Question d'origine :
Bonjour,
sait-on de quand date le tout-à-l'égoût à Lyon ? Les immeubles de Tony Garnier dans le quartier des Etats-Unis en étaient-ils dotés ?
Merci beaucoup
Cicerone
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 22/06/2016 à 14h13
Dans l’article Du tout à l’égoût à Lyon de M. Delore, on peut lire :
(…) M. Résal proposa en 1897 l’application du « tout à l’égout » à Lyon après un voyage d’étude dans les principales villes d’Europe et après un séjour à Paris, où tous les ingénieurs ses collègues sont partisans avérés de ce mode d’évacuation (…)
Vous pourriez lire l’article de M. Résal de 7 pages à la BM de Lyon ainsi que cette thèse :
L’égout, patrimoine urbain : l’évolution dans la longue durée du réseau d’assainissement de Lyon par Franck Scherrer, éd. 1992 dont voici quelques extraits :
(…) Comment situer une « problématique lyonnaise » au regard de ce modèle parisien de ses tenants et aboutissants ? Un premier indice nous est donné par la signification réelle d’une date, 1854, qui dans tous les descriptifs postérieurs du réseau jusqu’à aujourd’hui a été adoptée et reprise comme date de fondation du réseau d’égouts à Lyon.
A Paris, une loi du 10 juillet 1894 impose le tout-à l’égout dans toute la capitale, et contraint la ville à assurer le traitement des effluents en l’autorisant à contracter un emprunt extraordinaire gagé sur une taxe immobilière de vidange.
(…) Si l’on part de la situation actuelle qui est celle d’un tout à l’égout riverain dans l’agglomération lyonnaise, on ne peut identifier un quelconque moment où la décision d’une telle imposition a été officiellement prise, à l’instar de la décision de principe de la Ville de Paris en 1882. On peut en revanche reconstituer sur près d’un siècle une succession de textes réglementaires et d’arrêtés dérogatoires de portée généralement partielle et parfois contradictoire, faisant passer d’un état d’interdiction à celui d’obligation normative, sans qu’aucun d’eux pris isolément n’apparaisse décisif.
(…) Avant 1914, la question du tout-à-l’égout est officiellement réglée de la façon suivante : il n’est pas réalisable hic et nunc en l’état du réseau, d’où son interdiction par le règlement sanitaire de 1909. Mais depuis l’étude de l’assainissement général de Lyon d’E. Resal, la réalisation du tout-à-l’égout est de l’ordre du projet technique, et s’inscrit à l’horizon d’une transformation ou recréation complète ou partielle du réseau d’égouts.
(…) au bout du compte, le tout à l’égout passe du statut d’usage singulier et transitoire à celui de norme réglementaire permanente sans que l’on puisse dire à partir de quand cette transformation se produit.
(…) Dès lors, l’arrêté municipal de 1961, pris en application de l’ordonnance de 1958, qui rend obligatoire le branchement direct des immeubles dans les rues pourvues d’égouts revient à une légalisation par défaut du tout à l’égout dans la ville de Lyon.
Un tableau, page 176, présente les 6 principaux plans et projets d’assainissement de l’agglomération lyonnaise de 1894 à 1970.
(...) Le problème de la continuité dans la longue durée pourrait être interprété dans un modèle cyclique : un long cycle commençant peu après le IIe Empire avec les premiers dysfonctionnements révélateurs d’une polyvalence d’usage du réseau d’égout et se terminant par la mise en place du réseau d’assainissement unitaire dans les années 70 ; un nouveau cycle commençant dans la période actuelle dont on ne peut présumer encore la temporalité. (...)
Chaque chapitre de la thèse contient une conclusion et une importante bibliographie.
Dans Cairn, vous pourriez consulter cet article dans lequel il est question de Lyon : Acteurs de l’assainissement urbain en France, fin XIXe -milieu XXe siècle.
A consulter également : cette réponse, et celle-ci.
En 1919, le schéma général du tout à l’égout est adopté par le conseil municipal. L’interdiction des fosses par arrêté municipal a lieu en 1961. C’est seulement en 1972 avec la création de la station d’épuration de Pierre-Bénite que les égouts cessèrent de se déverser dans le Rhône et la Saône. Extrait de la bande dessinée : le Merdoduc
Dans l’ouvrage de Gérard Bertolini et Gabriel Meunier : Le Grand Lyon et les déchets : des équevilles aux déchets ultimes, on peut lire entre autres, à propos des égouts :
(...) A Lyon, le premier réseau d’égouts et collecteurs digne de ce nom n’a été construit qu’entre 1854 et 1870, à partir d’embryons de canalisations plus anciennes (et en exceptant les quelques réalisations de la période romaine, qui avait largement disparu) ; en 1870, il ne représentait encore que 80 kilomètres de linéaire. La ville en est l’opérateur. Les égouts ne sont guère présents que dans les rues de la ville traditionnelle et il n’y a rien ou presque sur la rive gauche du Rhône. Le grand collecteur de la rive gauche ne sera construit qu’en 1937 (...)
C’est en 1931 que sont inaugurés les immeubles de Tony Garnier dans le quartier des Etats-Unis. Les premiers locataires s’installent le 1er juillet 1933.
Vous pourriez consulter :
- Sur le site du Grand Lyon, le dossier Construction de l’égout collecteur de la rive gauche du Rhône, 1897-1973
- l’article de Claire Berthet dans la base Persée intitulé : Des bâtisseurs aux habitants : le quartier en question : les Etats-Unis à Lyon (1917-1939).
- Genèse et métamorphose d’un territoire d’agglomération urbaine : de Lyon au Grand Lyon par Franck Scherrer
Dans notre catalogue, à propos du quartier des Etats-Unis.
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