Question d'origine :
Pourriez-vous m'indiquer la citation exacte, et la source,de la phrase de Jean Zay qui dit que l'école est un lieu où ne doivent pas rentrer les querelles des hommes.
Merci
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/09/2014 à 14h10
Bonjour,
Cette citation trouve son origine dans les circulaires de Jean Zay relatives à la propagande à l’école :
En fait, il n’y a pas une mais deux circulaires Jean Zay sur la propagande à l’école. Mais l’un de ces textes est essentiel, long, détaillé, portant sur la propagande politique, avec un ajout de circonstance, spectaculairement bref, sur le prosélytisme confessionnel. En effet, la circulaire du 31 décembre 1936 n’est aucunement motivée par l’interdiction des signes religieux. Sont visés « tract », « fournitures scolaires » et « buvard », intégralement liés à « la répression de toute tentative politique s’adressant aux élèves ou les employant comme instruments ». Certes, cinq mois plus tard, le 15 mai 1937, le ministre – à l’initiative des milieux laïques ? De ceux du primaire ? – ajoute un court paragraphe placé sous le signe de l’évidence, et, à l’évidence, justement, il s’agit de rassurer les troupes laïques, auxquelles le radical Jean Zay est attaché, par un simple rappel concernant « les propagandes confessionnelles ».
Au-delà de ce déséquilibre de traitement, les deux textes sont de même ton. Ils insistent sur la « fermeté sans défaillance » que doivent montrer les recteurs dans les sanctions. Il est prévu, pour les élèves, après « un avertissement collectif et solennel », l’application de mesures d’exclusion, pouvant s’étendre jusqu’à la totalité des établissements, parce que « les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ». C’est le fondement de l’argumentaire : l’école doit être un sanctuaire hors des passions humaines.
(Source : L’interdiction des propagandes politique et confessionnelle dans les établissements scolaires : deux circulaires de Jean Zay en 1936 et 1937 / Olivier Loubes)
On trouve en effet dans la circulaire du 31 décembre 1936 la phrase suivante :
Ceux qui voudraient la troubler [la sérénité ndlr] n’ont pas leur place dans les écoles qui doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas.
« N9027075 JPEG 1 1DM » par Agence Meurisse — Gallica (Droits: domaine public) Bibliothèque Nationale de France.
Qui était Jean Zay ?
Né le 6 août 1904 à Orléans dans le Loiret, il est un brillant élève boursier au lycée Pothier de la ville, puis un étudiant en droit, passionné de littérature et de journalisme. Il devient avocat en 1928, puis est élu député radical du Loiret en 1932.
Réélu en 1936, il devient Ministre de l'Education nationale et des Beaux-Arts de 1936 à 1939. Il reste à son poste sous les divers gouvernements du Front Populaire qui se succèdent jusqu'à sa démission le 2 septembre 1939 afin de rejoindre l'armée combattante.
Il a mis une grande volonté à démocratiser et moderniser le système scolaire français.
Nous lui devons de nombreuses réformes dans le domaine de l’éducation notamment l’unification du primaire, de nouvelles instructions pédagogiques qui invitaient déjà aux méthodes actives, l’obligation scolaire à 14 ans, l’accès aux bourses, les premiers pas des services d’orientation, l’amélioration de la formation des enseignants et le développement de la recherche pédagogique, le développement de l’éducation physique, le développement des classes transplantées…
Dans ses attributions figurait également la culture française. Dans ce domaine, il ne resta pas non plus inactif : il crée le Musée de l'Homme, le Musée d'Art Moderne, il réorganise les théâtres nationaux, développe la lecture publique et est à l'origine du CNRS. Il encourage par ailleurs le principe des bibliothèques mobiles (les bibliobus) et propose également la création du Festival de Cannes.
Engagé volontaire en 1939, il s'embarque sur le Massilia en juin 1940 avec les parlementaires opposés à l'armistice pour rejoindre l’Afrique du Nord. En octobre 1940, Vichy le condamne pour désertion en présence de l'ennemi, à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement et il est incarcéré à Riom.
C’est dans sa prison qu’il est enlevé le 20 juin 1944 par des miliciens français déguisés en résistants. Ces derniers l'abattront à Molles, dans l'Allier, puis le jetteront dans un puits. Il avait 40 ans. Son corps ne sera retrouvé qu'en 1946.
Étant juif par son père, protestant par sa mère, franc-maçon et radical de gauche... Il suscitait la haine de la part des nazis et miliciens en raison de ses convictions et de son combat contre le nazisme.
(Source : Biographie de Jean Zay / Collège Jean Zay – 95)
Pour aller plus loin :
- Jean Zay : l’inconnu de la République / Olivier Loubes
- Jean Zay : député à 27 ans, ministre à 31 ans, prisonnier politique à 36 ans, assassiné à 39 ans / Marcel Ruby
- L’affaire Jean Zay : la République assassinée / Gérard Boulanger
- Les mots de la laïcité / Patrick Cabanel
- Histoire de l’école laïque en France / Jean-Marie Gillig
- Le principe de laïcité en droit public français / Clément Benelbaz
- La laïcité par les textes, documents fondamentaux et matériaux d’enseignement / sous la direction de Gérard Bouchet et Chantal Forestal
Bonne journée
Cette citation trouve son origine dans les circulaires de Jean Zay relatives à la propagande à l’école :
En fait, il n’y a pas une mais deux circulaires Jean Zay sur la propagande à l’école. Mais l’un de ces textes est essentiel, long, détaillé, portant sur la propagande politique, avec un ajout de circonstance, spectaculairement bref, sur le prosélytisme confessionnel. En effet, la circulaire du 31 décembre 1936 n’est aucunement motivée par l’interdiction des signes religieux. Sont visés « tract », « fournitures scolaires » et « buvard », intégralement liés à « la répression de toute tentative politique s’adressant aux élèves ou les employant comme instruments ». Certes, cinq mois plus tard, le 15 mai 1937, le ministre – à l’initiative des milieux laïques ? De ceux du primaire ? – ajoute un court paragraphe placé sous le signe de l’évidence, et, à l’évidence, justement, il s’agit de rassurer les troupes laïques, auxquelles le radical Jean Zay est attaché, par un simple rappel concernant « les propagandes confessionnelles ».
Au-delà de ce déséquilibre de traitement, les deux textes sont de même ton. Ils insistent sur la « fermeté sans défaillance » que doivent montrer les recteurs dans les sanctions. Il est prévu, pour les élèves, après « un avertissement collectif et solennel », l’application de mesures d’exclusion, pouvant s’étendre jusqu’à la totalité des établissements, parce que
(Source : L’interdiction des propagandes politique et confessionnelle dans les établissements scolaires : deux circulaires de Jean Zay en 1936 et 1937 / Olivier Loubes)
On trouve en effet dans la circulaire du 31 décembre 1936 la phrase suivante :
« N9027075 JPEG 1 1DM » par Agence Meurisse — Gallica (Droits: domaine public) Bibliothèque Nationale de France.
Né le 6 août 1904 à Orléans dans le Loiret, il est un brillant élève boursier au lycée Pothier de la ville, puis un étudiant en droit, passionné de littérature et de journalisme. Il devient avocat en 1928, puis est élu député radical du Loiret en 1932.
Réélu en 1936, il devient Ministre de l'Education nationale et des Beaux-Arts de 1936 à 1939. Il reste à son poste sous les divers gouvernements du Front Populaire qui se succèdent jusqu'à sa démission le 2 septembre 1939 afin de rejoindre l'armée combattante.
Il a mis une grande volonté à démocratiser et moderniser le système scolaire français.
Nous lui devons de nombreuses réformes dans le domaine de l’éducation notamment l’unification du primaire, de nouvelles instructions pédagogiques qui invitaient déjà aux méthodes actives, l’obligation scolaire à 14 ans, l’accès aux bourses, les premiers pas des services d’orientation, l’amélioration de la formation des enseignants et le développement de la recherche pédagogique, le développement de l’éducation physique, le développement des classes transplantées…
Dans ses attributions figurait également la culture française. Dans ce domaine, il ne resta pas non plus inactif : il crée le Musée de l'Homme, le Musée d'Art Moderne, il réorganise les théâtres nationaux, développe la lecture publique et est à l'origine du CNRS. Il encourage par ailleurs le principe des bibliothèques mobiles (les bibliobus) et propose également la création du Festival de Cannes.
Engagé volontaire en 1939, il s'embarque sur le Massilia en juin 1940 avec les parlementaires opposés à l'armistice pour rejoindre l’Afrique du Nord. En octobre 1940, Vichy le condamne pour désertion en présence de l'ennemi, à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement et il est incarcéré à Riom.
C’est dans sa prison qu’il est enlevé le 20 juin 1944 par des miliciens français déguisés en résistants. Ces derniers l'abattront à Molles, dans l'Allier, puis le jetteront dans un puits. Il avait 40 ans. Son corps ne sera retrouvé qu'en 1946.
Étant juif par son père, protestant par sa mère, franc-maçon et radical de gauche... Il suscitait la haine de la part des nazis et miliciens en raison de ses convictions et de son combat contre le nazisme.
(Source : Biographie de Jean Zay / Collège Jean Zay – 95)
Pour aller plus loin :
- Jean Zay : l’inconnu de la République / Olivier Loubes
- Jean Zay : député à 27 ans, ministre à 31 ans, prisonnier politique à 36 ans, assassiné à 39 ans / Marcel Ruby
- L’affaire Jean Zay : la République assassinée / Gérard Boulanger
- Les mots de la laïcité / Patrick Cabanel
- Histoire de l’école laïque en France / Jean-Marie Gillig
- Le principe de laïcité en droit public français / Clément Benelbaz
- La laïcité par les textes, documents fondamentaux et matériaux d’enseignement / sous la direction de Gérard Bouchet et Chantal Forestal
Bonne journée
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