A propos de quelques arpents de glace en Canada*
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 28/03/2005 à 19h14
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Question d'origine :
Bonjour, c'est une joie de tomber sur un site avec un service comme le votre.
Service que je m'en vais de ce pas tester, par 3 questions d'histoire qui me turlupinent...
Pourquoi, lors des négociations franco-américaines, avec la Grande-Bretagne à l'issue de la guerre d'indépendance américaine, la France n'a t'elle pas exigée, en plus de la Louisianne, la restitution du Québec perdu lors de la guerre de 7 ans ?
En 1763 lors du Traité de Paris, le Duc de Choiseul soutira à l'Angleterre la rétrocession de l'Archipel de St-Pierre et Miquelon, pour "compenser" la perte "des arpents de glace" canadiens. Pourquoi ne pas en avoir exigé plus, par la rétrocession de l'ancienne Nouvelle-France ?
Quel a été alors, l'intérêt de demander St-Pierre & Miquelon ?
Merci de vos réponses !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 31/03/2005 à 14h05
Il semble que l’intérêt porté par les français à St Pierre et Miquelon serait principalement dû à la volonté de conserver les
L’article 6 du traité le mentionne explicitement :
« Le Roy de la Grande Bretagne cede les Isles de St Pierre & de Miquelon, en toute Proprieté, à Sa Majesté Très Chretienne, pour servir d'Abri aux Pêcheurs François; Et Sa dite Majesté Très Chretienne s'oblige à ne point fortifier les dites Isles, à n'y établir que des Batimens civils pour la Commodité de la Pêche, & à n'y entretenir qu'une Garde de cinquante Hommes pour la Police. »
Pour plus de détails, voir le site de l’Université Laval, ville de Québec.
« Le traité de Paris de 1763 sanctionne la victoire de l'Angleterre. Le domaine colonial français est considérablement réduit… Dans l'ensemble, l'opinion française est satisfaite. On a souvent cité les propos de Voltaire dans Candide. Ils datent de 1758, alors qu'on se battait au Canada : « Vous savez que deux nations font la guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada et qu'elles dépensent pour cette belle guerre plus que le Canada ne vaut. » Ce qui compte, c'est le commerce. Les compagnies de commerce « dérogeraient à leur institution si elles devenaient conquérantes ». Tel est le jugement que porte l'Encyclopédie à l'article « Colonies ». La France sauvegarde ce qui est alors essentiel : Gorée, relais pour le trafic des esclaves, le droit de pêche au Canada et surtout les Antilles dont le trafic représentait 20 p. 100 du commerce extérieur français. Ce commerce associait en effet l'importation des produits des plantations, leur réexportation, l'exportation vers les colonies des fabrications françaises et la traite négrière…
in l’Encyclopaedia Universalis.
Nous vous conseillons les ouvrages suivants :
• La Fin de l’ancien régime et la révolution américaine par Philippe Sagnac et Louis Halphen
• Le siècle de Louis XV par Pierre Gaxotte, en particulier le chapitre « La France peut être heureuse sans Québec » où sont rapportés les propos de Voltaire sur le Canada : « arpents de neige, déserts glacés, terrains sauvages, terres stériles », « le Canada coûtait beaucoup et rapportait très peu… En voulant le soutenir, on a perdu cent années de peine avec tout l’argent prodigué sans retour… », « pays couvert de neiges et de glaces huit mois de l’année, habité par des barbares, des ours et des castors… », « si j’osais, je vous conjurerais à genoux de débarrasser pour jamais du Canada le ministère de la France… », « Je voudrais que le Canada fût au fond de la mer glaciale ».
En résumé, il semble que la France n’ait pas exigé la restitution du Québec parce cette terre était considérée comme sans valeur et sans avenir.
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