Assumer son genre non binaire dans la société
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 08/11/2016 à 14h15
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Question d'origine :
Comment je suis censé.e réagir face à un hétéro cis blanc qui me demande ce que j'ai dans le pantalon pour me genrer lorsque je lui renseigne mon genre, pronoms et accords, qu'il m'a lui-même demandé ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 10/11/2016 à 14h00
Bonjour,
Vous nous demandez comment vous êtes censé.e réagir. Il nous est difficile de vous donner des indications objectives en dehors de toute précision sur le contexte de l’interaction : professionnel, administratif, commercial, personnel…
C’est pourquoi notre réponse consiste en premier lieu en un rappel de bon sens qui semble échapper à votre interlocuteur. Personne n'est en droit de demander à qui que ce soit « ce qu’elle / il / ille / el a dans le pantalon, le pagne, la robe, le short, la burqa, le kilt, etc.». Cette allusion directe aux organes génitaux et à l’intimité de la personne est a priori déplacée et perturbante quel que soit le contexte.
Cette personne n’est pas plus légitime à vous tenir ce « genre » de propos que vous ne le seriez à lui demander de prouver objectivement son propre genre et /ou sa propre orientation sexuelle.
Si le cadre de l’interaction exigeait impérativement la présentation de documents administratifs officiels ou de pièces d’identité, ces dernières ne permettant pas en France d’alternative aux seules deux options H/F, votre interlocuteur aurait dû simplement s’y reporter quelle qu’ait pu être sa perception personnelle de votre genre, de ce que vous en exprimez, et s’abstenir de toute remarque au sujet de votre personnalité ou de votre physique.
En dehors de démarches requérant ces pièces et sans plus de précisions, nous ne pouvons envisager ex nihilo les difficultés concrètes auxquelles cette « exigence » aberrante de votre interlocuteur vous a confronté.e et les mesures à envisager.
Si, comme malheureusement de nombreuses personnes se situant en dehors de la dichotomie traditionnelle de genre, vous êtes victime de violences ou de brimades de diverses natures, nous vous invitons à vous rapprocher d’associations, queer et LGBT notamment, qui ont l’expérience de ces discriminations et pourront vous conseiller sur les éventuelles suites à donner. Ne connaissant pas votre situation géographique, il nous est là encore difficile de vos orienter précisément.
Du côté des organismes officiels, la discrimination de genre étant désormais inscrite dans un cadre légal, vous pouvez notamment vous adresser auDéfenseur des droits .
Votre question mentionnant l’usage de pronoms et accords, nous profitons de cette occasion pour donner l’illustration d’évolutions certes lentes et encore parcellaires, mais amorcées dans le domaine institutionnel de la lutte contre les stéréotypes et rôles sociaux. Ainsi Le 2 novembre dernier sortait en librairie leGuide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe publié par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.
Enfin, permettez-nous cette remarque de fond sur ce que révèle votre question elle-même de la prégnance culturelle et épistémologique du dispositif catégoriel en dehors duquel vous vous situez : en catégorisant à votre tour votre interlocuteur d’« hétéro cis blanc », vous semblez appliquer une grille de lecture augmentée (« cis ») dont la logique classificatoire s’enracine dans la même matrice de pensée (issue de la sexologie du XIXe siècle, voir en particulierRichard Von Krafft-Ebing ). Ceci tant il nous est difficile, sinon impossible, de nous abstraire d’un langage / « discours » (au sens Foucaldien d’univers de contraintes) y compris pour le critiquer.
Vous nous demandez comment vous êtes censé.e réagir. Il nous est difficile de vous donner des indications objectives en dehors de toute précision sur le contexte de l’interaction : professionnel, administratif, commercial, personnel…
C’est pourquoi notre réponse consiste en premier lieu en un rappel de bon sens qui semble échapper à votre interlocuteur. Personne n'est en droit de demander à qui que ce soit « ce qu’elle / il / ille / el a dans le pantalon, le pagne, la robe, le short, la burqa, le kilt, etc.». Cette allusion directe aux organes génitaux et à l’intimité de la personne est a priori déplacée et perturbante quel que soit le contexte.
Cette personne n’est pas plus légitime à vous tenir ce « genre » de propos que vous ne le seriez à lui demander de prouver objectivement son propre genre et /ou sa propre orientation sexuelle.
Si le cadre de l’interaction exigeait impérativement la présentation de documents administratifs officiels ou de pièces d’identité, ces dernières ne permettant pas en France d’alternative aux seules deux options H/F, votre interlocuteur aurait dû simplement s’y reporter quelle qu’ait pu être sa perception personnelle de votre genre, de ce que vous en exprimez, et s’abstenir de toute remarque au sujet de votre personnalité ou de votre physique.
En dehors de démarches requérant ces pièces et sans plus de précisions, nous ne pouvons envisager ex nihilo les difficultés concrètes auxquelles cette « exigence » aberrante de votre interlocuteur vous a confronté.e et les mesures à envisager.
Si, comme malheureusement de nombreuses personnes se situant en dehors de la dichotomie traditionnelle de genre, vous êtes victime de violences ou de brimades de diverses natures, nous vous invitons à vous rapprocher d’associations, queer et LGBT notamment, qui ont l’expérience de ces discriminations et pourront vous conseiller sur les éventuelles suites à donner. Ne connaissant pas votre situation géographique, il nous est là encore difficile de vos orienter précisément.
Du côté des organismes officiels, la discrimination de genre étant désormais inscrite dans un cadre légal, vous pouvez notamment vous adresser au
Votre question mentionnant l’usage de pronoms et accords, nous profitons de cette occasion pour donner l’illustration d’évolutions certes lentes et encore parcellaires, mais amorcées dans le domaine institutionnel de la lutte contre les stéréotypes et rôles sociaux. Ainsi Le 2 novembre dernier sortait en librairie le
Enfin, permettez-nous cette remarque de fond sur ce que révèle votre question elle-même de la prégnance culturelle et épistémologique du dispositif catégoriel en dehors duquel vous vous situez : en catégorisant à votre tour votre interlocuteur d’« hétéro cis blanc », vous semblez appliquer une grille de lecture augmentée (« cis ») dont la logique classificatoire s’enracine dans la même matrice de pensée (issue de la sexologie du XIXe siècle, voir en particulier
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