Question d'origine :
Pourquoi les Hommes sont-ils tant avides de Pouvoir ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/04/2005 à 13h21
Pour répondre à votre question, il va falloir en poser quelques autres :
Comment définit-on le pouvoir ?
Le pouvoir d’abord est à l’origine un verbe substantivé, il renvoie donc toujours plus ou moins à la sphère de l’action, il désigne une capacité d’agir, directe ou indirecte, sur des choses ou sur des personnes, sur des objets sans âmes ou sur des volontés.
On peut distinguer trois formes de pouvoir :
-
-
- et
Le pouvoir de Jean Luc Guichet
Lorsque vous vous interrogez sur le pourquoi d’une telle avidité du pouvoir chez l’Homme, il semble que vous jugiez plutôt négativement cette attitude. Si un tel jugement négatif peut se justifier en ce qui concerne la domination, peut-il en être de même en ce qui concerne les deux autres formes de pouvoir ?
Le pouvoir n’est-il pas une nécessité ?
Le pouvoir, quelles que soient les formes qui conditionnent son emploi, est reconnu dans toute société humaine, même rudimentaire. Il est constamment au service d’un système social qui ne peut se maintenir par la seule intervention de la «coutume» ou de la loi, par une sorte de conformité automatique aux règles. De plus, toute société réalise un équilibre approximatif et reste de ce fait vulnérable. Les anthropologues débarrassés des préjugés fixistes, non soumis à la fascination structuraliste, reconnaissent cette instabilité potentielle, même en milieu «archaïque». Le pouvoir a donc pour fonction de défendre la société contre ses propres faiblesses, de la conserver «en état», pourrait-on dire, et, si nécessaire, d’aménager les adaptations qui ne sont pas en contradiction avec ses principes fondamentaux. Enfin, dès l’instant où les rapports sociaux débordent les relations de la parenté, il intervient entre les individus et les groupes une compétition plus ou moins apparente, chacun visant à orienter les décisions de la collectivité dans le sens de ses intérêts particuliers. Le pouvoir politique apparaît, en conséquence, comme un produit de la compétition et comme un moyen de la contenir.
Ces constatations entraînent une conclusion. Le pouvoir politique est inhérent à toute société: il provoque le respect (relatif) des règles qui la fondent; il la défend contre ses propres imperfections; il limite, en son sein, les effets de la compétition entre les individus et les groupes. Ce sont ces fonctions conservatrices qui sont généralement considérées. En recourant à une formule, on définira le pouvoir comme résultant, pour toute société, de la nécessité de lutter contre l’entropie qui la menace de désordre. Une société est d’autant plus «vivante» que sa vigueur de réaction contre l’entropie est plus grande. Il ne faut pas en conclure que cette défense ne recourt qu’à un seul moyen, la coercition, et ne peut être assurée que par un gouvernement bien différencié. Tous les mécanismes qui contribuent à maintenir ou à recréer la coopération interne sont à considérer.
Le pouvoir politique vient d’être envisagé en tant que nécessité; il importe maintenant de considérer ses deux aspects principaux: sa sacralité et son ambiguïté. Par l’intermédiaire du sacré, les sociétés sont appréhendées comme garantes de sécurité collective et comme purs reflets de la coutume ou de la loi; elles acquièrent ainsi une transcendance s’imposant aux individus et aux groupes particuliers. L’ambiguïté du pouvoir n’est pas moins manifeste; il apparaît, à la fois, comme nécessité et comme danger, en raison de sa force de coercition. Il est, en même temps, accepté (en tant que garant de l’ordre et de la sécurité), révéré (en raison de ses implications sacrées) et contesté (parce qu’il justifie et entretient l’inégalité). Tous les régimes politiques sont affectés de cette ambiguïté, qu’ils se conforment à la tradition ou à la rationalité bureaucratique.
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Ne faut-il donc pas plutôt s’interroger sur les fins et les formes du pouvoir ?
Le site Philagora nous propose une démarche.
Face à une définition plus classique du pouvoir, on trouve celle de Hannah Arendt :
Pouvoir =Rassemblement d’hommes égaux décidés à l’action.
La « fin » du pouvoir : l’action « Le pouvoir correspond à l’aptitude à agir de façon concertée. » Du mensonge à la violence
« L’origine » du pouvoir : « Le pouvoir jaillit parmi les hommes quand ils agissent ensemble » La condition de l’homme moderne. La fondation du pouvoir naît du rassemblement d’hommes égaux, d’une liberté partagée.
Si le pouvoir oublie cette origine il se dissout et devient le masque de la violence.
Comme vous le voyez, loin d’être «bidon », votre question peut nous entraîner dans nombre de directions ; anthropologie, philosophe, philosophie politique, directions que nous ne pouvons pas vraiment développer ici.
Nous vous proposons donc d’approfondir votre réflexion à partir des ouvrages suivants.
Le pouvoir de Jean Luc Guichet : nous attirons votre attention sur la partie de l’ouvrage. Sur le fonctionnement effectif du pouvoir et le problème de l’origine.
Le pouvoir : textes choisis et présentés par Céline Spector : textes choisis et présentés par Céline Spector : approche plus philosophique
Les théories du pouvoir : L’auteur offre une synthèse sur les grandes conceptions , les grandes écoles de pensée, les grands mouvements idéologiques, les grands travaux philosophiques , politiques , psychanalytiques ou ethnologiques .
Et pourquoi ne par élargir votre réflexion avec le livre de Jared Diamond
De l’inégalité parmi les sociétés :Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire : Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire. Qui vise à répondre à la question : Pourquoi une telle domination de l’Eurasie dans l’histoire ? Pourquoi ne sont-ce pas les indigènes d’Amérique, les Africains et les aborigènes australiens qui ont décimé, asservi et exterminé les Européens et les Asiatiques ?
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