Question d'origine :
Notre question est plus particulièrement orientée vers la différence entre les hommes t les grands singes. La différence est-elle d'ordre biologique uniquement ou bien cognitive, philosophique partial, impartial ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/09/2014 à 09h52
Bonjour,
Les différences et ressemblances entre hommes et primates anthropoïdes ont fasciné l’homme depuis l’Antiquité et ont occupé de nombreuses disciplines scientifiques. Il nous est donc impossible de lister les différences - ou des ressemblances -, comme tente de le faire le site « Hominidés ».
Une précédente réponse du Guichet, « L’homme est il un animal ? », pourrait vous intéresser.
Des travaux de recherche universitaire opèrent cette synthèse des comparaisons, domaine par domaine, comme Etude comparative des facultés d’échange chez les primates non humains , en partant des compétences humaines (ici la réciprocité du don, étudiée par le sociologue Marcel Mauss), pour l’étudier chez les primates.
Les biologistes eux-mêmes ont évolué, dans leurs présupposés. Frans de Waal, préfaçant Les grands singes : l’humanité au fond des yeux , affirme :
« Nous sommes des singes. L’histoire veut que Linné ait attribué à l’humanité un genre propre, Homo, dans le seul et unique but d’éviter les problèmes avec le Vatican. Il savait combien étaient fragiles les arguments en faveur de l’établissement d’une classification distincte. Et avec un ADN semblable à 98,5% à celui des chimpanzés et des bonobos, nous n’avons absolument aucune raison de nous en distinguer. »
Hors, le parti pris influence grandement les expériences, comme le montre Le Projet Nim, consistant, de la part d’un professeur en psychologie, à confier un bébé chimpanzé à une famille pour l’élever comme un humain pour « franchir la barrière de l’espèce », notamment par l'apprentissage de la langue des signes.
Chris Herzfeld dans sa Petite histoire des grands singes s’interroge comme vous sur les différences entre hommes et primates, mais aussi sur l’histoire du regard de l’homme sur le singe, entre fascination et crainte :
« En réponse à cette dangereuse proximité des anthropoïdes, l’Homme a, de tous temps, tenté de creuser les différences afin d’annuler les ressemblances. Jusqu’au XXe siècle, l’accent est mis sur les dissemblances intellectuelles et spirituelles. On multiplie les « propres de l’Homme » : utilisation d’outils, politique, éthique, rire, langage, bipédie. Cette histoire a cependant montré qu’ils pouvaient également être le fait d’anthropomorphes, à des degrés divers. Des recherches récentes ont également mis en évidence des traits communs sur le plan cognitif : fonction des aires cérébrales, complexité computationnelle, spécialisation hémisphérique, théorie de l’esprit, intelligence sociale, aire de Broca, gène FOXP2 (qui commande la synthèse d’une protéine à l’origine d’une mise en sommeil ou d’une activation de gènes, dont une des fonctions serait liée au langage bi-articulé et une autre, à la plasticité synaptique). »
Les chapitres de cette Petite histoire…, indispensable à lire pour réfléchir sur ces questions, développent à la fois une chronologie des rapports homme/singe et des interrogations scientifiques (dès l’Antiquité), et une histoire des disciplines qui s’y sont intéressées : de l’anatomie descriptive et comparée à l’étude des « socialités, traditions et cultures » par les primatologues.
Dans Le Propre du singe , vulgarisation des cours de « Neurophysiologie et comportement » du primatologue Jean-Jacques Petter, l’auteur affirme que « les résultats de tous ces travaux commencent à répondre aux interrogations primordiales et peuvent avoir des conséquences d’ordre philosophique et influer sur le choix de nos critères d’éducation ». Parce qu’au fond, quelle que soit la neutralité que tente d’adopter l’expérimentateur pour ne pas influencer les réponses des primates, l’étude des singes anthropoïdes répond à des questions sur notre humanité plus que sur la spécificité des primates eux-mêmes, en quoi elle intéresse la philosophie, depuis Aristote (Histoire des animaux, Livre II, ch. 8).
Bonnes lectures
Auteur inconnu, 1927. Domaine public.
Les différences et ressemblances entre hommes et primates anthropoïdes ont fasciné l’homme depuis l’Antiquité et ont occupé de nombreuses disciplines scientifiques. Il nous est donc impossible de lister les différences - ou des ressemblances -, comme tente de le faire le site « Hominidés ».
Une précédente réponse du Guichet, « L’homme est il un animal ? », pourrait vous intéresser.
Des travaux de recherche universitaire opèrent cette synthèse des comparaisons, domaine par domaine, comme Etude comparative des facultés d’échange chez les primates non humains , en partant des compétences humaines (ici la réciprocité du don, étudiée par le sociologue Marcel Mauss), pour l’étudier chez les primates.
Les biologistes eux-mêmes ont évolué, dans leurs présupposés. Frans de Waal, préfaçant Les grands singes : l’humanité au fond des yeux , affirme :
« Nous sommes des singes. L’histoire veut que Linné ait attribué à l’humanité un genre propre, Homo, dans le seul et unique but d’éviter les problèmes avec le Vatican. Il savait combien étaient fragiles les arguments en faveur de l’établissement d’une classification distincte. Et avec un ADN semblable à 98,5% à celui des chimpanzés et des bonobos, nous n’avons absolument aucune raison de nous en distinguer. »
Hors, le parti pris influence grandement les expériences, comme le montre Le Projet Nim, consistant, de la part d’un professeur en psychologie, à confier un bébé chimpanzé à une famille pour l’élever comme un humain pour « franchir la barrière de l’espèce », notamment par l'apprentissage de la langue des signes.
Chris Herzfeld dans sa Petite histoire des grands singes s’interroge comme vous sur les différences entre hommes et primates, mais aussi sur l’histoire du regard de l’homme sur le singe, entre fascination et crainte :
« En réponse à cette dangereuse proximité des anthropoïdes, l’Homme a, de tous temps, tenté de creuser les différences afin d’annuler les ressemblances. Jusqu’au XXe siècle, l’accent est mis sur les dissemblances intellectuelles et spirituelles. On multiplie les « propres de l’Homme » : utilisation d’outils, politique, éthique, rire, langage, bipédie. Cette histoire a cependant montré qu’ils pouvaient également être le fait d’anthropomorphes, à des degrés divers. Des recherches récentes ont également mis en évidence des traits communs sur le plan cognitif : fonction des aires cérébrales, complexité computationnelle, spécialisation hémisphérique, théorie de l’esprit, intelligence sociale, aire de Broca, gène FOXP2 (qui commande la synthèse d’une protéine à l’origine d’une mise en sommeil ou d’une activation de gènes, dont une des fonctions serait liée au langage bi-articulé et une autre, à la plasticité synaptique). »
Les chapitres de cette Petite histoire…, indispensable à lire pour réfléchir sur ces questions, développent à la fois une chronologie des rapports homme/singe et des interrogations scientifiques (dès l’Antiquité), et une histoire des disciplines qui s’y sont intéressées : de l’anatomie descriptive et comparée à l’étude des « socialités, traditions et cultures » par les primatologues.
Dans Le Propre du singe , vulgarisation des cours de « Neurophysiologie et comportement » du primatologue Jean-Jacques Petter, l’auteur affirme que « les résultats de tous ces travaux commencent à répondre aux interrogations primordiales et peuvent avoir des conséquences d’ordre philosophique et influer sur le choix de nos critères d’éducation ». Parce qu’au fond, quelle que soit la neutralité que tente d’adopter l’expérimentateur pour ne pas influencer les réponses des primates, l’étude des singes anthropoïdes répond à des questions sur notre humanité plus que sur la spécificité des primates eux-mêmes, en quoi elle intéresse la philosophie, depuis Aristote (Histoire des animaux, Livre II, ch. 8).
Bonnes lectures
Auteur inconnu, 1927. Domaine public.
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