Question d'origine :
existe-t-il des estimations sur la population de la Gaule avant la conquete romaine, le nombre et les raisons de son déclin après (extermination, famine, deportation d'esclaves, epidemies, ou autres...)
j'ai lu quelque part que 60% de la population avait disparu après la conquête. Est-ce credible?
la population a-t-elle été durablement diminuée, ou s'est-elle reconstituée rapidement dans la Gaule gallo-romaine?
merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 03/05/2005 à 10h58
L’article Population du Dictionnaire historique de la Gaule p 574, nous permet d’entrevoir qu’un réponse simple à votre question n’est pas évidente.
Au temps de la guerre des Gaules, il y avait entre
« La Gaule compte une soixantaine de peuples, une vingtaine de grands et une quarantaine de petits.
« La Gaule est occupée par de nombreux peuples d’importance différente ; les plus grands d’entre eux comptent environ
(…)
L’article sur la Guerre des Gaules, p 347 :
On appelle ainsi la période qui opposa l’ensemble de la Gaule aux légions romaines commandées par Jules César. Elle commença avec l’arrivée du consul en Gaule transalpine et dura sept années.
César rédigea ses Commentaires sur la guerre des gaules (De bello Gallico) retraçant la conquête de la Gaule en sept livres. César imposa à la Gaule ruinée un tribut relativement modeste de 40 millions de sesterces.
« Au cours de moins de dix ans de guerre en Gaule, César prit de vive force plus de
«
(…)
Pour approfondir, consultons l‘ Histoire de la population française : Des origines à la Renaissance
P65 et suivantes
C Julian commence le volume V de son irremplaçable Histoire de la Gaule , où il présente la civilisation gallo-romaine : Etat matériel, par un chapitre consacré à la population . Il souligne d’emblée les difficultés d’une étude sur la civilisation gallo-romaine en invoquant par exemple
La situation a-t-elle foncièrement changé depuis ces pages écrites en 1920 ? Il ne semble guère à constater le silence inquiétant pour la période antique de l’histoire de la France rurale où le terme démographie ne s’applique , dans le Tome 1, qu’aux siècles médiévaux du VI° eu XIV°, alors que peuplement et migrations n’ont inspiré aucune page à Marcel Le Glay , auteur de la Gaule Romanisée ?
(…)l’historien de l’Antiquité ne peut que présenter un exposé éclaté et incomplet sous forme d’un bilan , nous éloignant de toute ambition quantitative pour privilégier une vision qualitative de la population en ses composantes. (…)
« Or les sources antiques nous livrent des chiffres absolus, surtout ceux des guerriers que les Romains et en particulier César eurent à vaincre. Le démon des chiffres et des statistiques s’est emparé des auteurs antiques , non pour sacrifier au goût de la précision mais pour manipuler la réalité au gré de leurs ambitions et de leur idéologie. Les Modernes se sont mal défendus contre les pièges que les auteurs anciens leur tendaient. Saurons-nous jusqu’au bout l’éviter, le pouvons-nous à vrai dire tant le langage mathématique répond à une exigence de clarté et nous distille sa propre idéologie.
« Première interrogation : combien d’habitants vivaient sur le territoire de la France antique , soit en 52 av. J.C, au temps de César ? Premières difficultés aussi car l’évaluation du nombre des guerriers semble avoir excité les auteurs antiques qui nous offrent pêle-mêle des chiffres soit des mobilisés ou des tués au combat : chez les Belges, Arvernes et Helvètes, 300 000 hommes seraient en état de porter des armes, les armées arvernes rassembleraient environ 200 000 hommes ; dans leur guerre contre César , 400 000 Hélvètes périrent et 8 000 hommes réchappèrent ! Plus précisément Diodore de Sicile a opéré un classement des peuples de Gaule : les plus grands seraient ceux qui étaient capables d’aligner 200 000 guerriers, les plus petits n’en mobiliseraient que 50 000
A nous en tenir à ces premiers chiffres , comment ne pas les considérer comme fortement exagérés ? Un conquérant qui a besoin pas ses communiqués de guerre de manipuler l’opinion des Romains , n’a-t-il pas tendance à gonfler le chiffre de ses ennemis pour tirer de ses victoires une gloire supplémentaire et passer surtout pour l’indispensable sauveur ? On peut donc révoquer en doute les listes de chiffres données par César, encore que l’on puisse tirer des indications précieuses de certains de ces renseignements.
(…) Nous pouvons , en raisonnant sur certains cas précis, découvrir non pas des chiffres absolus de population, mais le rapport entre mobilisés et mobilisables.
Pour aboutir à des résultats globaux , les savants sont passé à une série de calculs pour déterminer un chiffre de densité, variable selon la fertilité du sol, le progrès économique et le niveau de culture.
«
Chifffre quel l’on retrouve P46 du même ouvrage
Pour nous résumer, si la Gaule n’avait compté que 3 000 000 d’habitants comme on l’a soutenu parfois, il est peu vraisemblable qu’elle ait pu s’opposer pendant 8 ans aux légions bien équipés et bien entraînées que César a dû porter de 6 à 8 jusqu’ à 11( c'est-à-dire de 36 000 à 66 000 hommes). Mais si elle avait eu 20 0000 000 d’habitants _et certains en ont fait l’hypothèse_ les défrichements comme au XIII° siècle auraient été beaucoup plus étendus et les paysages beaucoup plus humanisés qu’ils n’apparaissent dans le Bellum Gallicum. Tous comptes faits, nous obtenons un peu près [B]6 800 000 habitants [/B](plus ou moins 500 000) sur le territoire actuel de la France. Cette estimation faite d’après les données de César est assez éloignée des deux extrêmes cités pour avoir quelque vraisemblance.
Enfin, pour conclure, on peut lire dans Histoire de la Gaule p 471
César parti, le silence revint mais c’était celui des nécropoles. Démographiquement, le Gaule en avait maintenant pour plusieurs décennies avant de retrouver cette belle santé de ses peuples qui ne pouvait qu’entretenir la jalousie des foules squelettiques de certains secteurs de la Méditerranée . Ce délai écoulé, elle risquait cependant de ne plus se reconnaître. Car si César conquérant des Gaules s’était montré quelques fois un véritable bourreau, César dictateur aspirait à la fusion harmonieuse des dominés dans un seul empire et entreprit à cette fin , une réelle modification du traitement des provinciaux. (…)
Alors dans un monde moins inégalitaire que d’autres où les esclaves ne furent jamais très nombreux (sauf peut-être dans les ville, notamment de Narbonnaise), doté de surcroît d’une démographie largement favorable, un mouvement considérable devenait possible.(…)Alors ce pays , qui n’était pas pauvre à l’arrivée des Romains, vit son « décollage « économique » assuré .
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