Question d'origine :
reBonjour Guichet,
Je voudrais savoir si des animaux ont des accents. Je veux dire par là, qu'un animal serait capable de savoir qu'un de ses congénères n'est pas de la même région que lui en raison d'une façon d'émettre un bruit différente.
Je crois que la différence du bruit émis, peut parfois les faire classer dans une autre espèce, donc je parle bien d'une différence au sein d'une même espèce.
Merci beaucoup !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/06/2014 à 09h15
Bonjour,
Votre question revient à se poser la question de la part de l'inné et de l'acquis dans les systèmes de communication animale.
Existe-t-il une transmission culturelle de la communication chez les animaux ?
Les animaux ne possédant pas le langage parlé comme les humains n'ont pas d'accent au sens où vous l'entendez ; mais leurs signaux sonores, s'ils sont inscrits de manière génétique en eux, peuvent être réalisés et compris de différentes manières selon le groupe considéré puisqu'il y a bien une part d'acquis dans cette communication orale.
Comment réagira un individu isolé au sein d'un autre groupe d'individus de la même espèce ? Tout dépendra de la part de transmission sociale et culturelle de la communication animale de l'espèce considérée et de la richesse des interactions sociales au sein de ce groupe.
Voici quelques explications pour mieux comprendre :
La plupart des signes utilisés par les primates pour communiquer ne semblent pas être le résultat d’une culture, mais au contraire fixés génétiquement
¤ ex. du chant des gibbons
¤ La production des signaux vocaux semble donc à première vue très conservatrice chez les primates
Mais la compréhension de ces signaux pourrait pour sa part être plus flexible, et on pourrait très bien avoir des systèmes de compréhension des signaux cette fois spécifiques à un groupe de singes donné, soit quelque chose d’analogue à une culture, exigeant comme tel un mécanisme de transmission interindividuel et intergénérationnel.
Cf. le cas des singes vervets : la compréhension des signaux est l’objet d’un apprentissage.
source : De la communication animale au langage humain - L’animal sait-il parler ?
Quelques extraits de l'ouvrage intitulé Les clefs de la communication animale / Anne Tessèydre
Les traits morphologiques et comportementaux (le "phénotype") exprimé par les organismes résultent d'une interaction continuelle (appelée "épigénèse") entre l'information génétique brute contenue dans les cellules et le contexte chimique, physiologique et écologique au sens large dans lequel les cellules, les organes et l'organisme lui-même se développent. Le développement de comportements fonctionnels requiert une période d'expérience ou/et d'apprentissage variable, selon l'espèce et le comportement.
Concernant la communication animale, la reconnaissance des signaux déclencheurs par les organismes destinataires présente une certaine souplesse. [...] Dans la plupart des cas, le signal émis est une caractéristique strictement déterminée par le génome : un rouge-gorge n'apprend en aucune manière à posséder une gorge rouge, de même qu'un chat n'apprend pas à miauler ou une femelle de souris en chaleur à émettre une odeur attractive pour les souris mâles.
Les recherches des trente dernières années ont toutefois montré que de nombreuses espèces acquièrent par empreinte ou doivent apprendre activement certains signaux de leur répertoire : ainsi, pour pouvoir chanter correctement à l'âge adulte, un pinson mâle doit préalablement avoir entendu chanter son père (ou tout autre mâle adulte de son espèce) lorsqu'il n'était qu'un oisillon dans son nid. Plus remarquable encore , les jeunes singes vervets apprennent par imitation à maîtriser les différents cris d'alarme de leur espèce.[...]
Côté émission, la plupart des signaux de communication sont largement programmés dans le bagage génétique des organismes, et ne nécessitent guère d'apprentissage. Les jonquilles n'apprennent pas à émettre la couleur jaune de leurs fleurs, les grenouilles mâles n'apprennent pas à coasser... les hommes non plus n'apprennent pas à rire (en signe de joie), à froncer les sourcils (en signe de tracas), ou à pleurer (en signe de tristesse).
Seuls certains signaux, ou certains systèmes de signaux, doivent être appris par certains animaux à partir d'un modèle parental ou social : le chant des passereaux, le vocabulaire et la syntaxe du langage chez l'Homme, certains gestes culturels chez les primates...
A noter, la communication animale (tout comme celle de l'homme d'ailleurs) n'est pas seulement le fait d'émissions sonores. Elle se caractérise aussi par des signaux chimiques, optiques, tactiles et électriques.
Pour aller plus loin :
- Perception et communication chez les animaux [Livre] / Stéphane Tanzarella
- La symphonie animale [Livre] : comment les bêtes utilisent le son / Antonio Fischetti
- Communication animale [Revue] : le kaléidoscope des langages
Votre question revient à se poser la question de la part de l'inné et de l'acquis dans les systèmes de communication animale.
Existe-t-il une transmission culturelle de la communication chez les animaux ?
Les animaux ne possédant pas le langage parlé comme les humains n'ont pas d'accent au sens où vous l'entendez ; mais leurs signaux sonores, s'ils sont inscrits de manière génétique en eux, peuvent être réalisés et compris de différentes manières selon le groupe considéré puisqu'il y a bien une part d'acquis dans cette communication orale.
Comment réagira un individu isolé au sein d'un autre groupe d'individus de la même espèce ? Tout dépendra de la part de transmission sociale et culturelle de la communication animale de l'espèce considérée et de la richesse des interactions sociales au sein de ce groupe.
Voici quelques explications pour mieux comprendre :
La plupart des signes utilisés par les primates pour communiquer ne semblent pas être le résultat d’une culture, mais au contraire fixés génétiquement
¤ ex. du chant des gibbons
¤ La production des signaux vocaux semble donc à première vue très conservatrice chez les primates
Mais la compréhension de ces signaux pourrait pour sa part être plus flexible, et on pourrait très bien avoir des systèmes de compréhension des signaux cette fois spécifiques à un groupe de singes donné, soit quelque chose d’analogue à une culture, exigeant comme tel un mécanisme de transmission interindividuel et intergénérationnel.
Cf. le cas des singes vervets : la compréhension des signaux est l’objet d’un apprentissage.
source : De la communication animale au langage humain - L’animal sait-il parler ?
Quelques extraits de l'ouvrage intitulé Les clefs de la communication animale / Anne Tessèydre
Les traits morphologiques et comportementaux (le "phénotype") exprimé par les organismes résultent d'une interaction continuelle (appelée "épigénèse") entre l'information génétique brute contenue dans les cellules et le contexte chimique, physiologique et écologique au sens large dans lequel les cellules, les organes et l'organisme lui-même se développent. Le développement de comportements fonctionnels requiert une période d'expérience ou/et d'apprentissage variable, selon l'espèce et le comportement.
Concernant la communication animale, la reconnaissance des signaux déclencheurs par les organismes destinataires présente une certaine souplesse. [...] Dans la plupart des cas, le signal émis est une caractéristique strictement déterminée par le génome : un rouge-gorge n'apprend en aucune manière à posséder une gorge rouge, de même qu'un chat n'apprend pas à miauler ou une femelle de souris en chaleur à émettre une odeur attractive pour les souris mâles.
Les recherches des trente dernières années ont toutefois montré que de nombreuses espèces acquièrent par empreinte ou doivent apprendre activement certains signaux de leur répertoire : ainsi, pour pouvoir chanter correctement à l'âge adulte, un pinson mâle doit préalablement avoir entendu chanter son père (ou tout autre mâle adulte de son espèce) lorsqu'il n'était qu'un oisillon dans son nid. Plus remarquable encore , les jeunes singes vervets apprennent par imitation à maîtriser les différents cris d'alarme de leur espèce.[...]
Côté émission, la plupart des signaux de communication sont largement programmés dans le bagage génétique des organismes, et ne nécessitent guère d'apprentissage. Les jonquilles n'apprennent pas à émettre la couleur jaune de leurs fleurs, les grenouilles mâles n'apprennent pas à coasser... les hommes non plus n'apprennent pas à rire (en signe de joie), à froncer les sourcils (en signe de tracas), ou à pleurer (en signe de tristesse).
Seuls certains signaux, ou certains systèmes de signaux, doivent être appris par certains animaux à partir d'un modèle parental ou social : le chant des passereaux, le vocabulaire et la syntaxe du langage chez l'Homme, certains gestes culturels chez les primates...
A noter, la communication animale (tout comme celle de l'homme d'ailleurs) n'est pas seulement le fait d'émissions sonores. Elle se caractérise aussi par des signaux chimiques, optiques, tactiles et électriques.
Pour aller plus loin :
- Perception et communication chez les animaux [Livre] / Stéphane Tanzarella
- La symphonie animale [Livre] : comment les bêtes utilisent le son / Antonio Fischetti
- Communication animale [Revue] : le kaléidoscope des langages
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