Question d'origine :
pourquoi écrit-on de gauche à droite dans certaines cultures et de droite à gauche dans d'autres? Y a t-il un rapport avec le fait d'être gaucher ou droitier, d'accepter ou non une main scriptrice plus qu'une autre?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/06/2015 à 08h06
Bonjour,
Tout d’abord, il existe d’autres « directions » d’écriture que l’horizontale : il faut également rajouter la direction verticale, sachant que les deux directions s’entrecroisent ! On peut donc écrire :
1. de gauche à droite : c’est ce qu’on appelle le sens horizontal dextroverse. C’est le cas de la plupart des systèmes d’écriture, comme le nôtre, qui descendent des systèmes latin et grec.
2. de droite à gauche : c’est le sens horizontal sinistroverse. C’est en particulier le cas des langues sémitiques : l’arabe et l’hébreu.
3. de haut en bas et de gauche à droite : C’est le cas de l’écriture traditionnelle mongole.
4. de haut en bas et de droite à gauche : C’était le cas du chinois, du coréen et du japonais, historiquement. Mais ces formes d’écriture sont en train de disparaître au profit du sens de l’écriture latine.
5. de bas en haut et de gauche à droite : C'est le cas des écritures batak, hanuno'o et tagbanwa.
6. de bas en haut et de droite à gauche : C’est le cas de l’écriture des langues berbères, le tifinagh.
7. Les hiéroglyphes et l’écriture maya peuvent se lire de différentes manières. Elles pouvaient s’agencer, par exemple, selon des considérations esthétiques.
8. Enfin, il existe un sens appelé « boustrophédon » (c’était le cas d’anciennes écritures, en grec et en russe par exemple), c’est-à-dire que ces écritures se lisaient de façon horizontale, en alternant une ligne dextroverse, une ligne sinistroverse, etc.
Voici une carte qui recense les différents systèmes d’écriture:
(Source : wikipedia)
Un article de Colette Sirat, très complet, intitulé La morphologie humaine et la direction des écritures, explique ensuite le rapport entre les différent éléments qui, historiquement et conjugués à un moment donné, ont influencé le choix du sens d'une écriture (sachant que l'auteure ne parle que des droitiers, les gauchers étant, jusqu'à une période assez récente, rééduqués à gauche):
Le problème de la direction et du choix d'une direction ne se pose que lorsque les mouvements sont liés l'un à l'autre, qu'un trait entraîne le suivant, que l'écriture n'est plus au stade du dessin, mais à celui de l'écriture courante, laquelle tend à être rapide. C'est seulement à ce moment de l'évolution de chacune des écritures que, pour être fonctionnel, le mouvement doit s'adapter au matériau, à l'instrument, à la posture corporelle du scribe afin de les utiliser le plus efficacement possible.
Une écriture « réussie », c'est-à-dire qui a réussi à s'imposer à des millions d'hommes, doit être « adaptée » et « rationnelle ». Pour qu'une écriture soit adoptée par des peuples différents, comme ce fut le cas pour la cunéiforme, la grecque, la romaine ou l'arabe, elle doit pouvoir être exécutée d'une manière relativement confortable, compte tenu du support et de l'instrument.
Dans chacune des écritures, ce sont la matière à écrire généralement utilisée et l'instrument couramment employé qui ont donné aux formes de l'écriture leurs aspects caractéristiques. C'est la pratique commune qui a donné le ton, la forme, le ductus, la direction aux inscriptions tracées sur d'autres supports avec d'autres instruments.
Le besoin d'une direction constante pour l'écriture s'est fait sentir à la main, non à l'oeil.
Voici, pour l'auteure, les éléments décisifs dans l'adoption d'un sens ou d'un autre:
I. Les formes de l'écriture.
II. Les matériaux et l'instrument ainsi que la forme du livre.
III. Le geste du scribe tel qu'on peut le reconstituer en se basant sur la physiologie humaine et les représentations du temps.
IV. La posture et le costume du scribe dans le contexte de la société contemporaine.
V. Le statut social du scribe.
VI. L'existence d'écoles et d'un enseignement de l'écriture.
A l'époque où le choix d'un sens pour l'écriture s'est fait, les rares personnes sachant écrire étant des droitiers, ce n'est donc pas ce qui a influencé le sens de l'écriture.
Si vous souhaitez aller plus loin dans votre recherche, voici quelques articles que vous trouverez peut-être intéressants:
- Le détail de La morphologie humaine et la direction des écritures
- L'histoire des écritures, recensées par le site de la BnF
- Les origines iconiques de l'écriture, du magasine Pour la Science, dont vous pouvez lire le début ici
Tout d’abord, il existe d’autres « directions » d’écriture que l’horizontale : il faut également rajouter la direction verticale, sachant que les deux directions s’entrecroisent ! On peut donc écrire :
1. de gauche à droite : c’est ce qu’on appelle le sens horizontal dextroverse. C’est le cas de la plupart des systèmes d’écriture, comme le nôtre, qui descendent des systèmes latin et grec.
2. de droite à gauche : c’est le sens horizontal sinistroverse. C’est en particulier le cas des langues sémitiques : l’arabe et l’hébreu.
3. de haut en bas et de gauche à droite : C’est le cas de l’écriture traditionnelle mongole.
4. de haut en bas et de droite à gauche : C’était le cas du chinois, du coréen et du japonais, historiquement. Mais ces formes d’écriture sont en train de disparaître au profit du sens de l’écriture latine.
5. de bas en haut et de gauche à droite : C'est le cas des écritures batak, hanuno'o et tagbanwa.
6. de bas en haut et de droite à gauche : C’est le cas de l’écriture des langues berbères, le tifinagh.
7. Les hiéroglyphes et l’écriture maya peuvent se lire de différentes manières. Elles pouvaient s’agencer, par exemple, selon des considérations esthétiques.
8. Enfin, il existe un sens appelé « boustrophédon » (c’était le cas d’anciennes écritures, en grec et en russe par exemple), c’est-à-dire que ces écritures se lisaient de façon horizontale, en alternant une ligne dextroverse, une ligne sinistroverse, etc.
Voici une carte qui recense les différents systèmes d’écriture:
(Source : wikipedia)
Un article de Colette Sirat, très complet, intitulé La morphologie humaine et la direction des écritures, explique ensuite le rapport entre les différent éléments qui, historiquement et conjugués à un moment donné, ont influencé le choix du sens d'une écriture (sachant que l'auteure ne parle que des droitiers, les gauchers étant, jusqu'à une période assez récente, rééduqués à gauche):
Le problème de la direction et du choix d'une direction ne se pose que lorsque les mouvements sont liés l'un à l'autre, qu'un trait entraîne le suivant, que l'écriture n'est plus au stade du dessin, mais à celui de l'écriture courante, laquelle tend à être rapide. C'est seulement à ce moment de l'évolution de chacune des écritures que, pour être fonctionnel, le mouvement doit s'adapter au matériau, à l'instrument, à la posture corporelle du scribe afin de les utiliser le plus efficacement possible.
Une écriture « réussie », c'est-à-dire qui a réussi à s'imposer à des millions d'hommes, doit être « adaptée » et « rationnelle ». Pour qu'une écriture soit adoptée par des peuples différents, comme ce fut le cas pour la cunéiforme, la grecque, la romaine ou l'arabe, elle doit pouvoir être exécutée d'une manière relativement confortable, compte tenu du support et de l'instrument.
Dans chacune des écritures, ce sont la matière à écrire généralement utilisée et l'instrument couramment employé qui ont donné aux formes de l'écriture leurs aspects caractéristiques. C'est la pratique commune qui a donné le ton, la forme, le ductus, la direction aux inscriptions tracées sur d'autres supports avec d'autres instruments.
Le besoin d'une direction constante pour l'écriture s'est fait sentir à la main, non à l'oeil.
Voici, pour l'auteure, les éléments décisifs dans l'adoption d'un sens ou d'un autre:
I. Les formes de l'écriture.
II. Les matériaux et l'instrument ainsi que la forme du livre.
III. Le geste du scribe tel qu'on peut le reconstituer en se basant sur la physiologie humaine et les représentations du temps.
IV. La posture et le costume du scribe dans le contexte de la société contemporaine.
V. Le statut social du scribe.
VI. L'existence d'écoles et d'un enseignement de l'écriture.
A l'époque où le choix d'un sens pour l'écriture s'est fait, les rares personnes sachant écrire étant des droitiers, ce n'est donc pas ce qui a influencé le sens de l'écriture.
Si vous souhaitez aller plus loin dans votre recherche, voici quelques articles que vous trouverez peut-être intéressants:
- Le détail de La morphologie humaine et la direction des écritures
- L'histoire des écritures, recensées par le site de la BnF
- Les origines iconiques de l'écriture, du magasine Pour la Science, dont vous pouvez lire le début ici
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