rites funéraires
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 23/11/2016 à 16h11
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Question d'origine :
Bonjour,
Est-ce qu'il existe un rite funéraire dans toutes les civilisations ?
Est-ce une "pratique" universelle ?
Existe-t-il des rites partagés par toutes les civilisations ?
En vous remerciant,
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/11/2016 à 11h04
Bonjour,
Dans Les rites de l’au-delà, Jean-Pierre Mohen « situe le moment vers 100000 ans où des hommes inventent les premiers rites funéraires. Il y avait longtemps que les outils étaient fabriqués (2,5 millions d’années) et que le feu était contrôlé (500000 ans) par des ancêtres de l’homme. Celui-ci dans sa forme biologique moderne apparaît au même moment que les premières sépultures, que l’utilisation de la couleur, l’ocre, dont il fera quelques millénaires plus tard des dessins dans les grottes.L’opération culturelle complexe que représente la sépulture semble donc liée à la forme définitive de l’évolution du cerveau et elle représente la forme culturelle la plus élaborée qui distingue l’homme de toute autre espèce vivante , car lui seul sait construire un projet pour l’au-delà, transmis dans les tombes par des positions « théâtrales » et des offrandes. »
Il dégage quatre thèmes qui résument les fonctions essentielles des rites de l’au-delà :
« - Letout social est manifeste chez les aborigènes australiens rencontrés par C. P. Mountford. Tout le groupe joue, dans une vraie scénographie théâtrale, le drame collectif de la mort de l’un d’entre eux jusqu’à la résurrection sociale de l’un après l’autre. Le tout social se retrouve dans tous les rites de l’au-delà.
- Ledon total est l’expression privilégiée de la mentalité symbolique. Les rites de l’au-delà consistent en un échange entre les vivants et les morts. Ce processus symbolique est évident avec les offrandes de papier d’Extrême-Orient. Il a été particulièrement bien étudié à partir du potlatch indien des Tlingit de l’Alaska.
- Lamaîtrise du temps mythique et du temps réel est un thème plus complexe. Avec l’exemple du Vanuatu nous abordons la portée du temps mythique et le rôle de la mort du héros à l’origine du mythe. Avec les habitants du Sepik en Nouvelle-Guinée, chaque période de la vie exige un traitement symbolique particulier tandis que les Berawan de Bornéo intègrent leur intuition de chaque instant au dialogue avec les êtres de l’au-delà.
- Ladimension spirituelle est présente dans toutes les cérémonies ayant trait aux défunts. Elle est indispensable pour donner un sens à tout acte de vie, qu’il s’agisse de la naissance ou de la mort. Elle exige une initiation, c’est-à-dire un apprentissage ou le recours à un médium. Nous avons ce cas avec les Trobriandais. Avec Le Livre tibétain des morts, nous comprenons la nécessité fréquente d’un support concret (livre ou statue ou objet de culte) au développement de la pensée abstraite et spirituelle. Celle des Yoruba du Brésil nous a paru l’une des plus élaborées. Elle permet de comprendre que la dimension spirituelle est soutenue par une vraie pensée avec sa logique et sa profondeur, la pensée symbolique. »
Il s’intéresse également à l’analyse de R. Hertz qui établit unetriple relation entre les vivants, le cadavre et l’âme et l’apport des rites de l’au-delà : l’horreur qu’inspire le cadavre aux vivant trouve une explication propre à chaque communauté (raisons sociologiques plutôt que naturelles) et entraîne un certain nombre de pratiques rituelles comme la destruction par le feu, la conservation par momification ou la substitution du corps grâce à l’effigie.
La séparation entre le cadavre et l’âme sont aussi une source de crainte : « la menace lors de cette phase d’abandon du corps et de transition est très grande car si l’âme, partie spirituelle de la personne, ne réussit pas son intégration dans l’au-delà, elle vagabonde malheureuse, revient dans son cadavre qui la rejette et inquiète les vivants responsable de cet échec. » D’où l’ordonnance de rites d’apaisement et de libération du mort.
L’anthropologie observe des rites funéraires partout dans le monde, ce qu’illustre l’ouvrage de Philippe Charlier : Enquête d’ailleurs : frontières du corps et de l’esprit. Cela tend à confirmer le caractère universel de ces pratiques et de leur importance symbolique.
Pour aller plus loin :
- Mort et immortalité : de la préhistoire au Moyen Age, Myriam Philibert
- L'homme et la mort, Edgar Morin
- Comment nos aïeux apprivoisaient la mort, Brigitte Rochelandet-Ottignon
Bonne journée.
Dans Les rites de l’au-delà, Jean-Pierre Mohen « situe le moment vers 100000 ans où des hommes inventent les premiers rites funéraires. Il y avait longtemps que les outils étaient fabriqués (2,5 millions d’années) et que le feu était contrôlé (500000 ans) par des ancêtres de l’homme. Celui-ci dans sa forme biologique moderne apparaît au même moment que les premières sépultures, que l’utilisation de la couleur, l’ocre, dont il fera quelques millénaires plus tard des dessins dans les grottes.
Il dégage quatre thèmes qui résument les fonctions essentielles des rites de l’au-delà :
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Il s’intéresse également à l’analyse de R. Hertz qui établit une
La séparation entre le cadavre et l’âme sont aussi une source de crainte : « la menace lors de cette phase d’abandon du corps et de transition est très grande car si l’âme, partie spirituelle de la personne, ne réussit pas son intégration dans l’au-delà, elle vagabonde malheureuse, revient dans son cadavre qui la rejette et inquiète les vivants responsable de cet échec. » D’où l’ordonnance de rites d’apaisement et de libération du mort.
L’anthropologie observe des rites funéraires partout dans le monde, ce qu’illustre l’ouvrage de Philippe Charlier : Enquête d’ailleurs : frontières du corps et de l’esprit. Cela tend à confirmer le caractère universel de ces pratiques et de leur importance symbolique.
- Mort et immortalité : de la préhistoire au Moyen Age, Myriam Philibert
- L'homme et la mort, Edgar Morin
- Comment nos aïeux apprivoisaient la mort, Brigitte Rochelandet-Ottignon
Bonne journée.
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