Soleil vert
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 21/04/2005 à 15h42
293 vues
Question d'origine :
Pouvez vous me donner le titre du film "Soleil vert" dans sa version anglaise.
Et un petit historique sur ce film me ferait enormement plaisir aussi.
Thanks.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/04/2005 à 16h11
Le titre original est Soylent Green qui désigne ces "plaquettes" fabriquées à partir des déchets humains recyclés et qui constituent la seule source de nourriture protéique...
Vous trouverez un article en ligne sur ce film sur le site Cine Horreur dont voici un extrait :
Soleil Vert est un film visionnaire à bien des égards : les maux annonciateurs de notre époque, tels le réchauffement de la planète, la nourriture, le travail, le pouvoir des nantis et l'indifférence à la pauvreté. Déjà dans les années 70, les préoccupations écologistes sont d'actualité, et Fleischer nous propose une œuvre brutale, pessimiste et sans concession. Un portrait bien sombre d'une société livrée à elle-même et manipulée.
Tout élément de vie végétale est quasiment éradiqué : la flore a disparu à l'exception de quelques arbres jalousement gardés sous une serre. La culture n'est pas en reste, les livres étant devenus extrêmement rares. Quand à la nourriture, elle est représentée ici comme le luxe absolu, responsable du chaos à venir...
Fleischer nous offre la vision de ce monde désolé à travers deux témoins : Sol, le vieillard a connu la vie avant : le plaisir de manger, le plaisir et la possibilité de lire, de s'instruire... Thorn, lui, ne connaît que le Soleil vert. Un contraste édifiant.
De scènes chocs à certaines, plus intimistes (la scène où Sol se rend au "foyer" est tout simplement bouleversante), Soleil vert nous livre son message définitif : un monde verdoyant et allégorique à jamais perdu.
Pour donner corps à ses personnages, le réalisateur a choisi deux immenses acteurs de l'âge d'or hollywoodien : Charlton Heston et Edward G.Robinson. De l'interprétation à la réalisation, tout dans ce film est magnifique, spectaculaire et de haute tenue.
Une des œuvres mythiques de la science fiction. A découvrir ou redécouvrir...
A lire aussi, cet article, très long et détaillé, sur ce site personnel, dont voici un extrait :
Son titre français renvoie davantage à la pollution atmosphérique qu’il ne traduit le titre original. Le « soylent » est un produit alimentaire de substitution imaginaire fabriqué à base de plancton : il n’est pas un soleil. Ce contresens n’est pas très grave mais il induit une fausse idée du film : on y voit quelques images d’extérieurs terrifiantes qui rendent physiquement palpable cet « air vert » que les hommes vont bientôt respirer mais le plus grave est la corruption morale engendrée par la situation. C’est l’âme des hommes qui est polluée autant que leur environnement. Avec au fond assez peu de plans « futuristes » au sens plastique du terme, Fleischer donne une vision réaliste, palpable, d’une ampleur sociologique comme psychologique terrifiante, de cette corruption à venir. Notons que les thèmes de la surpopulation comme celui, concomittant, illustré par le personnage de Robinson, de la limite d’âge condamnant à mort les vieillards, sont deux thème très classiques de la science-fiction ou de la politique-fiction futuriste en littérature : Richard Matheson les avait déjà unis dans son admirable nouvelle The Test [Le test] publiée en novembre 1954 aux USA et traduite en français seulement en… 1970 pour le compte de l’éditeur belge Marabout dans le cadre d’une belle anthologie parue dans sa bibliothèque de science-fiction intitulée Après… la guerre atomique.
Raymond Borde et Etienne Chaumeton l’avait brièvement mentionné dès 1979 : la structure de Soylent Green est bien celle d’un « film noir » policier simplement mais très rigoureusement transposée dans un futur très proche. Cette intuition juste mérite d’être développée : il y a, en effet, dans Soylent Green, un secret à découvrir et ceux qui le découvrent en meurent successivement les uns après les autres. Le policier – qui est le héros du film auquel le spectateur de 1973 est naturellement convié à s’identifier – a toujours un temps de retard dans sa quête de la vérité. Il l’atteindra plus mort que vif aux toutes dernières images du film. Structure similaire au fond à celle d’un The Maltese Falcon [Le faucon maltais] (USA, 1941) de John Huston mais surtout, pour son ampleur cosmologique, à Kiss Me Deadly [En quatrième vitesse] (USA, 1955) de Robert Aldrich. Le génie de Fleischer est d’avoir ordonné ce puzzle d’une manière si précise que non seulement le moindre élément y contribue à la révélation progressive du secret mais encore que l’ampleur de ce secret est telle que le spectateur refuse d’y croire jusqu’aux derniers instants : il lui faut pourtant, tout comme le héros auquel il est appelé à s’identifier, se rendre à l’évidence implacable du récit et découvrir « l’invraisemblable vérité » devenue alors terriblement avérée. C’est donc moins sur les effets spéciaux que sur les visages, les fragments de réalité « proche » qu’il filme si sobrement, que Fleischer s’appuie avec la sûreté des maîtres, pour révéler : un dévoilement aussi progressif mais aussi certain que la révélation d’un tirage photographique plongé dans son bain « révélateur ». La terreur, tout comme chez le producteur Val Lewton et des cinéastes comme Hitchcock ou Fritz Lang, repose sur une tension entre le connu et l’inconnu. Ce qui est caché au spectateur est, du début à la fin de Soylent Green, le moteur profond du film et sa puissance d’impression est d’autant plus forte.
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