y-a-t-il eu en 1595 une foire le lundi de quasimodo ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/02/2015 à 12h45
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Question d'origine :
compte tenu de la période troublée, les foires ont-elles eu lieu (en particulier celle du lundi de quasimodo) en 1595
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/02/2015 à 16h27
Bonjour,
Nous ne pouvons pas confirmer formellement qu’une foire s’est tenue à Pâques en 1595, mais les sources que nous avons consultées semblent le suggérer, puisque c’est en 1594 que Lyon se met sous l’obéissance du roi Henri IV : A cette date finissait un affreux cauchemar, et la grande cité, revenant au calme et au travail, rentrait pour ainsi dire dans son histoire.
Or, de 1589 à 1594 les foires sont tenues, même si elles ne donnent lieu qu’à un petit nombre de transactions ; les recettes du grabeau de l’épicerie nous prouvent que les foires d’août et de Toussaint (1589), les foires de 1590 et de 1591 furent, durant cette période, particulièrement insignifiantes.
Pillage des biens, massacre des personnes, fuite des huguenots persécutés et ruine commerciale de ceux avec qui ils étaient en relations, violence des soldats, insécurité des rivières et des chemins, interruptions dans le cours des foires, tel était le bilan des guerres de religion. Les foires de Lyon, ville frontière, fréquentée par les Allemands et par les Suisses et dont beaucoup d’habitants avaient adhéré à la nouvelle doctrine, en subirent, de 1561 à 1594, le plus funeste contrecoup.
Source : Les Foires de Lyon au XVe et XVIe siècles, Marc Brésard
Après la soumission, le roi s’engage à respecter les institutions lyonnaises telles que la franchise des foires :
Lyon était une ville manufacturière, un grand marché et un entrepôt de marchandises, une ville de banque. La vie économique y était réglée par certaines institutions, que le roi, lors de la soumission, avait promis de respecter et auxquelles la population et le Consulat restaient très attachés. C’étaient la franchise des foires et la juridiction de la Conservation, la liberté du travail, quatre métiers seulement, orfèvres, apothicaires, serruriers et chirurgiens, étant organisés en maîtrises, et l’accès à tous les autres ne comportant ni paiement de taxe, ni chef-d’œuvre. La juridiction des arts et métiers appartenait au Consulat, qui rédigeait les règlements et nommait les gardes chargés de faire chez les artisans des visites pour assurer le respect et l’application de ces règlements. C’est ainsi que, par une ordonnance du 28 mars 1596, le Consulat révisa les statuts et règlements de la manufacture de draps d’or, d’argent et de soie : nul ne pourrait travailler comme maître s’il n’avait été apprenti pendant cinq ans et compagnon pendant deux ans ; chaque maître ne pourrait avoir que deux apprentis, ce chiffre pouvant cependant être dépassé s’il s’agissait d’un orphelin de l’Aumône Générale ; les forains ne pourraient être admis comme compagnons que s’ils pouvaient faire la preuve qu’ils avaient été apprentis : le contrôle de ces dispositions était donné aux maîtres gardes nommés par le Consulat qui leur remettrait des mesures marquées aux armes de la ville, pour éviter la fraude sur la largeur des tissus.
Source : Histoire de Lyon, tome 2 : de 1595 à 1814, Arthur Kleinclausz
Citons enfin le témoignage d’un contemporain, Thomas Platter, qui se trouve à Lyon en octobre 1595, et parle des foires lyonnaises sans mentionner d’interruption cette année-là dans leur tenue :
Le 2 octobre, je me suis rendu chez mon marchand et homme d’affaires, Monsieur Noël Bastier ; il habitait rue Mercière, près du Maillet d’Argent. Je lui ai fait voir la lettre de change que son frère, Monsieur Jacques ou Jakob Bastier, m’avait donnée ; Noël m’a aussitôt rassuré. « A Montpellier, m’a-t-il dit, tu n’auras qu’à te mettre en rapport avec un marchand ; il te donnera les fonds nécessaires pour ton entretien ; et moi, Noël Bastier, je rembourserai aussitôt à cet homme d’affaires montpelliérain, ici même à Lyon, sur présentation d’une cédule signée de ta main, les sommes que tu m’auras avancées. » Et c’est ainsi que les choses se sont passées, effectivement, pendant tout le temps que je suis resté en Languedoc. Puisque aussi bien à Lyon, chaque année, se tiennent quatre foires. La première a lieu le 9 janvier, pour la fête des Trois Rois. La deuxième, c’est le 3 avril, pour Pâques. La troisième, le 4 août. La quatrième, le 3 novembre, celle qu’on appelle la foire de Toussaint. Pendant plusieurs jours, les marchands de toutes les villes considérables du Languedoc se rendent ainsi en foire. Il leur est donc tout à fait facile d’accepter de telles lettres de change.
Source : Le voyage de Thomas Platter 1595 - 1599: Le siècle des Plater -, Volume 2, présenté par Emmanuel Le Roy Ladurie.
Bonne journée.
Nous ne pouvons pas confirmer formellement qu’une foire s’est tenue à Pâques en 1595, mais les sources que nous avons consultées semblent le suggérer, puisque c’est en 1594 que Lyon se met sous l’obéissance du roi Henri IV : A cette date finissait un affreux cauchemar, et la grande cité, revenant au calme et au travail, rentrait pour ainsi dire dans son histoire.
Or, de 1589 à 1594 les foires sont tenues, même si elles ne donnent lieu qu’à un petit nombre de transactions ; les recettes du grabeau de l’épicerie nous prouvent que les foires d’août et de Toussaint (1589), les foires de 1590 et de 1591 furent, durant cette période, particulièrement insignifiantes.
Pillage des biens, massacre des personnes, fuite des huguenots persécutés et ruine commerciale de ceux avec qui ils étaient en relations, violence des soldats, insécurité des rivières et des chemins, interruptions dans le cours des foires, tel était le bilan des guerres de religion. Les foires de Lyon, ville frontière, fréquentée par les Allemands et par les Suisses et dont beaucoup d’habitants avaient adhéré à la nouvelle doctrine, en subirent, de 1561 à 1594, le plus funeste contrecoup.
Source : Les Foires de Lyon au XVe et XVIe siècles, Marc Brésard
Après la soumission, le roi s’engage à respecter les institutions lyonnaises telles que la franchise des foires :
Lyon était une ville manufacturière, un grand marché et un entrepôt de marchandises, une ville de banque. La vie économique y était réglée par certaines institutions, que le roi, lors de la soumission, avait promis de respecter et auxquelles la population et le Consulat restaient très attachés. C’étaient la franchise des foires et la juridiction de la Conservation, la liberté du travail, quatre métiers seulement, orfèvres, apothicaires, serruriers et chirurgiens, étant organisés en maîtrises, et l’accès à tous les autres ne comportant ni paiement de taxe, ni chef-d’œuvre. La juridiction des arts et métiers appartenait au Consulat, qui rédigeait les règlements et nommait les gardes chargés de faire chez les artisans des visites pour assurer le respect et l’application de ces règlements. C’est ainsi que, par une ordonnance du 28 mars 1596, le Consulat révisa les statuts et règlements de la manufacture de draps d’or, d’argent et de soie : nul ne pourrait travailler comme maître s’il n’avait été apprenti pendant cinq ans et compagnon pendant deux ans ; chaque maître ne pourrait avoir que deux apprentis, ce chiffre pouvant cependant être dépassé s’il s’agissait d’un orphelin de l’Aumône Générale ; les forains ne pourraient être admis comme compagnons que s’ils pouvaient faire la preuve qu’ils avaient été apprentis : le contrôle de ces dispositions était donné aux maîtres gardes nommés par le Consulat qui leur remettrait des mesures marquées aux armes de la ville, pour éviter la fraude sur la largeur des tissus.
Source : Histoire de Lyon, tome 2 : de 1595 à 1814, Arthur Kleinclausz
Citons enfin le témoignage d’un contemporain, Thomas Platter, qui se trouve à Lyon en octobre 1595, et parle des foires lyonnaises sans mentionner d’interruption cette année-là dans leur tenue :
Le 2 octobre, je me suis rendu chez mon marchand et homme d’affaires, Monsieur Noël Bastier ; il habitait rue Mercière, près du Maillet d’Argent. Je lui ai fait voir la lettre de change que son frère, Monsieur Jacques ou Jakob Bastier, m’avait donnée ; Noël m’a aussitôt rassuré. « A Montpellier, m’a-t-il dit, tu n’auras qu’à te mettre en rapport avec un marchand ; il te donnera les fonds nécessaires pour ton entretien ; et moi, Noël Bastier, je rembourserai aussitôt à cet homme d’affaires montpelliérain, ici même à Lyon, sur présentation d’une cédule signée de ta main, les sommes que tu m’auras avancées. » Et c’est ainsi que les choses se sont passées, effectivement, pendant tout le temps que je suis resté en Languedoc. Puisque aussi bien à Lyon, chaque année, se tiennent quatre foires. La première a lieu le 9 janvier, pour la fête des Trois Rois. La deuxième, c’est le 3 avril, pour Pâques. La troisième, le 4 août. La quatrième, le 3 novembre, celle qu’on appelle la foire de Toussaint. Pendant plusieurs jours, les marchands de toutes les villes considérables du Languedoc se rendent ainsi en foire. Il leur est donc tout à fait facile d’accepter de telles lettres de change.
Source : Le voyage de Thomas Platter 1595 - 1599: Le siècle des Plater -, Volume 2, présenté par Emmanuel Le Roy Ladurie.
Bonne journée.
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