Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai savoir si l'homosexualité est quelque chose qui est en nous à la naissance (génétique...) ou est-ce un phénomène généré par une culture?
Qu'est-ce qui fait que l'on soit homosexuel ou heterosexuel?
Si l'homosexualité est innée, comment s'expilque-t-elle biologiquement?
Si elle s'acquiert, peut-on parler d'un conditionnement culturel, d'un effet de mode?
Merci
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 15/04/2005 à 09h09
La question de l'origine génétique de l'homosexualité fait débat ; Doctissimo le résume comme suit :
L'homosexualité est-elle innée ou acquise ? Tour à tour associations gay et groupes de conservateurs s'emploient, pour des raisons qui, on s'en doute, ne sont pas les mêmes, à utiliser les différentes recherches sur cette question. Une nouvelle étude effectuée sur des jumeaux devrait relancer le débat.
Une équipe de chercheurs dirigée par le Docteur Kenneth Kendler du Medical College of Virginia vient de publier les résultats d'une recherche* qui montrerait une possible transmission génétique de l'homosexualité. Mais les données de l'étude restent pour le moins discutables.
Un échantillon quantitativement faible
Sur les 50 000 familles dont les données étaient rendues disponibles par la Foundation Midlife Development, l'équipe de Kenneth Kendler a examiné les comportements sexuels de 794 paires de jumeaux et 2 907 couples de frères et soeurs. Sur cet échantillon, 2,8 % des personnes interrogées étaient homosexuelles ou bisexuelles. Parmi les 324 couples de vrais jumeaux (même patrimoine génétique), 6 reconnaissaient être tous les deux homosexuels ou bisexuels et 19 que l'un des deux était homosexuel alors que son binôme ne l'était pas.
Des conclusions rapides
A partir de ces données, les conclusions des chercheurs dans l'American Journal of Psychiatry furent les suivantes : un vrai jumeau sur trois serait homosexuel quand son frère l'est, soit 31,6 % des jumeaux homozygotes, alors que dans le cas des faux jumeaux du même sexe le chiffre serait de 13,3 % ; et de 8,3 % si l'on considère tous les faux jumeaux.
Et de conclure que : "les facteurs génétiques peuvent avoir une grande influence sur l'orientation sexuelle". Enfin, si Kenneth Kendler reconnaît que le rôle des gènes joue "en interaction avec des facteurs environnementaux", on ne voit pas bien en quoi l'étude démontre la part des deux phénomènes… Surtout quand on sait à quel point les relations entre jumeaux, vrais ou faux sont différentes, ne serait-ce que pour des raisons symboliques ou de représentations parentales et sociales.
Des critiques associatives en boomerang
Mais l'intérêt d'une telle étude est encore moins évident "sinon pour chercher à guérir les homosexuels", affirme, avec méfiance, le porte parole de Stonewall, l'association anglaise pour la défense des droits des gays.
La question n'est pas close et soulèvera probablement encore de nombreuses polémiques.
Anne Souyris
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/04/2005 à 12h53
Ajoutons quelques éléments pour répondre à votre questionnement sur les effets de mode, le conditionnement culturel…
Vous trouverez dans l’Encyclopedie Universalis un article très développé et complet sur cette question
Table des Matières :
Prise de vue
Auteur(s) : MARTEL Frédéric
- Les multiples approches de la question
- L'Antiquité grecque et romaine
- La répression de l'Église et de l'État : le temps du péché
- Le XIXe siècle aliéniste
- Un siècle de combat
- La particularité lesbienne
- La révolution des années 1970
- Normalité contre rébellion
- Le cas français
En voici un extrait :
Prise de vue
Les liens amoureux et sexuels entre personnes de même sexe peuvent être ritualisés, condamnés, marginalisés ou tolérés, leur présence dans toute société, jusque dans celles qui les nient avec le plus de force, confirme en fait l'universalité de ces « pratiques ». Tout comme leur sort social, leur désignation a profondément varié selon les époques, et le terme d'homosexualité, d'origine médicale, qui recouvre communément leur réalité actuelle, ne date que du XIXe siècle. Ce mot et le savoir qu'il supposait n'en ont pas moins préparé et peut-être même provoqué, en Occident, la singulière prise de conscience d'un grand nombre d'hommes et de femmes qui sont parvenus, en l'espace d'une centaine d'années, à faire reculer peu à peu dans leurs sociétés les discours pathologique, policier et moraliste, au profit d'une reconnaissance de l'orientation sexuelle comme d'une liberté fondamentale de la personne. La question de l'homosexualité n'est donc pas compréhensible si elle est détachée de l'histoire plus générale de la constitution du sujet dans la civilisation occidentale, qui trouve son aboutissement dans la notion d'individu libre, pensé à la fois comme citoyen et comme personne.
De ce point de vue, elle peut être rapprochée de trois autres questions qui elles aussi ont été posées en termes d'émancipation, de reconnaissance plénière de droits, à partir de la fin du XVIII siècle : la question noire, la question juive et la question des femmes. Ces quatre questions, qui ont emprunté chacune des chemins bien différents au cours des deux siècles suivants, se retrouvent en effet dans la contestation d'un ordre ancien des choses qui a perduré, voire encore prospéré, malgré les proclamations de principe inspirées des Lumières : un ordre fondé sur des discriminations visant la race, la religion, le sexe et les mœurs des individus, sur l'idée d'une loi au seul service de l'homme blanc, chrétien et père de famille. Il n'y a pas lieu ici de rappeler les multiples épisodes qui marquèrent chacun de ces combats, dont aucun n'est aujourd'hui vraiment terminé, puisqu'il s'agit dans chaque cas de lutter contre des haines et des préjugés qui ne cessent de renaître au gré des événements.
Vous pouvez, pour compléter votre information, consulter l’ouvrage de Colin Spencer, l’Histoire de l’homosexualité de l’Antiquité à nos jours ou encore le livre de Philippe Randa sur L’Homosexualité.
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