Question d'origine :
Bonjour,
Je me demandais pourquoi les vêtements dans la société sont si important. Je veux dire, d'où vient ce besoin de s'affirmer avec des bouts de tissu ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/10/2014 à 09h50
Bonjour,
Le vêtement a toujours été un moyen de se différencier dans la société soit par son rang social, son métier, sa religion…
Dans l’étude Pour une anthropologie du vêtement, Yves Delaporte montre l’importance du costume dans les sociétés passées et actuelles et leurs rôles :
« Si le thème de la mode induit à mettre en évidence la place importante que joue le vêtement dans la société, celui du vêtement signe social, dernier thème abordé lors de ces Journées, montre comment la société se reflète dans le vêtement. Vêtement et société : le vêtement dans la société, mais aussi la société dans le vêtement.
Dans toutes les sociétés, les hommes ont, à des degrés divers, fait usage du costume comme moyen de communication. Les signes qui ont ainsi été élaborés sont innombrables ; de cette abondance, il semble toutefois possible de dégager plusieurs niveaux de signification.
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, et particulièrement en Europe rurale depuis le XVIIIe siècle, une stricte codification du signe vestimentaire renseigne immédiatement sur le sexe, l'âge, les statuts sociaux de celui qui porte tel ou tel costume ; en outre, certains costumes ont une signification collective, tels ceux portés les jours de fête. […]
Toujours dans les sociétés traditionnelles, le costume peut également servir de support à des significations d'ordre religieux ou mythique, à des visions du monde plus ou moins complexes : le costume, le plus souvent « image de l'homme » (Yvonne Deslandres) et de sa place dans la société, devient ici reflet d'une cosmogonie. De même, Lucienne Saada montra toute l'importance symbolique d'une pièce située à un endroit stratégique du corps humain, la ceinture.
Cette fonction traditionnelle de signe remplie par le costume survit aujourd'hui dans les sociétés industrielles : vêtement de certains mouvements de jeunesse, maillots et médailles des sportifs, décorations, uniformes de l'armée, de la police, de certaines professions. Lors de sa réception à l'Académie française, Claude Lévi-Strauss souligna avec humour l'analogie entre son costume chamarré d'académicien et les parures des Indiens d'Amérique. Mais ces faits sont, somme toute, assez marginaux, et beaucoup peuvent être considérés comme des archaïsmes. C'est largement en dehors d'eux que se fait maintenant l'emploi du vêtement comme système indicateur.
Avec la multiplicité et la fluidité des rôles et statuts sociaux accompagnant l'apparition des sociétés industrielles et le phénomène d'urbanisation, on voit en effet la codification rigoureuse du signe vestimentaire se dissoudre en un grand nombre de codes, qui ne sont d'ailleurs parfois que des variétés d'un même code. D'une certaine manière, la disparition de codes stricts et uniques a enrichi la signification au moins autant qu'elle ne l'a appauvrie. La liberté d'utiliser le code à sa guise pour choisir le message que l'on désire transmettre, la possibilité même de créer de nouvelles variétés d'un code donné, ont entraîné un foisonnement de la signification. »
Les vêtements ont donc évolué en parallèle des sociétés, aujourd’hui, sa signification est multiple et variée selon les individus. La mode a désormais une plus grande importance dans les choix des individus.
Ainsi, dans l’ouvrage La mode et ses enjeux, Frédéric Moneyron s’intéresse à la dimension sociale du vêtement et de la mode et explique son influence sur la société.
« Le vêtement détermine-t-il nos comportements ?
Comment poser le vêtement non plus comme élément second, accessoire, mais comme élément premier, fondateur, déterminant les comportements individuels comme les structures sociales ? En d’autres termes comment considérer que nos comportements, « la démarche, le tempo, le rythme des gestes sont sans nul doute essentiellement déterminés par (lui) » (Simmel, 1989) et, position encore plus iconoclaste, que non seulement il ne suit pas l’histoire mais la précède, et que c’est peut-être même en parlant chiffons que commence tout changement social d’importance.
On soulignera que l’acte de se vêtir, parce qu’il est ce « signe qui sépare l’homme de l’animal » dont parlait Condorcet, a un caractère fondateur, mais aussi parce qu’il apparaît, au même titre que la sexualité et l’alimentation par exemple, comme une activité fondamentale de l’être humain, décisive dans l’instauration de tout processus de socialisation, semble devoir échapper à toute tentative de rationalisation et, par conséquent, relever du domaine du symbolique et de l’imaginaire.[…] »
Pour l’homme, à l’origine, le vêtement permettait donc se démarquer des animaux. Il était un signe distinctif, et il l’est toujours, le vêtement permet de se distinguer des autres individus, de faire passer des messages, de montrer son appartenance à un groupe, à une classe sociale…
Au Moyen-âge par exemple, le code vestimentaire était primordial dans la société comme le montre ce dossier de la BnF sur L’enfant au Moyen-êge :
« Les codes vestimentaires
Dans la société médiévale, l'aspect vestimentaire traduit l'ordre social et ses hiérarchies.
Chaque personne doit revêtir les habits correspondant à son rang et à sa fonction sociale. Toute transgression est perçue comme une atteinte à l'ordre public. Dans un souci de stabilité sociale, des ordonnances royales normalisent même certains aspects du vêtement. Ainsi, pour les hommes, la longueur des poulaines est proportionnelle au rang et à la fortune. De même, les ceintures précieuses ou des tissus de prix, réservés aux femmes de la noblesse, ne peuvent être achetés par les bourgeoises. »
Pour aller plus loin :
- Le vêtement communicant, un mémoire de master de l’ ENSCI.
- Vivre habillé d’Odile Blanc.
- L'évolution dans le vêtement de George-H. Darwin.
D’autres ouvrages sur l’histoire de la mode.
Bonne journée.
source : Wikipedia
Le vêtement a toujours été un moyen de se différencier dans la société soit par son rang social, son métier, sa religion…
Dans l’étude Pour une anthropologie du vêtement, Yves Delaporte montre l’importance du costume dans les sociétés passées et actuelles et leurs rôles :
« Si le thème de la mode induit à mettre en évidence la place importante que joue le vêtement dans la société, celui du vêtement signe social, dernier thème abordé lors de ces Journées, montre comment la société se reflète dans le vêtement. Vêtement et société : le vêtement dans la société, mais aussi la société dans le vêtement.
Dans toutes les sociétés, les hommes ont, à des degrés divers, fait usage du costume comme moyen de communication. Les signes qui ont ainsi été élaborés sont innombrables ; de cette abondance, il semble toutefois possible de dégager plusieurs niveaux de signification.
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, et particulièrement en Europe rurale depuis le XVIIIe siècle, une stricte codification du signe vestimentaire renseigne immédiatement sur le sexe, l'âge, les statuts sociaux de celui qui porte tel ou tel costume ; en outre, certains costumes ont une signification collective, tels ceux portés les jours de fête. […]
Toujours dans les sociétés traditionnelles, le costume peut également servir de support à des significations d'ordre religieux ou mythique, à des visions du monde plus ou moins complexes : le costume, le plus souvent « image de l'homme » (Yvonne Deslandres) et de sa place dans la société, devient ici reflet d'une cosmogonie. De même, Lucienne Saada montra toute l'importance symbolique d'une pièce située à un endroit stratégique du corps humain, la ceinture.
Cette fonction traditionnelle de signe remplie par le costume survit aujourd'hui dans les sociétés industrielles : vêtement de certains mouvements de jeunesse, maillots et médailles des sportifs, décorations, uniformes de l'armée, de la police, de certaines professions. Lors de sa réception à l'Académie française, Claude Lévi-Strauss souligna avec humour l'analogie entre son costume chamarré d'académicien et les parures des Indiens d'Amérique. Mais ces faits sont, somme toute, assez marginaux, et beaucoup peuvent être considérés comme des archaïsmes. C'est largement en dehors d'eux que se fait maintenant l'emploi du vêtement comme système indicateur.
Avec la multiplicité et la fluidité des rôles et statuts sociaux accompagnant l'apparition des sociétés industrielles et le phénomène d'urbanisation, on voit en effet la codification rigoureuse du signe vestimentaire se dissoudre en un grand nombre de codes, qui ne sont d'ailleurs parfois que des variétés d'un même code. D'une certaine manière, la disparition de codes stricts et uniques a enrichi la signification au moins autant qu'elle ne l'a appauvrie. La liberté d'utiliser le code à sa guise pour choisir le message que l'on désire transmettre, la possibilité même de créer de nouvelles variétés d'un code donné, ont entraîné un foisonnement de la signification. »
Les vêtements ont donc évolué en parallèle des sociétés, aujourd’hui, sa signification est multiple et variée selon les individus. La mode a désormais une plus grande importance dans les choix des individus.
Ainsi, dans l’ouvrage La mode et ses enjeux, Frédéric Moneyron s’intéresse à la dimension sociale du vêtement et de la mode et explique son influence sur la société.
« Le vêtement détermine-t-il nos comportements ?
Comment poser le vêtement non plus comme élément second, accessoire, mais comme élément premier, fondateur, déterminant les comportements individuels comme les structures sociales ? En d’autres termes comment considérer que nos comportements, « la démarche, le tempo, le rythme des gestes sont sans nul doute essentiellement déterminés par (lui) » (Simmel, 1989) et, position encore plus iconoclaste, que non seulement il ne suit pas l’histoire mais la précède, et que c’est peut-être même en parlant chiffons que commence tout changement social d’importance.
On soulignera que l’acte de se vêtir, parce qu’il est ce « signe qui sépare l’homme de l’animal » dont parlait Condorcet, a un caractère fondateur, mais aussi parce qu’il apparaît, au même titre que la sexualité et l’alimentation par exemple, comme une activité fondamentale de l’être humain, décisive dans l’instauration de tout processus de socialisation, semble devoir échapper à toute tentative de rationalisation et, par conséquent, relever du domaine du symbolique et de l’imaginaire.[…] »
Pour l’homme, à l’origine, le vêtement permettait donc se démarquer des animaux. Il était un signe distinctif, et il l’est toujours, le vêtement permet de se distinguer des autres individus, de faire passer des messages, de montrer son appartenance à un groupe, à une classe sociale…
Au Moyen-âge par exemple, le code vestimentaire était primordial dans la société comme le montre ce dossier de la BnF sur L’enfant au Moyen-êge :
« Les codes vestimentaires
Dans la société médiévale, l'aspect vestimentaire traduit l'ordre social et ses hiérarchies.
Chaque personne doit revêtir les habits correspondant à son rang et à sa fonction sociale. Toute transgression est perçue comme une atteinte à l'ordre public. Dans un souci de stabilité sociale, des ordonnances royales normalisent même certains aspects du vêtement. Ainsi, pour les hommes, la longueur des poulaines est proportionnelle au rang et à la fortune. De même, les ceintures précieuses ou des tissus de prix, réservés aux femmes de la noblesse, ne peuvent être achetés par les bourgeoises. »
Pour aller plus loin :
- Le vêtement communicant, un mémoire de master de l’ ENSCI.
- Vivre habillé d’Odile Blanc.
- L'évolution dans le vêtement de George-H. Darwin.
D’autres ouvrages sur l’histoire de la mode.
Bonne journée.
source : Wikipedia
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