emblème de la royauté francaise
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 14/06/2014 à 16h04
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Question d'origine :
Pouvez-vous me dire quand, à quelle occasion, etc. les fleurs de lys sont devenues l´emblème de la royauté française.
J´ai lu ou entendu (mais cela peut-il être vrai ...?) qu´avant les lys ... c´étaient des crapauds (!) ....
Pourquoi des lys dorés, pourquoi le fond bleu ...
Merci pour votre réponse.
Cordialement,
Dominique Dérubé
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 16/06/2014 à 13h36
Bonjour,
Le symbole de la fleur de lis (qui, d’un point de vue esthétique, a peu de rapports avec la fleur véritable), et son association à la royauté, sont très anciens :
Les plus anciens exemples de fleurs de lis semblables à celles dont on a fait usage en Europe occidentale au Moyen Age prennent place sur des sceaux et des bas-reliefs assyriens du troisième millénaire avant notre ère. Elles y décorent des tiares, des colliers, des sceptres et semblent déjà jouer le rôle d’attributs royaux.
Source : Une histoire symbolique du Moyen-Age occidental, Michel Pastoureau
La version que vous évoquez (où la fleur de lys aurait remplacé des crapauds sur l’écusson du roi de France) est une légende mettant en scène Clovis et sa femme Clotilde :
Des lys et des crapauds
Une légende […] raconterait que, près de l’ancienne foret de Saint Germain en Laye où le couple royal avait l’habitude de séjourner, la Reine Clotilde, très croyante, consultait souvent un ermite. Et un jour, alors qu’il priaient, un ange se serait présenté à eux, leur demandant de changer le drapeau orné de crapauds (symbole qui pourrait aussi être un dérivé de la fleur), par trois fleurs de lys.
Source : Eurodrapeau
Cette légende eut la vie longue. Malgré les coups que lui ont portés les érudits du XVIIe siècle, elle se rencontre encore sous la plume d’historiens de l’époque romantique et du Second Empire, qui y cherchent une vérité historique. Aujourd’hui, cependant, la sage opinion des érudits d’Ancien Régime ne peut plus être contestée. Il n’existe pas d’armoiries, nulle part en Europe, avant le milieu du XIIe siècle, et le roi de France est loin d’être un des premiers princes à en avoir fait usage. Il faut en effet attendre l’année 1211 pour voir, sur un sceau, un prince capétien porter le célèbre écu semé de fleurs de lis. Et encore ne s’agist-il pas du roi Philippe-Auguste lui-même mais seulement de son fils aîné, le prince Louis, futur roi sous le nom de Louis VIII (1223-1226).
En fait, au milieu du XIIe siècle, lorsque naissent les armoiries et que le système héraldique se met en place en Angleterre, en Ecosse, en France, aux Pays-Bas, dans la vallée du Rhin, en Suisse et en Italie du nord, la fleur de lis n’a encore aucune relation privilégiée avec la monarchie française. Cette fleur […] constitue à la fois un très ancien symbole de souveraineté – qu’utilisent depuis longtemps la plupart des rois d’Occident – et un attribut marial dont l’apparition est plus récente. Or,c’est probablement dans un contexte religieux qu’il faut situer la genèse de la fleur de lis des rois capétiens . Sous l’influence de Suger et de Saint Bernard, deux prélats qui vouaient une dévotion personnelle à la Vierge et qui se sont efforcés de placer le royaume de France sous sa protection, Louis VI d’abord (1108-1137), Louis VII ensuite (1137-1180) ont progressivement introduit la fleur de lis dans le répertoire des insignes et des attributs de la monarchie française . Dans la seconde moitié du règne de Louis VII – qui fut le plus pieux des premiers rois capétiens -, son usage emblématique et symbolique va même en s’intensifiant. Elle n’est pas encore héraldique, mais elle est déjà pleinement mariale et royale. Le roi de France l’emploie désormais plus que tout autre souverain. Finalement, lorsque deux ou trois décennies plus tard, à l’horizon des années 1180, on cherche dans l’entourage du jeune Philippe Auguste un emblème héraldique pour prendre place dans les armoiries royales alors en gestation, on pense naturellement à cette figure qui depuis deux règnes déjà entretient avec la monarchie capétienne des relations étroites et souligne la protection privilégiée que la reine des cieux accorde au royaume de France . Le problème reste de savoir à partir de quand Philippe Auguste use de véritables armoiries semées de fleurs de lis, que reprendront tous ses successeurs jusqu’à Charles V.[…] Il est difficile de répondre à cette question dans l’état actuel de notre documentation. Pour l’heure, le plus ancien témoignage figuré de cet écu fleurdelisé reste le sceau du prince Louis. Il ne nous fait pas connaître les couleurs des armoiries royales. Pour cela, il faudra attendre quelques années encore : c’est une verrière haute de la cathédrale de Chartres, datant des années 1215-1216, qui la première montre en couleurs les armoiries capétiennes : d’azur semé de fleurs de lis d’or.
Quoi qu’il en soit de la date d’adoption définitive de l’écu d’azur semé de fleurs de lis d’or, le roi capétien, à partir du règne de Philippe Auguste, grâce à cet emblème floral qu’il possède désormais en commun avec la mère du Christ, apparaît vraiment sur son sceau et dans ses armoiries comme un médiateur entre le ciel et la terre, c’est-à-dire entre Dieu et les sujets de son royaume . Son prestige dynastique s’en trouve renforcé et son programme monarchique, tout tracé.
[…]Ce caractère sacré de la monarchie française et l’origine célestielle de sa mission sont bien mis en valeur dans les armoiries par la disposition particulière des fleurs de lis d’or sur le champ d’azur . Depuis le règne de Philippe Auguste, le roi de France, dans son écu, sur sa bannière, sur ses vêtements, ne porte pas une ou trois fleurs de lis, mais un semé de fleurs de lis, dont le nombre n’est pas fixé. […] la disposition en semé rêvet […] une forte dimension symbolique : c’est une structure constellée, un ciel étoilé, une image cosmique qui, ici encore, souligne les origines divines de ces armoiries et le lien privilégié qui unit le roi du ciel et le roi de France, son représentant sur la terre. Dans l’iconographie médiévale, le décor en semé est presque toujours associé à l’idée de sacré.
Source : Une histoire symbolique du Moyen-Age occidental, Michel Pastoureau
Plus tard, le semé sera réduit à trois fleurs de lis, en référence à la symbolique de la trinité.
Pour aller plus loin :
Wikipedia
Le symbole de la fleur de lis (qui, d’un point de vue esthétique, a peu de rapports avec la fleur véritable), et son association à la royauté, sont très anciens :
Les plus anciens exemples de fleurs de lis semblables à celles dont on a fait usage en Europe occidentale au Moyen Age prennent place sur des sceaux et des bas-reliefs assyriens du troisième millénaire avant notre ère. Elles y décorent des tiares, des colliers, des sceptres et semblent déjà jouer le rôle d’attributs royaux.
Source : Une histoire symbolique du Moyen-Age occidental, Michel Pastoureau
La version que vous évoquez (où la fleur de lys aurait remplacé des crapauds sur l’écusson du roi de France) est une légende mettant en scène Clovis et sa femme Clotilde :
Une légende […] raconterait que, près de l’ancienne foret de Saint Germain en Laye où le couple royal avait l’habitude de séjourner, la Reine Clotilde, très croyante, consultait souvent un ermite. Et un jour, alors qu’il priaient, un ange se serait présenté à eux, leur demandant de changer le drapeau orné de crapauds (symbole qui pourrait aussi être un dérivé de la fleur), par trois fleurs de lys.
Source : Eurodrapeau
Cette légende eut la vie longue. Malgré les coups que lui ont portés les érudits du XVIIe siècle, elle se rencontre encore sous la plume d’historiens de l’époque romantique et du Second Empire, qui y cherchent une vérité historique. Aujourd’hui, cependant, la sage opinion des érudits d’Ancien Régime ne peut plus être contestée. Il n’existe pas d’armoiries, nulle part en Europe, avant le milieu du XIIe siècle, et le roi de France est loin d’être un des premiers princes à en avoir fait usage. Il faut en effet attendre l’année 1211 pour voir, sur un sceau, un prince capétien porter le célèbre écu semé de fleurs de lis. Et encore ne s’agist-il pas du roi Philippe-Auguste lui-même mais seulement de son fils aîné, le prince Louis, futur roi sous le nom de Louis VIII (1223-1226).
En fait, au milieu du XIIe siècle, lorsque naissent les armoiries et que le système héraldique se met en place en Angleterre, en Ecosse, en France, aux Pays-Bas, dans la vallée du Rhin, en Suisse et en Italie du nord, la fleur de lis n’a encore aucune relation privilégiée avec la monarchie française. Cette fleur […] constitue à la fois un très ancien symbole de souveraineté – qu’utilisent depuis longtemps la plupart des rois d’Occident – et un attribut marial dont l’apparition est plus récente. Or,
[…]
Source : Une histoire symbolique du Moyen-Age occidental, Michel Pastoureau
Plus tard, le semé sera réduit à trois fleurs de lis, en référence à la symbolique de la trinité.
Wikipedia
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