Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu dire qu'à la fin du XIX ième et début XXème siècle étaient à la mode des siffleurs et même des siffleuses dont le répertoire était classique. Ils étaient alors accompagnés d'un orchestre ou d'un piano. On dit même que certaines siffleuses étaient de véritables divas.
Qu'en était-il exactement et quel était leur répertoire ? S'agissait-il de transpositions ou d'oeuvres composées pour cet "instrument" ? Et dans ce cas où trouver de telles partitions ?
Merci pour votre site et votre réponse.
A. Leimbacher
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 28/04/2005 à 14h30
L’utilisation du sifffement dans le répertoire classique (on dit aussi Kunstpfeifen en allemand et artwhistling en anglais) remonterait à la Renaissance puis au Baroque, période pendant lesquelles il était utilisé principalement pour la musique instrumentale. Le sifflement est en fait tombé en disgrâce au moment où la voix, le chant prenait de plus en plus d’importance. Il était inconcevable de se passer de la voix notamment dans les genres musicaux narratifs (opéra…) au profit du sifflement. Il existe une brève étude sur l’utilisation du sifflement : « Une chanson à siffler au temps de Louis XIV » dans la Revue de musicologie de 1968 (tome 54, vol.1, pp. 102-105) qui étudie une chanson écrite en décembre 1710 par Michel de la Barre (1675-1745) (plus connu pour sa musique pour flûte) et publiée dans le Mercure galant, qui spécifie plusieurs fois, dans la partie chant, « il siffle » :
« le « sifflé » cesse ici d’être un jeu ou une acrobatie. Il est devenu moyen d’expression et sert à caractériser à la fois un personnage, sa désinvolture, son insouciance, son esprit de raillerie, et une situation. La perfection du résultat obtenu tient évidemment au fait que l’auteur a sû, avec un doigté très sûr, choisir un argument qui corresponde exactement à ce que le sifflé est capable d’exprimer ».
Mais à la fin du baroque, le sifflement tend à disparaître pour n’être plus utilisé que dans le vaudeville ou la chanson populaire. Néanmoins, on trouve trace d’une école pour « siffleurs » (appelés aussi Kunstpfeifer, artwhistler, siffleur classique, siffleur instrumental…) qui aurait été créée dans les années 1920 par Agnes Woodward : « sa méthode a été enseignée dans tout le pays, la plupart du temps par des professeurs de voix. Quelques siffleurs maitrîsaient 4 octaves. Quelques siffleurs ont appris à siffler 2 ou 3 notes simultanément, en harmonie » (pour lire tout l’article, cliquez ici).
Manifestement aucun compositeur historique n’a jamais écrit quoi que ce soit spécifiquement pour le sifflement. Par contre, il est vrai que le sifflement a pu être utilisé par des interprètes en remplacement de la voix, du hautbois, de la trompette, de la flûte et du violon sans que cela ne nécessite de transcriptions. Ainsi, le pianiste classique Andrew Rangell est connu pour avoir sifflé la partie de flûte du dernier mouvement de la « Sonate pour piano no.2 » de Charles Ives, cet exercice étant manifestement à la portée de beaucoup de musiciens classiques.
Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez consulter cet article (en anglais).
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