Question d'origine :
Je cherche des exemples de comportements ou de manifestations de la folie chez les enfants (avant l'adolescence ) qui ont perdu un de leurs proches. Peut on perdre la mémoire, arrêter de parler à la suite d'un choc émotionnel grave ?
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 12/04/2005 à 12h12
Le vécu du deuil pour un enfant , qui a perdu une personne de son entourage, varie en fonction de l’âge de l’enfant.
de 0 à 3 ans : l’enfant, sur le plan affectif est une sorte « d’éponge ». Il n’a pas conscience de la disparition de l’être, mais il ressent profondément ce que ressentent les autres, comme la tristesse. Il peut être envahi par des angoisses de séparation.
de 4 à 6 ans : l’enfant a conscience de la mort , mais il la perçoit comme temporaire. Il protège ses parents attristés, trop parfois, car il ne peut exprimer sa propre souffrance, qui peut se réveiller bien des années plus tard de façon inconsciente et invalidante.
entre 7 et 10 ans : Il comprend que la mort est irréversible. Il éprouve un fort sentiment de culpabilité, car il croit que ses pensées ont pu changer le cours des choses.
l’adolescence est une période à risque, car elle est, à elle seule, une période de deuil (deuil de l’enfance).
Très souvent, les enfants ont besoin de conserver un lien avec la personne disparue et il arrive fréquemment qu’on “surprenne” l’enfant parlant avec elle, parfois il mime cette mort. Ce ne sont pas des réactions anormales.
Les adultes doivent être à l’écoute des enfants : savoir les entourer, ne pas les exclure du temps de fin de vie, ni des cérémonies funéraires, leur expliquer avec des mots simples la situation, les déculpabiliser, les rassurer et leur permettre d’exprimer leur souffrance. Ils ont, eux-aussi, besoin de temps pour réaliser la disparition d’un être.
Il n'est fait mention ni de folie ni de perte de mémoire dans les affections repérées :
[i]Les enfants ont des réactions possibles face à la mort qu’il est bon de connaître. Enumérer ces réactions revient à dresser le catalogue des troubles psychoaffectifs chez l’enfant. Toute acquisition dans son développement peut disparaître, être détruite, que ce soit dans la sphère intellectuelle, affective ou motrice.
Sans aller jusqu’à ce retrait dans l’auto-érotisme, la souffrance peut se traduire par des troubles de l’attention, une baisse de l’acuité scolaire, des troubles de la parole, ou encore tout un ensemble de signes d’anxiété, tels que obsessions, phobies, rites, tics, apathie, peur de la solitude, du noir, de l’étranger. Bavardages incessants et insensés, agitation incontrôlable sont d’autres signes d’une anxiété sous-jacente.
Moins évident est le retrait dans le silence qui risque d’être plus dramatique, car il passe souvent inaperçu. Si personne ne lui vient en aide, l’enfant est malade: du simple rhume aux douleurs gastro-intestinales, maladie bénigne ou plus grave, ou maladie dont un symptôme rappelle ceux dont le disparu est mort.
Asocial par son auto-érotisme quand il est tout petit, plus grand, il l’est par le mensonge, le vol, la fugue, la délinquance.
Entre les deux, se rencontre le « perdeur chronique »: il a perdu un parent ou un frère, une sœur, depuis longtemps, il perd maintenant et de façon répétée les objets qu’il possède, affaires de classes, vêtements, argent de poche, jouets. L’enfant est identifié à la fois avec l’objet perdu qui le représente, et avec le parent qui perd l’objet comme il a perdu son enfant. Symptôme manifeste que pour l’inconscient de l’enfant, la perte n’a pas été acceptée une fois pour toutes et se reproduit sans cesse. Ce signe existe également chez l’enfant qui ne se sent pas aimé. En un sens, il perd sans cesse ses parents puisqu’il perd sans cesse leur amour.
Comme chez l’adulte, les sentiments de culpabilité sont partie intégrante de l’état de deuil.
Ils peuvent être conscients : l’enfant pense que la mort de l’autre est de sa faute. Il pense au mal qu’il lui a fait lorsqu’il était là, à sa colère contre lui justement lorsqu’il est tombé malade ou a eu son accident. Il peut se laisser penser que lui aussi mérite de mourir.
Ce souhait conjoint à la fois sa punition et son désir de rejoindre le mort.
Ils peuvent aussi être inconscients : les sentiments de culpabilité entraînent une attitude de repli sur soi, une inhibition, une baisse de travail scolaire.
L’enfant peut essayer de chasser ces pensées coupables en se rappelant l’aide qu’il a apportée à son frère et les bons souvenirs communs. S’il n’arrive pas à se sentir assez bon après la mort de son frère, il cherche lui-même à être puni par un comportement insolent, agressif, entraînant chez ses parents ou ses maîtres la sanction de la faute. Il peut également se punir lui-même et provoquer une série d’accidents plus ou moins graves. Les réactions de culpabilité chez l’enfant dépendent bien sûr de son évolution psychoaffective du moment et de ses réactions antérieures à la mort. Elles dépendent aussi de l’intensité de la culpabilité chez les parents ou chez le parent restant, ceci par deux voies: d’une part, l’enfant s’identifie au(x) parent(s) et donc à sa culpabilité.
L’équivalence de la mort et de la maladie est un autre signe fréquent de culpabilité chez l’enfant. N’importe quel symptôme: température, toux, rhume, plaie légère, égratignure, mal au ventre, lui fait craindre de mourir comme l’autre. Cette crainte peut s’étendre à la peur du médecin, de l’hôpital, des piqûres, des soins. Cet ensemble de maux et de craintes est d’autant plus ravageant que l’enfant n’en parle pas ou ne peut qu’en plaisanter.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons de consulter :
- L'enfant, la maladie et la mort : la maladie et la mort d'un proche expliquées à l'enfant , vidéocassette consultable à la
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