Question d'origine :
Pourquoi la prise d'héroïne provoque-t-elle des démangeaisons?
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 05/04/2005 à 12h39
Les démangeaisons survenant suite à la prise d'héroïne sont un des signes de la dépendance physique qu'entraînent certaines drogues :
On distingue deux types de dépendances :
·
·
Les opiacés regroupent la morphine et ses dérivés tels que l'héroïne et la méthadone.
En dehors des effets psychotropes, l'usage des opiacés provoque de la constipation, sécheresse de la bouche, démangeaison, règles irrégulières et à un niveau plus grave des troubles gastro-intestinaux et de la dépression respiratoire. Ces drogues entraînent de la dépendance et de la tolérance. Le syndrome de sevrage (= le manque) comprend des insomnies, douleurs musculaires et articulaires, des nausées, diarrhées, tremblements, sueurs.
La morphine et ses dérivés agissent sur les récepteurs métabotropiques des opiacés endogènes (enképhalines, dynorphines et endorphines). Ces récepteurs sont couplée à l’adénylate cyclase négativement via Gi/o, ils modulent aussi la probabilité d’ouverture de canaux ioniques ce qui leur permet de contrôler l’excitabilité des neurones. Il existe 3 sortes de récepteurs : mu, delta et kappa très largement distribués dans le cerveau.
Les actions psychotropes des opiacés passent par l’inhibition de l’adénylate cyclase et, par voie de conséquence, conduisent à la déphosphorylation des canaux sodiques et calcique. De plus, par l’intermédiaire de la protéine de couplage Gi/o, les opiacés activent des canaux potassiques. Il s’en suit une hyperpolarisation inhibante des neurones par ouverture des canaux potassiques et fermetures des canaux sodiques et calciques ( Figure de l'activation des récepteurs mu ). L’effet euphorisant des opiacés est médiés par les récepteurs mu et delta. Par contre, l’activation des récepteurs kappa est aversif et entraîne des troubles de l’humeur.
La dépendance est principalement causée par la stimulation des récepteurs mu des interneurones inhibiteurs (gabaergiques) de l’ATV. Des souris mutantes mu-/- ne développent pas de dépendance à la morphine ni de syndrome de sevrage ni d’analgésie. Le locus coeruleus est également particulièrement affecté par les opiacés et son dysfonctionnement serait à l’origine de la dépendance physique en se répercutant indirectement sur le système neurovégétatif. La gravité de l’addiction aux opiacés est aussi due au conditionnement environnemental qui est très puissant dans le cas de ces drogues et générateur de rechute. Ce conditionnement implique la stabilisation de certaines connexions neuronale impliquée dans la mémorisation, ainsi que la modification de l’expression génique dans les neurones .
La tolérance se développe avec la répétition des prises d’opiacés et tend à ramener le fonctionnement neuronal à un niveau homéostatique malgré l’exposition chronique aux opiacés. La compensation pourrait faire intervenir la désensibilisation des récepteurs par réduction de leurs renouvellement (turn-over) et/ou par internalisation. Cependant le processus de tolérance aux opiacés le plus connu est une augmentation d’activité basale du système de transduction de l’AMPc, constatée dans le locus coeruleus et le noyau accumbens . Pour cela, le nombre d’adénylate cyclase et de protéine kinase A augmente alors que le nombre de protéines Gi inhibitrices de l’adénylate cyclase diminue. Ce mécanisme de tolérance est aussi déclenché dans le noyau accumbens par l’alcool et la cocaïne.
.
Le « manque » résulte d’une hyperactivité neuronale causé par l’hypersensibilité réactionnelle de la synthèse de l’AMPc. En effet, les opiacés inhibent via leurs récepteurs l’adénylate cyclase productrice d’AMPc, à long terme cette inhibition est compensée par l’élévation de la capacité cellulaire de synthèse de l’AMPc, à la base de la tolérance. Cette capacité accrue est dévoilée lors du manque. Il y a alors une phosphorylation importante des canaux sodiques par la protéine kinase A (dépendante de l’AMPc) ce qui les active et produit l’hyperactivité neuronale.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter