Question d'origine :
Malgré l aspect quelque peu formel et emmerdant de cette question -et je m en excuse,je vous prie de bien vouloir croire qu il ne s agit pas la d un sujet de type universitaire, mais bien d une interrogation personnelle (eh oui...)
donc: peut-on dire que la traditionnelle dichotomie signifiant-signifié existante en litterature se retrouve dans une image (ou une suite d images...)cinématographique ??
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 04/04/2005 à 11h00
Pour Ferdinand de Saussure, le mot est formé de deux faces, comme les deux faces d'une pièce de monnaie :
- le signifiant est la "forme phonique" du mot prononcé, la face matérielle, physique, sensoriellement saisissable,
- le signifié est le concept, du mot que nous avons dans la tête au moment où nous l'entendons, la face immatérielle, qu'on ne peut appréhender qu'intellectuellement.
Ainsi le signe "vélo" " est formé du signifiant 'vélo ' et du concept vélo (la représentation du mot que nous avons dans l'esprit)
Pour Ferdinand de Saussure, signifiant et signifié sont inséparables. Il n'y a pas de signifié sans signifiant et pas de signifiants sans signifiés.
Pour le cinéma d'après Louis Hjelmslev, tandis que le langage oral repose sur une seule matière de l'expression, le tissu sonore phonique, le langage cinématographique en mobilise cinq : l'image photographique mouvante, les mentions écrites, le son enregistré des paroles, des bruits et de la musique… et appliquées au plan du contenu la matière désigne, une réalité non matérielle, se confondant avec le tissu sémantique, ou sens qui ne permet pas de différencier les langages qui ont tous pour fonction, de produire et d'articuler des significations...
Pour Christian Metz, le support matériel du signe est l’écran lui-même, le support physique de l’image, et donc le signifiant : c’est tout ce qui se construit dans la tête du spectateur, ce qu’il appelle la diégèse. De plus pour Christian Metz, "l’image est toujours-d’abord une image, elle reproduit dans sa littéralité perceptive le spectacle signifié dont elle est le signifiant ; par là, elle est suffisamment ce qu’elle montre pour ne pas avoir à le signifier, si l’on entend ce terme au sens de "signum facere", fabriquer spécialement un signe".
D'autre part apparemment, l'existence d'un signifiant présuppose celle du signifié, puisqu'on ne peut identifier un signifiant comme tel que s'il signifie. En réalité, les choses ne sont pas si simples, particulièrement dans le domaine du cinéma, ou nombre de figures signifiantes (cadrages, mouvements d'appareil, effets d'optique…) sont bien perçues en tant qu'éléments signifiants sans qu'on puisse toujours, cependant leur attribuer des signifiés spécifiques.
Mais ces difficultés ne remettent pas en cause le principe même de la relation signifiant/signifie… Le rapport signifiant/signifie peut s'établir de deux façons : arbitrairement (le lien est de pure convention, comme en langue), ou par motivation (quand il existe une certaine ressemblance entre les deux plans, comme dans les signes iconiques). Enfin la relation signifiant/signifié peut etre vue comme une relation en chaine, dans laquelle un signifiant génère, a un niveau donné, un signifie qui devient a son tour, a un autre niveau, le signifiant d'un autre signifié, ainsi de suite...
La question est vaste et ceci n'est qu'une ébauche de réponse. Veuillez consulter cette page : Pour une description sémiotique des objets audiovisuels.
Et ces documents disponibles à la Bibliothèque de Lyon vous permettront d'approffondir la question : 200 mots cles de la théorie du cinéma, Essais sur la signification au cinéma, de Christian Metz et Esthétique et psychologie du cinéma de Jean Mitry
DANS NOS COLLECTIONS :
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