Question d'origine :
Quels sont les grands coiffeurs en Europe au début du XIXè siècle ?
Merci pour votre réponse
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/08/2016 à 09h14
Bonjour,
Voici quelques extraits de l'ouvrage intitulé Histoire de la coiffure et des coiffeurs dans lequel Paul Gerbod présente les coiffeurs les plus en vogue du début XIXe siècle, principalement français, mais aborde également la mode européenne :
Dans les premières années du XIXe siècle, jusqu'à la chute définitive de l'Empire napoléonien, en 1815, une pléiade de coiffeurs parisiens impose ses créations à la cour comme à la ville, faisant école dans les capitales de l'Europe asservie.Richon coiffe la « merveilleuse » Juliette Récamier. Duplan est le coiffeur attitré de Joséphine de Beauharnais, arbitre des élégances consulaires puis impériales. La postérité a également retenu d'autres noms d'artistes talentueux et à la mode comme Victor Plaisir, Guillaume, Joly, Sébastien Le Blond, Michalon, Albin, Hippolyte, Harmant et surtout Bertrand .
Ce dernier est considéré comme le coiffeur le plus adroit et le plus inventif, capable de faire renaître, sous son peigne, les belles de l'Antiquité, à partir de la coiffure à la Titus. Tantôt il découvre le front, tantôt il l'ombre de mèches folles; ses évocations vont de Messaline à Mme de Sévigné, en s'inspirant des gravures de la bibliothèque impériale, des statues du Louvre, des émaux de Petitot. Chacune de ses coiffures serait le résultat de journées entières de recherches, de réflexion, de mises au point.
L'Almanach des modes, quelque peu ironique, précise en 1814 queMarchand , un autre coiffeur fort prisé dans les milieux élégants, n'est pas disponible avant 16 heures car il passe toutes ses matinées au Muséum à faire des études d'après l'antique.
Autre rival de Bertrand,Harmant , dit « le Professeur », créateur de la coupe à l'Enfant ; en 1814, cet artiste a, depuis le début du Consulat, coupé les cheveux de tous les élégants de la capitale ainsi que ceux des étrangers de passage, et ses mains magiques ont coiffé les têtes les plus célèbres. Invincible, il fait le désespoir de ses confrères, qui, à plusieurs reprises, annoncent sa mort, tout heureux de voir disparaître un concurrent aussi dangereux.
Hippolyte , vers 1810, apparaît également comme un artiste fort célèbre et très recherché dans le monde élégant de la capitale.
Quant àBertaud , qui officie rue Vivienne, vers 1808, il a lui aussi étudié « les plus riches modèles de l'Antiquité, et toutes les belles têtes grecques et romaines sont dans sa tête »; il s'est même fait initier « à tous les mystères de la doctrine du docteur Gall » (le célèbre phrénologue allemand) et il peut ainsi réaliser sur la tête des dames « les bosses de la pudeur, de l'humanité ou de la modestie ». Il est en mesure, pour les hommes, d'inventer toutes sortes de raies du crâne pour séparer les cheveux (l'une d'elles est appelée « route de Coblence », allusion politique à la route qu'empruntaient les émigrés au début de la Restauration).
En 1815, on recense une vingtaine de coiffeurs dont la réputation est solidement établie dans Paris. On compte également dans la capitale, beaucoup plus anonymes et ignorés, 1100 perruquiers et coiffeurs, soit environ un coiffeur pour 700 habitants.
Dans les capitales européennes, des talents se sont imposés, de Londres à Saint-Pétersbourg en passant par Vienne. À Londres exercent des maîtres coiffeurs comme Bowen, Blake (« qui ne toucherait pas un cheveu pour moins d'une guinée », note l'Almanach des modes) et surtout Dauthemare , d'origine française, déjà connu avant 1789 et qui a su, depuis lors, garder toute sa réputation et son aristocratique clientèle.
[...]
Après le congrès de Vienne, en 1815, la mode s'ouvre sur l'Europe. La mode parisienne donne le ton mais doit compter sur les goûts anglais (surtout sensibles dans l'habillement) et sur le rôle inédit joué par Vienne, capitale de l'empire d'Autriche. À la veille du sacre de Charles X, pour lequel soixante-quinze coiffeurs auraient été requis,Hippolyte est envoyé à Londres pour s'informer de la mode anglaise et, depuis 1816, la Wiener Modem Zeitung s'efforce de diffuser, dans les capitales européennes, le style viennois. Ce sont néanmoins quelques coiffeurs parisiens qui se montrent les plus inventifs et font école en Europe et même hors d'Europe. Ils incarnent, chacun à leur manière, ce qu'on appellera, au siècle suivant, la haute coiffure. Certains ont déjà connu la notoriété sous l'Empire mais de nouveaux talents sont nés.
Les voici cités à l'ordre de la haute coiffure parisienne par diverses revues de mode comme le Journal des dames ou l'Observateur des modes, telsVictor Plaisir, Hippolyte jeune, Frédéric, Michalon, Tellier, Charbonnier, Caron, Bisard, Bisoard, Glénisson et Croisât , lequel en 1826, crée une coiffure en hauteur soutenue par une carcasse en fer, dite à la Girafe. Cet animal était en effet fort à la mode depuis qu'il avait été introduit, pour la première fois en France, au Jardin d'acclimatation. Pour ce haut fait, Croisât sera surnommé par la suite « le Napoléon de la coiffure ». [...]
De son côté, le célèbreFouché sait, avec « promptitude et légèreté », mettre une coupe de cheveux « en rapport avec l'expression et la forme de votre visage, avec le caractère de votre tête et même avec l'état que vous exercez ».
Deflers , rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, est connu pour ses Antinous et Saint-Martin pour ses implantés en tout genre, perruques et toupets.
Villaret , coiffeur de leurs majestés le roi et la reine de Bavière, est l'auteur d'un manuel intitulé les Métamorphoses de la chevelure ou Moyens hygiéniques de se préserver de ses cheveux blancs et de se délivrer des cheveux roux ainsi que d'un opuscule « révolutionnaire », l'Art de se coiffer soi-même.
Hippolyte (de son véritable nom Moncheaux, et dont le fils a également conquis une notoriété certaine en embrassant la même profession que son père), qualifié de « Dieu » par La Mésangère, rédacteur en chef du Journal des dames, apparaît comme le plus créatif et le plus politique aussi. Il est l'auteur de turbans inédits, du foulard écossais, du fameux peigne Caroline - allusion à Marie-Caroline, duchesse de Berry, belle-fille de Charles X et personnalité marquante de la Restauration - et des chignons grecs. Depuis le soulèvement de la Grèce en 1821, le philhellénisme, en effet, imprègne profondément les arts et la littérature en France. Mais Hippolyte a-t-il toutefois la réputation d'un Nardin ou d'un Normandin , si recherchés dans la haute société ?
[...]
Dans les années 1830, les coiffeurs sont encore nombreux à Paris, en dépit d'une diminution de la clientèle aristocratique, due au contexte politique (monarchie de juillet). On retrouve ainsi lesNormandin, les Mariton, les Nardin et les Croizat de l'époque de la Restauration.
Mais de nouveaux talents s'imposent, commeMichalon jeune (neveu du célèbre Michalon qui coiffa les têtes les plus célèbres des années 1820-1830), Mailly, Lecomte (qui officie rue Taitbout) et Ferdinand Hamelin, qui fait connaître ses nouveaux modèles dans le Bon Ton, le Courrier des salons, et le Journal des modes.
Nous vous laissons poursuivre la lecture de cet ouvrage très complet dans son intégralité.
Vous pouvez également consulter :
- La vraie histoire de la coiffure : du salon de quartier au podium / Julien Thivin
En page 89, on trouve un portrait de Ferdinand Croizat, le "Napoléon de la coiffure", qui fonda l'académie de coiffure en 1836 et lança la première revue professionnelle de la coiffure "Cent et un coiffeurs".
- La Mode dans la coiffure des Français : la norme et le mouvement, 1837-1987 / Vincent Chenille
Les grands noms de la coiffure au XIXe siècle y sont également cités.
Bonne journée.
Voici quelques extraits de l'ouvrage intitulé Histoire de la coiffure et des coiffeurs dans lequel Paul Gerbod présente les coiffeurs les plus en vogue du début XIXe siècle, principalement français, mais aborde également la mode européenne :
Dans les premières années du XIXe siècle, jusqu'à la chute définitive de l'Empire napoléonien, en 1815, une pléiade de coiffeurs parisiens impose ses créations à la cour comme à la ville, faisant école dans les capitales de l'Europe asservie.
Ce dernier est considéré comme le coiffeur le plus adroit et le plus inventif, capable de faire renaître, sous son peigne, les belles de l'Antiquité, à partir de la coiffure à la Titus. Tantôt il découvre le front, tantôt il l'ombre de mèches folles; ses évocations vont de Messaline à Mme de Sévigné, en s'inspirant des gravures de la bibliothèque impériale, des statues du Louvre, des émaux de Petitot. Chacune de ses coiffures serait le résultat de journées entières de recherches, de réflexion, de mises au point.
L'Almanach des modes, quelque peu ironique, précise en 1814 que
Autre rival de Bertrand,
Quant à
En 1815, on recense une vingtaine de coiffeurs dont la réputation est solidement établie dans Paris. On compte également dans la capitale, beaucoup plus anonymes et ignorés, 1100 perruquiers et coiffeurs, soit environ un coiffeur pour 700 habitants.
Dans les capitales européennes, des talents se sont imposés, de Londres à Saint-Pétersbourg en passant par Vienne. À Londres exercent des maîtres coiffeurs comme
[...]
Après le congrès de Vienne, en 1815, la mode s'ouvre sur l'Europe. La mode parisienne donne le ton mais doit compter sur les goûts anglais (surtout sensibles dans l'habillement) et sur le rôle inédit joué par Vienne, capitale de l'empire d'Autriche. À la veille du sacre de Charles X, pour lequel soixante-quinze coiffeurs auraient été requis,
Les voici cités à l'ordre de la haute coiffure parisienne par diverses revues de mode comme le Journal des dames ou l'Observateur des modes, tels
De son côté, le célèbre
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Dans les années 1830, les coiffeurs sont encore nombreux à Paris, en dépit d'une diminution de la clientèle aristocratique, due au contexte politique (monarchie de juillet). On retrouve ainsi les
Mais de nouveaux talents s'imposent, comme
Nous vous laissons poursuivre la lecture de cet ouvrage très complet dans son intégralité.
Vous pouvez également consulter :
- La vraie histoire de la coiffure : du salon de quartier au podium / Julien Thivin
En page 89, on trouve un portrait de Ferdinand Croizat, le "Napoléon de la coiffure", qui fonda l'académie de coiffure en 1836 et lança la première revue professionnelle de la coiffure "Cent et un coiffeurs".
- La Mode dans la coiffure des Français : la norme et le mouvement, 1837-1987 / Vincent Chenille
Les grands noms de la coiffure au XIXe siècle y sont également cités.
Bonne journée.
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