Question d'origine :
Savez-vous quand et dans quelle ville sont apparus les 1ers lambrequins aux fenêtres ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/05/2014 à 10h22
Bonjour,
Dans différentes réponses précédentes (voir en particulier D'où viennent les lambrequins de Lyon ? et études sur les lambrequins de la croix-Rousse), nous présentions l’étymologie du sens « lambrequin » et expliquions que ce mot revêtait plusieurs acceptations en décoration, architecture ou héraldique, sans toutefois réussir à trouver l’origine exacte.
Nous ne pouvons aujourd’hui vous donner une date exacte mais il est en revanche possible de lier l’essor (et non l’origine) du lambrequin, au XIXe siècle avec une invention, la scie à bras.
Ainsi, Michel Vernes dans l’article Le chalet infidèle ou les dérives d’une architecture vertueuse et de son paysage de rêve, rappelle que la maison Quétel-Trémois s’est spécialisée dès la Monarchie de Juillet dans la fabrication des différentes machines à découper le bois que requiert la production en masse de traverses pour chemins de fer, de wagons et de maisons de garde qui deviendront bientôt des chalets. Ce n’est certes pas la scie à bras qui aurait pu débiter les planches exigées par les industries en plein développement des « transports mécaniques » et du bâtiment. En 1842, elle propose la première scie à ruban ou scie Perrin du nom de son inventeur, qui va permettre de multiplier à l’infini les lambrequins ajourés et dentelés qui seront fixés aux toitures des chalets pour accuser leur caractère pittoresque.
Cet essor est confirmé dans le journal Sud Ouest du samedi 13 décembre 2003, « Le lambrequin. Chronique du patrimoine » :
L'événement rare dans l'histoire de l'architecture : l'invention d'une machine, au XIXe siècle, a fortement marqué à cette époque la décoration de l'architecture balnéaire en général et des villas arcachonnaises en particulier. Cet outil nouveau, la scie automatique à découper, a permis de débiter des kilomètres de lambrequin, un bandeau découpé et parfois ajouré, formé de véritables stalactites de dentelle descendant des rives du toit et cachant ainsi le fort utile, mais peu décoratif créneau. Un signe d'une époque où le portail de service se camoufle loin de l'entrée principale. Ce lambrequin connaît des variantes : on le trouve parfois en métal ou bien fabriqué d'une pièce ou de lattes de bois juxtaposées, auquel cas, il forme un lattis de bois.
Le Centre de ressources et d’information technique insiste également sur le rôle essentiel de la découverte de la scie dans l’architecture :
C'est probablement sous l'influence de la Suisse que la technique du bois découpé apparaît en France au milieu du XIXème siècle.
Il ne s'agit pas, comme en Amérique, d'une révolution qui affecte les structures constructives, mais d'une nouvelle approche de l'ornementation qui acquiert son autonomie dans une production industrielle.
(…)
Les lambrequins en bois courant le long des rives de toit, les frises découpant leur dentelle sur les saillies des marquises ou venant dissimuler sous les linteaux les jalousies et autres stores que l'on remonte, témoignent de la vitalité du bois pittoresque.
L'entreprise Waaser et Bougleux est une des premières à appliquer en France le «dessin au bois découpé mécaniquement». En fabricant industriellement des planches en bois découpé, elle ne répond pas seulement à une demande, elle crée une offre de composants qui, indépendamment de projets précis, ouvrent une voie royale à l'industrialisation des produits du bâtiment
Le site du Conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement de l’Ile de la Réunion évoque aussi l’importante essor du lambrequin au XIXe siècle.
Quant à son origine précise, nous ne saurons vous la mentionner. Un document produit par la DRAC Rhône Alpes sur les « systèmes d’occultation » rappelle que les jalousies et lambrequin sont apparues à la fin du XVIIIème siècle et sont fréquentes dans les immeubles de rapport. Elles se partagent ainsi le paysage urbain des centres anciens avec les persiennes. Elles constituent la règle générale sur Lyon sur les immeubles du XVIIIème siècle au XXème siècle.
Par conséquence, l’origine est autre et peut être même bien plus ancienne. Actuellement Ma Chi-Fang réalise une thèse à l’Université Paris 1 sur « Le lambrequin. L’épopée légendaire d’un motif décoratif entre Orient et Occident, aux XVIIe et XVIIIe siècles » et parallèlement, dans L’art du Bois à Sanaa, Guillemette Bonnenfant et Paul Bonnenfant rapprochent l’idée de lambrequin à celui des kunna :
Les kunna sont des auvents placés au-dessus des fenêtres et dans le haut des moucharabiehs qu’ils protègent de la pluie et du soleil1. Ils présentent un toit plat horizontal, large de 30 à 40 cm, sur lequel est fixée une partie tombante mesurant 10 à 20 cm de haut, que nous pouvons assimiler à un lambrequin.
Dans ce sens, Maryse Bideault dans l’article Menuiserie, bois tournés et moucharabiehs mentionne deux ouvrages, La Description de l’Égypte (1809) ainsi que l’Art arabe arabe d’après les monuments du Kaire depuis le VIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe (1877) qui tous deux vantent déjà l’habileté des tourneurs sur bois du Caire et le niveau avancé de leur industrie. Vous y trouverez ainsi de nombreux exemples de lambrequins.
Nous vous laissons donc poursuivre les recherches dans ce sens ….
Dans différentes réponses précédentes (voir en particulier D'où viennent les lambrequins de Lyon ? et études sur les lambrequins de la croix-Rousse), nous présentions l’étymologie du sens « lambrequin » et expliquions que ce mot revêtait plusieurs acceptations en décoration, architecture ou héraldique, sans toutefois réussir à trouver l’origine exacte.
Nous ne pouvons aujourd’hui vous donner une date exacte mais il est en revanche possible de lier l’essor (et non l’origine) du lambrequin, au XIXe siècle avec une invention, la scie à bras.
Ainsi, Michel Vernes dans l’article Le chalet infidèle ou les dérives d’une architecture vertueuse et de son paysage de rêve, rappelle que la maison Quétel-Trémois s’est spécialisée dès la Monarchie de Juillet dans la fabrication des différentes machines à découper le bois que requiert la production en masse de traverses pour chemins de fer, de wagons et de maisons de garde qui deviendront bientôt des chalets. Ce n’est certes pas la scie à bras qui aurait pu débiter les planches exigées par les industries en plein développement des « transports mécaniques » et du bâtiment. En 1842, elle propose la première scie à ruban ou scie Perrin du nom de son inventeur, qui va permettre de multiplier à l’infini les lambrequins ajourés et dentelés qui seront fixés aux toitures des chalets pour accuser leur caractère pittoresque.
Cet essor est confirmé dans le journal Sud Ouest du samedi 13 décembre 2003, « Le lambrequin. Chronique du patrimoine » :
L'événement rare dans l'histoire de l'architecture : l'invention d'une machine, au XIXe siècle, a fortement marqué à cette époque la décoration de l'architecture balnéaire en général et des villas arcachonnaises en particulier. Cet outil nouveau, la scie automatique à découper, a permis de débiter des kilomètres de lambrequin, un bandeau découpé et parfois ajouré, formé de véritables stalactites de dentelle descendant des rives du toit et cachant ainsi le fort utile, mais peu décoratif créneau. Un signe d'une époque où le portail de service se camoufle loin de l'entrée principale. Ce lambrequin connaît des variantes : on le trouve parfois en métal ou bien fabriqué d'une pièce ou de lattes de bois juxtaposées, auquel cas, il forme un lattis de bois.
Le Centre de ressources et d’information technique insiste également sur le rôle essentiel de la découverte de la scie dans l’architecture :
C'est probablement sous l'influence de la Suisse que la technique du bois découpé apparaît en France au milieu du XIXème siècle.
Il ne s'agit pas, comme en Amérique, d'une révolution qui affecte les structures constructives, mais d'une nouvelle approche de l'ornementation qui acquiert son autonomie dans une production industrielle.
(…)
Les lambrequins en bois courant le long des rives de toit, les frises découpant leur dentelle sur les saillies des marquises ou venant dissimuler sous les linteaux les jalousies et autres stores que l'on remonte, témoignent de la vitalité du bois pittoresque.
L'entreprise Waaser et Bougleux est une des premières à appliquer en France le «dessin au bois découpé mécaniquement». En fabricant industriellement des planches en bois découpé, elle ne répond pas seulement à une demande, elle crée une offre de composants qui, indépendamment de projets précis, ouvrent une voie royale à l'industrialisation des produits du bâtiment
Le site du Conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement de l’Ile de la Réunion évoque aussi l’importante essor du lambrequin au XIXe siècle.
Quant à son origine précise, nous ne saurons vous la mentionner. Un document produit par la DRAC Rhône Alpes sur les « systèmes d’occultation » rappelle que les jalousies et lambrequin sont apparues à la fin du XVIIIème siècle et sont fréquentes dans les immeubles de rapport. Elles se partagent ainsi le paysage urbain des centres anciens avec les persiennes. Elles constituent la règle générale sur Lyon sur les immeubles du XVIIIème siècle au XXème siècle.
Par conséquence, l’origine est autre et peut être même bien plus ancienne. Actuellement Ma Chi-Fang réalise une thèse à l’Université Paris 1 sur « Le lambrequin. L’épopée légendaire d’un motif décoratif entre Orient et Occident, aux XVIIe et XVIIIe siècles » et parallèlement, dans L’art du Bois à Sanaa, Guillemette Bonnenfant et Paul Bonnenfant rapprochent l’idée de lambrequin à celui des kunna :
Les kunna sont des auvents placés au-dessus des fenêtres et dans le haut des moucharabiehs qu’ils protègent de la pluie et du soleil1. Ils présentent un toit plat horizontal, large de 30 à 40 cm, sur lequel est fixée une partie tombante mesurant 10 à 20 cm de haut, que nous pouvons assimiler à un lambrequin.
Dans ce sens, Maryse Bideault dans l’article Menuiserie, bois tournés et moucharabiehs mentionne deux ouvrages, La Description de l’Égypte (1809) ainsi que l’Art arabe arabe d’après les monuments du Kaire depuis le VIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe (1877) qui tous deux vantent déjà l’habileté des tourneurs sur bois du Caire et le niveau avancé de leur industrie. Vous y trouverez ainsi de nombreux exemples de lambrequins.
Nous vous laissons donc poursuivre les recherches dans ce sens ….
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