeux de l’Oie, sortis de l’Imagerie Pellerin d’Epinal :
• Imagerie d’Epinal – Jeu de l’Oie / BnF
• Jeu de l’Oie / AbeBooks
• Jeu de l’oie / Bibliothèque Valenciennes, patrimoine numérique
• Jeu de l’Oie « renouvelé des Grecs » / Imagerie d’Epinal
Les cases de ces divers jeux de l’Oie sont toutes différentes et il serait donc difficile, voire impossible, de vous donner une explication sur toutes les cases !
Toutefois, les règles restent toujours les mêmes et les cases « accidents » se trouvent donc systématiquement sur le même nombre :
« Le jeu se joue avec deux dés, chaque joueur lance le dé tour à tour et avance du nombre qu’indique le dé. Si un joueur tombe sur une case oie, il avance de nouveaux du nombre de cases que lui ont attribué les dés. Si un joueur tombe sur une case déjà occupée par un adversaire, il envoie ce dernier à la case où il se trouvait.
Il existe aussi des cases pièges ou des cases spéciales :
• Par exemple celui passe à la case 6, le pont, va directement à la case 12.
• Qui va à la case 19, l’hôtel, passe une fois son tour.
• Qui tombe sur la case 31 tombe dans le puit et doit faire un 6 avec son dé pour en sortir.
• Qui passe à la case 42 se perd dans le labyrinthe et recule jusqu’à la case 30.
• Celui qui arrive à la case 52 se retrouve en prison et passe 2 fois son tour.
• Qui arrive sur la tête de mort à la case 58 recommence au départ.
• Celui qui réussit à tomber de manière exacte sur la dernière case 63 a gagné la partie. (sinon reculera d’autant de points en trop) »
Règles du jeu de l’oie / Jeu de l’Oie
Voici la règle du jeu, que l’on trouve sur un jeu de l’Oie du XIXe siècle :
« Premièrement, pour jouer à ce jeu, qui est composé de soixante-trois cases, à prendre du n°, où est représenté un petit jardin, jusqu’au nombre 63, où l’on voit un bosquet dans lequel repose une Oie, qui est l’endroit où il faut arriver pour gagner la partie, il faut que chaque joueur ait une marque distinctive, afin de ne pas se tromper avec celle de son adversaire pour marquer sur la case le nombre de points que l’on aura amenés ; mais il n’est pas facile d’arriver à ce bosquet, car plusieurs empêchements se présentent avant qu’on puisse y aborder.
Pour jouer à ce jeu, il faut avoir deux dés que chaque joueur jettera à son tour, et autant de points que les dés amèneront, il les marquera sur le jeu avec sa marque. Il faut bien faire attention que l’on ne peut s’arrêter sur les Oies, qui sont disposées de 9 en 9 ; ainsi donc, si vous arrivez à une Oie, redoublez le nombre de points que vous avez amenés jusqu’à ce que vous n’en rencontriez plus. Si en marquant les points que vous amenez vers la fin de la partie, vous excédez le nombre 63, vous redoublez vos points et retournez en arrière ; et enfin, celui qui arrivera juste au nombre 63, gagnera la partie.
Observations
Si du premier coup que l’on tire les dés, l’on faisait 9, qui peut se faire de deux manières, savoir : 5 et 4 ou 6 et 3, il faut que celui qui fera 6 et3, aille au nombre 26, où sont représentés deux dés, et celui qui fera 5 et 4, au nombre 53, où sont deux autres dés.
Celui qui fera 6, où il y a un pont, paiera le prix convenu et ira au nombre 12 pour se noyer sous le pont
Celui qui ira au nombre 19, où il y a une Hôtellerie, s’y reposera jusqu’à ce que les autres joueurs aient tiré chacun deux fois.
Celui qui ira au nombre 31, où il y a un Puits paiera le prix convenu, et y restera jusqu’à ce qu’un autre, arrivant au même nombre, vienne l’en délivrer ; alors celui qui sortira du Puits, ira occuper la place qu’avait celui qui est venu le remplacer.
Celui qui ira au nombre 42, où il y a un Labyrinthe paiera le prix convenu, et retournera au nombre 30.
Qui arrivera au nombre 52, où il y a une prison, paiera le prix convenu, et y restera jusqu’à ce qu’un autre l’en retire.
Quand on arrivera au nombre 58, où est représentée la Mort, on paiera encore le prix convenu, et on recommencera tout le jeu.
Celui qui sera rencontré par un des joueurs, paiera le prix convenu, et ira se mettre à sa place. »
Jeu de l’oie / Bibliothèque Valenciennes, patrimoine numérique
Le jeu de l’Oie, qui tirerait son origine du siège de Troie, est connu en Europe depuis la Renaissance :
« Le jeu de l’oie
Comme le hoca, le jeu de l’oie est un jeu de hasard pur, mais on n’y joue pas gros jeu. Le père Claude-François Menestrier le présente ainsi dans sa Bibliothèque curieuse et instructive : "Il y a une autre sorte de jeu, qui semble plus facile pour s’instruire, et qui paraît plus aisé à jouer ; c’est le jeu de l’oie si commun et que l’on prétend être venu des Grecs, quoiqu’il n’en paraisse aucun vestige dans leurs auteurs. Ce jeu est beaucoup plus aisé que celui des cartes, parce qu’il est toujours tout entier exposé aux yeux des joueurs, et qu’étant fait en forme de limaçon ou de serpent plié spiralement, il est propre à marquer les choses que l’on veut apprendre…"
Les origines du jeu sont obscures, mais l’Italie du XVIe siècle en est le berceau le plus probable. Vers 1600, les héritiers de Benoît Rigaud, à Lyon, impriment Le Jeu de l’oye, renouvellé des Grecs, jeu de grand plaisir, comme aujourd’huy princes & grands seigneur [sic] le pratiquent, à ce jour le plus ancien exemplaire français connu. Avec lui, nous découvrons la règle imprimée, placée au milieu du parcours spiralé. À la différence des jeux italiens, allemands, flamands ou espagnols, où le labyrinthe (case 42) renvoie à la case 39 (ou indique qu’il faut reculer de trois "pas "), le jeu lyonnais fait reculer le joueur à la case 30 ("Qui ira au nombre 42, où est un labyrinthe, paie le prix convenu et retourne au nombre 30 "). Cette erreur de transcription, découverte par Manfred Zollinger, se retrouve dans tous les jeux de l’oie français, qui se révèlent ainsi les rejetons d’un prototype unique.
Le jeu de l’oie se rencontre souvent dans le Journal de Jean Héroard, médecin du petit Louis XIII. En avril 1612, le jeune roi "joue à l’oye, Mrs de Vendome, le Grand Escuier et d’Espernon avecques". Louis XIII y a pris goût : encore en 1628, il "s’amuse à jouer à l’oye "pendant le siège de La Rochelle. Le succès du jeu lui vaut de voir ses règles reproduites dans la première édition de La Maison académique (Paris, 1654), dont le texte est en tout point identique, erreurs comprises, à celui donné par les héritiers de Benoît Rigaud en 1600. Au-delà de ce modèle canonique, inlassablement répété par les éditeurs d’estampes populaires, le jeu de l’oie va donner naissance à de multiples variantes, éducatives, commémoratives ou de propagande, tels Le Jeu chronologique (1638), Le Jeu des François et des Espagnols pour la Paix (1660), Le Jeu du Blason, par Nicolas de Fer, géographe de Sa Majesté Catholique (1680), ou encore Le Jeu de la sphère ou de l’univers selon Tyco Brahé (1661), Le Jeu du Canal royal (1682). La veine ne s’est pas tarie jusqu’à nos jours. »
Jeux nouveaux, jeux renouvelés / Thierry Depaulis
« Les origines du jeu de l'oie sont difficiles à cerner. La plus ancienne trace assurée d'un tel jeu est constituée par un petit manuel du courtisan publié par Alonso de Barros à Madrid en 1587 : La Filosofia cortesana moralizada. Il s'agit du livret d'instructions pour un jeu de parcours (spiralé ?) à 63 cases, dont malheureusement le tablier est perdu. Mais les principes généraux – cases bénéfiques et maléfiques, obligation d'arriver exactement sur la dernière case – et la présence de deux dés sont bien ceux du jeu de l'oie. Deux ans plus tard, en 1589, l'archiduc Charles d'Autriche fait graver sur pierre pour ses enfants un vrai jeu de l'oie (canonique), mais sous le nom de Das khurtzweillige Fortuna-Spill (Graz, Landesmuseum Johanneum). Les archives des Stationers de Londres enregistrent le 16 juin 1597 le dépôt, par l'éditeur John Wolfe, de « the newe and most pleasant game of the goose », un titre qui semble traduit littéralement de l'italien. L'année suivante, c'est à Paris qu'est mentionné, dans l'inventaire après décès de l'imprimeur et éditeur d'estampes parisien Jean (II) de Gourmont, un « jeu de l'oye prisé... 1 livre ». Enfin, ce qu'il faut bien considérer à ce jour comme le plus ancien jeu de l'oie classique connu est celui qu'impriment et signent, sans doute en 1599 ou en 1600, les héritiers de Benoît Rigaud à Lyon. Ce Jeu de l'oye, renouvellé des Grecs, jeu de grand plaisir, comme aujourd'huy princes & grands seigneurs le pratiquent, est aujourd'hui conservé à la Herzog-August Bibliothek de Wolfenbüttel (Allemagne).
Dès lors, les témoignages se multiplient, tant en Italie qu'en Allemagne (les plus nombreux) ou en France. Plusieurs d'entre eux semblent indiquer une origine italienne, et la remarque de Pietro Carrera, dans son traité Il Gioco degli scacchi (Militello, 1617), qui situe l'apparition du jeu de l'oie à Florence sous le règne du grand-duc François de Médicis (1574-1587), semble assez juste. On sait par le Journal d'Héroard, son médecin, que Louis XIII aimait beaucoup ce jeu. Les princes allemands, notamment le duc Auguste de Brunswick-Lunebourg, commandent aux artisans d'Augsbourg de précieuses boîtes à jeux contenant un jeu de l'oie en marqueterie. En 1654, le premier recueil de règles de jeu français, La Maison academique contenant un recueil general de tous les jeux divertissans pour se rejouyr agreablement dans les bonnes compagnies, donne les règles complètes du jeu et de quelques-unes de ses variantes. Le jeu devient alors assez populaire pour susciter des imitations à forte saveur idéologique. »
Jeu de l’oie / Thierry Depaulis (in Encyclopaedia Universalis)
Enfin, certains voient également, dans ce jeu, une signification ésotérique :
« Le noble jeu de l’Oie, renouvelé des Grecs, est un jeu initiatique comme le tarot. Il possède 63 cases (9*7) qui représentent les différentes étapes de la vie humaine. L’oie symbolise l’âme humaine destinée à devenir sur la dernière case le cygne, hamsa, symbole indien de la libération karmique. »
Les symboles universels / Jean Prieur
Bonne journée
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe plusieurs jeux de l’Oie, sortis de l’Imagerie Pellerin d’Epinal :
• Imagerie d’Epinal – Jeu de l’Oie / BnF
• Jeu de l’Oie / AbeBooks
• Jeu de l’oie / Bibliothèque Valenciennes, patrimoine numérique
• Jeu de l’Oie « renouvelé des Grecs » / Imagerie d’Epinal
Les cases de ces divers jeux de l’Oie sont toutes différentes et il serait donc difficile, voire impossible, de vous donner une explication sur toutes les cases !
Toutefois, les règles restent toujours les mêmes et les cases « accidents » se trouvent donc systématiquement sur le même nombre :
« Le jeu se joue avec deux dés, chaque joueur lance le dé tour à tour et avance du nombre qu’indique le dé. Si un joueur tombe sur une case oie, il avance de nouveaux du nombre de cases que lui ont attribué les dés. Si un joueur tombe sur une case déjà occupée par un adversaire, il envoie ce dernier à la case où il se trouvait.
Il existe aussi des cases pièges ou des cases spéciales :
• Par exemple celui passe à la case 6, le pont, va directement à la case 12.
• Qui va à la case 19, l’hôtel, passe une fois son tour.
• Qui tombe sur la case 31 tombe dans le puit et doit faire un 6 avec son dé pour en sortir.
• Qui passe à la case 42 se perd dans le labyrinthe et recule jusqu’à la case 30.
• Celui qui arrive à la case 52 se retrouve en prison et passe 2 fois son tour.
• Qui arrive sur la tête de mort à la case 58 recommence au départ.
• Celui qui réussit à tomber de manière exacte sur la dernière case 63 a gagné la partie. (sinon reculera d’autant de points en trop) »
Règles du jeu de l’oie / Jeu de l’Oie
Voici la règle du jeu, que l’on trouve sur un jeu de l’Oie du XIXe siècle :
« Premièrement, pour jouer à ce jeu, qui est composé de soixante-trois cases, à prendre du n°, où est représenté un petit jardin, jusqu’au nombre 63, où l’on voit un bosquet dans lequel repose une Oie, qui est l’endroit où il faut arriver pour gagner la partie, il faut que chaque joueur ait une marque distinctive, afin de ne pas se tromper avec celle de son adversaire pour marquer sur la case le nombre de points que l’on aura amenés ; mais il n’est pas facile d’arriver à ce bosquet, car plusieurs empêchements se présentent avant qu’on puisse y aborder.
Pour jouer à ce jeu, il faut avoir deux dés que chaque joueur jettera à son tour, et autant de points que les dés amèneront, il les marquera sur le jeu avec sa marque. Il faut bien faire attention que l’on ne peut s’arrêter sur les Oies, qui sont disposées de 9 en 9 ; ainsi donc, si vous arrivez à une Oie, redoublez le nombre de points que vous avez amenés jusqu’à ce que vous n’en rencontriez plus. Si en marquant les points que vous amenez vers la fin de la partie, vous excédez le nombre 63, vous redoublez vos points et retournez en arrière ; et enfin, celui qui arrivera juste au nombre 63, gagnera la partie.
Si du premier coup que l’on tire les dés, l’on faisait 9, qui peut se faire de deux manières, savoir : 5 et 4 ou 6 et 3, il faut que celui qui fera 6 et3, aille au nombre 26, où sont représentés deux dés, et celui qui fera 5 et 4, au nombre 53, où sont deux autres dés.
Celui qui fera 6, où il y a un pont, paiera le prix convenu et ira au nombre 12 pour se noyer sous le pont
Celui qui ira au nombre 19, où il y a une Hôtellerie, s’y reposera jusqu’à ce que les autres joueurs aient tiré chacun deux fois.
Celui qui ira au nombre 31, où il y a un Puits paiera le prix convenu, et y restera jusqu’à ce qu’un autre, arrivant au même nombre, vienne l’en délivrer ; alors celui qui sortira du Puits, ira occuper la place qu’avait celui qui est venu le remplacer.
Celui qui ira au nombre 42, où il y a un Labyrinthe paiera le prix convenu, et retournera au nombre 30.
Qui arrivera au nombre 52, où il y a une prison, paiera le prix convenu, et y restera jusqu’à ce qu’un autre l’en retire.
Quand on arrivera au nombre 58, où est représentée la Mort, on paiera encore le prix convenu, et on recommencera tout le jeu.
Celui qui sera rencontré par un des joueurs, paiera le prix convenu, et ira se mettre à sa place. »
Jeu de l’oie / Bibliothèque Valenciennes, patrimoine numérique
Le jeu de l’Oie, qui tirerait son origine du siège de Troie, est connu en Europe depuis la Renaissance :
« Le jeu de l’oie
Comme le hoca, le jeu de l’oie est un jeu de hasard pur, mais on n’y joue pas gros jeu. Le père Claude-François Menestrier le présente ainsi dans sa Bibliothèque curieuse et instructive : "Il y a une autre sorte de jeu, qui semble plus facile pour s’instruire, et qui paraît plus aisé à jouer ; c’est le jeu de l’oie si commun et que l’on prétend être venu des Grecs, quoiqu’il n’en paraisse aucun vestige dans leurs auteurs. Ce jeu est beaucoup plus aisé que celui des cartes, parce qu’il est toujours tout entier exposé aux yeux des joueurs, et qu’étant fait en forme de limaçon ou de serpent plié spiralement, il est propre à marquer les choses que l’on veut apprendre…"
Les origines du jeu sont obscures, mais l’Italie du XVIe siècle en est le berceau le plus probable. Vers 1600, les héritiers de Benoît Rigaud, à Lyon, impriment Le Jeu de l’oye, renouvellé des Grecs, jeu de grand plaisir, comme aujourd’huy princes & grands seigneur [sic] le pratiquent, à ce jour le plus ancien exemplaire français connu. Avec lui, nous découvrons la règle imprimée, placée au milieu du parcours spiralé. À la différence des jeux italiens, allemands, flamands ou espagnols, où le labyrinthe (case 42) renvoie à la case 39 (ou indique qu’il faut reculer de trois "pas "), le jeu lyonnais fait reculer le joueur à la case 30 ("Qui ira au nombre 42, où est un labyrinthe, paie le prix convenu et retourne au nombre 30 "). Cette erreur de transcription, découverte par Manfred Zollinger, se retrouve dans tous les jeux de l’oie français, qui se révèlent ainsi les rejetons d’un prototype unique.
Le jeu de l’oie se rencontre souvent dans le Journal de Jean Héroard, médecin du petit Louis XIII. En avril 1612, le jeune roi "joue à l’oye, Mrs de Vendome, le Grand Escuier et d’Espernon avecques". Louis XIII y a pris goût : encore en 1628, il "s’amuse à jouer à l’oye "pendant le siège de La Rochelle. Le succès du jeu lui vaut de voir ses règles reproduites dans la première édition de La Maison académique (Paris, 1654), dont le texte est en tout point identique, erreurs comprises, à celui donné par les héritiers de Benoît Rigaud en 1600. Au-delà de ce modèle canonique, inlassablement répété par les éditeurs d’estampes populaires, le jeu de l’oie va donner naissance à de multiples variantes, éducatives, commémoratives ou de propagande, tels Le Jeu chronologique (1638), Le Jeu des François et des Espagnols pour la Paix (1660), Le Jeu du Blason, par Nicolas de Fer, géographe de Sa Majesté Catholique (1680), ou encore Le Jeu de la sphère ou de l’univers selon Tyco Brahé (1661), Le Jeu du Canal royal (1682). La veine ne s’est pas tarie jusqu’à nos jours. »
Jeux nouveaux, jeux renouvelés / Thierry Depaulis
« Les origines du jeu de l'oie sont difficiles à cerner. La plus ancienne trace assurée d'un tel jeu est constituée par un petit manuel du courtisan publié par Alonso de Barros à Madrid en 1587 : La Filosofia cortesana moralizada. Il s'agit du livret d'instructions pour un jeu de parcours (spiralé ?) à 63 cases, dont malheureusement le tablier est perdu. Mais les principes généraux – cases bénéfiques et maléfiques, obligation d'arriver exactement sur la dernière case – et la présence de deux dés sont bien ceux du jeu de l'oie. Deux ans plus tard, en 1589, l'archiduc Charles d'Autriche fait graver sur pierre pour ses enfants un vrai jeu de l'oie (canonique), mais sous le nom de Das khurtzweillige Fortuna-Spill (Graz, Landesmuseum Johanneum). Les archives des Stationers de Londres enregistrent le 16 juin 1597 le dépôt, par l'éditeur John Wolfe, de « the newe and most pleasant game of the goose », un titre qui semble traduit littéralement de l'italien. L'année suivante, c'est à Paris qu'est mentionné, dans l'inventaire après décès de l'imprimeur et éditeur d'estampes parisien Jean (II) de Gourmont, un « jeu de l'oye prisé... 1 livre ». Enfin, ce qu'il faut bien considérer à ce jour comme le plus ancien jeu de l'oie classique connu est celui qu'impriment et signent, sans doute en 1599 ou en 1600, les héritiers de Benoît Rigaud à Lyon. Ce Jeu de l'oye, renouvellé des Grecs, jeu de grand plaisir, comme aujourd'huy princes & grands seigneurs le pratiquent, est aujourd'hui conservé à la Herzog-August Bibliothek de Wolfenbüttel (Allemagne).
Dès lors, les témoignages se multiplient, tant en Italie qu'en Allemagne (les plus nombreux) ou en France. Plusieurs d'entre eux semblent indiquer une origine italienne, et la remarque de Pietro Carrera, dans son traité Il Gioco degli scacchi (Militello, 1617), qui situe l'apparition du jeu de l'oie à Florence sous le règne du grand-duc François de Médicis (1574-1587), semble assez juste. On sait par le Journal d'Héroard, son médecin, que Louis XIII aimait beaucoup ce jeu. Les princes allemands, notamment le duc Auguste de Brunswick-Lunebourg, commandent aux artisans d'Augsbourg de précieuses boîtes à jeux contenant un jeu de l'oie en marqueterie. En 1654, le premier recueil de règles de jeu français, La Maison academique contenant un recueil general de tous les jeux divertissans pour se rejouyr agreablement dans les bonnes compagnies, donne les règles complètes du jeu et de quelques-unes de ses variantes. Le jeu devient alors assez populaire pour susciter des imitations à forte saveur idéologique. »
Jeu de l’oie / Thierry Depaulis (in Encyclopaedia Universalis)
Enfin, certains voient également, dans ce jeu, une signification ésotérique :
« Le noble jeu de l’Oie, renouvelé des Grecs, est un jeu initiatique comme le tarot. Il possède 63 cases (9*7) qui représentent les différentes étapes de la vie humaine. L’oie symbolise l’âme humaine destinée à devenir sur la dernière case le cygne, hamsa, symbole indien de la libération karmique. »
Les symboles universels / Jean Prieur
Bonne journée
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter