persifler*

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Le 08/04/2005 à 13h46 256 vues

Question d'origine :

J'ai entendu sur France Culture il y a quelques années que "persifler" venait du nom d'un personnage d'une pièce de théâtre du 18è, Persiflè, et n'avait rien à voir avec "siffler". Or tous les dictionnaires que je consulte, dont le TLF et le Robert, continuent de le faire dériver de "siffler", regrettant même qu'on n'écrive pas "persiffler". Pouvez-vous me donner le nom de l'auteur, et de la pièce ?

Réponse du Guichet

bml_litt - Département : Langues et Littératures

Le 09/04/2005 à 15h57

Réponse du département Langues et Littératures

Après avoir fait des recherches dans des corpus de pièces de théâtre francais du XVIIe et du XVIIIe nous n'avons pas trouvé de personnage nommé Persiflé.

Les dictionnaires consultés y compris Le Littré donnent tous la même éthymologie en signalant qu'il s'agit d'un néologisme apparu au XVIIIe siècle.

Nous avons trouvé ce texte de Littré sur le mot "persifler"dans l'ouvrage: Pathologie verbale :

"Persifler. Je n'inscris pas persifler dans la pathologie, parce que le simple siffler a deux "ff", et que le composé persifler n'en a qu'une; cette anomalie est bizarre, mais de peu d'importance; je l'inscris, parce que persifler, quand on en scrute la signification, ne parait pas un produit légitime de siffler.
C'est un néologisme du dix-huitieme siecle, aujourd'hui entré tout a fait dans l'usage. Rien auparavant n'en faisait prévoir la création. Eh bien ! supposons qu'il n'existe pas, et imaginons qu'un de nos contemporains, prenant le verbe siffler, y adapte la préposition latine "per"et donne au tout le sens de : railler quelqu'un, en lui adressant d'un air ingénu des paroles qu'il n'entend pas ou qu'il prend dans un autre sens; ne verrons-nous pas le nouveau venu mal accueilli ? et ne s'élevera-t-il pas des réclamations contre de telles témérités ?
En effet, la signification d'une pareille composition demeure assez ambigue. Est-ce "siffler" au sens de faire en sifflant une désapprobation, comme quand on dit: siffler une pièce, un acteur ?
Non, cela ne peut être, car le persifleur ne siffle pas le persiflé. Il est vraisemblable qu'ici siffler a le sens de siffler un oiseau, c'est-à-dire lui apprendre un air. Le persifleur siffle le persiflé; et celui-ci prend bon jeu, bon argent, ce que l'autre lui dit. Le cas n'aurait pas souffert de difficulté, si le néologiste avait dit "permoquer", moquer à outrance. "Permoquer"nous choque prodigieusement; il n'est pourtant pas plus étrange que "persifler"; mais persifler est embarrassant, parce que siffler n'a pas le sens de moquer.
Tout considéré, il me parait que les gens du dix-huitieme siècle, en choisissant siffler et non moquer ont eu dans l'idée l'oiseau qu'on siffle et qui se laisse instruire comme veut celui qui le siffle."

Réponse du Guichet

gds_alc - Département : Equipe du Guichet du Savoir

Le 11/10/2010 à 07h22

Réponse du service Guichet du Savoir

Bonjour,

Pour compléter notre réponse, Elisabeth Bourguinat est à l'origine de l'hypothèse selon laquelle persiflage viendrait de Persiflès. nous vous conseillons de lire sa thèse : Le siècle du persiflage (1734-1789)