Question d'origine :
Au début du siècle dernier la Ville de Lyon a fait apposer sur chaque véhicule circulant dans le Parc de la Tête d'Or une plaque d'immatriculation . Est-elle précurseur des plaques actuelles?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 21/03/2014 à 10h45
Bonjour,
C'est en effet le cas.
On lit sur le site Les immatriculations de la belle époque :
Tout commence en 1900 lorsque les promeneurs du parc de la tête d'Or à Lyon se plaignent d'être empoussiérés par les automobilistes qui circulent dans les allées. Un système est alors mis en place qui oblige les propriétaires d'automobiles à apposer un numéro bien visible à l'arrière de leur véhicule. Ce numéro permet de repérer les automobilistes qui rouleraient trop vite et soulèveraient ainsi trop de poussière. À la sortie du parc, les automobilistes rendent ce numéro pour qu'il puisse ensuite être utilisé par un autre chauffeur.
À partir du 31 juillet 1900, tous les propriétaires de voitures domiciliés à Lyon reçoivent un numéro personnel. Les touristes ou les véhicules en transit reçoivent, en entrant dans la ville, un numéro provisoire, qu'ils rendent en sortant à l'octroi de Lyon. Il faut savoir qu'à l'époque la traversée de Lyon était quasiment le seul itinéraire possible pour une voiture. De ce fait la mesure est jugée très impopulaire mais son boycott reste très difficile à mettre en œuvre pour ses détracteurs !
Un décret du 10 septembre 1901 étend ce système à l'ensemble du territoire français. Ce décret impose pour les véhicules dépassant la vitesse de 30 km/h un numéro apposé à l'avant et à l'arrière du véhicule.
Ce numéro doit être lisible de jour comme de nuit. Malgré cela, certains automobilistes récalcitrants huilaient sans modération la plaque arrière et, grâce à la poussière qui venait se coller sur la plaque ainsi huilée, celle-ci devenait illisible.
Avant la publication du décret ci-dessus, un décret du 10 mars 1899 obligeait les propriétaires de véhicules à se faire enregistrer à la Préfecture du département en précisant le véhicule, son numéro de châssis et bien sûr le nom du propriétaire.
Une vérification dans la presse régionale de l’époque permet de confirmer ces informations :
Lyon-Sport, 1900-03-24
L'Arrêté municipal sur les automobiles.
On parle beaucoup, en ce moment, de l'arrêté que vient de prendre M. le Maire de Lyon relativement aux automobiles, qui ne devront pas dépasser en ville la vitesse de 10 kilomètres à l'heure. Mais l'article le plus extraordinaire de cet arrêté retardataire est l'article 3 ainsi conçu : « Pour entrer au Parc, le permissionnaire devra montrer son autorisation au garde de service, qui prendra note de ses nom, prénoms et domicile et lui remettra son numéro d'ordre destiné à être suspendu de façon très apparente au véhicule Ce numéro sera rendu au garde placé à l'une quelconque des sorlies. A défaut, la permission sera retirée. »
On trouvera dans Lyon-Sport, 1900-03-31 une transcription de l’arrêté concernant la circulation des automobiles au Parc de la Tête d’Or
Lyon-Sport, 1900-09-15
La mesure est imposée à l’ensemble de la circulation dans la ville :
AUTOmOBlMSmE
Paperasserie.
Plusieurs fois déjà, il m'est arrivé de rencontrer des personnes embarrassées parce qu'elles ne savaient comment s'y prendre pour sortir du dédale des formalités relatives aux numéros des voitures. -
Pensant être utile à d'autres, je vais donner des indications sur la marche à suivre:
Formalités préalables. — Ecrire au service des mines, rue d'Enghien, en exposant qu'on est propriétaire d'un véhicule automobile, et que l'on désire passer un examen pour l'obtention du certificat de capacité ; — joindre sa photographie à la demande.
L'Ingénieur répond en fixant un rendez-vous; à l'heure et au jour dit, se présenter avec le véhicule en question.
— Huit on dix jours après, aller à la préfecture, où l'on vous délivre un brevet rouge.
— 11 ne reste plus ensuite à remplir que les formalités relatives aux numéros. Pour cela:
— Se, procurer dans la maison où l'on a acheté voiture ou tricycle, un certificat contenant la description du dit véhicule et attestant toutes les
exigences voulues par la loi.
—Muni de ce certificat, faire sur papier timbré de 0fr.60 une demande à la préfecture, dans laquelle on fait la déclaration de possession nécessaire pour l'obtention du numéro.
La préfecture vous délivre un récépissé gris, cette fois, avec lequel on va à la mairie.
Il ne reste plus qu'à demander un numéro. On vous le donne... et franchement ce n'est pas trop tôt.
Notons, en passant, qu'on peut se faire délivrer un numéro, sans posséder le brevet de capacité.
L’élargissement de la mesure à l’ensemble de la ville n’ira pas sans quelques grincements de dents de la part des étrangers obligés au passage de l’octroi de demander un numéro de circulation.
Lyon-Sport, 1900-12-08
Éviter Lyon. — En réponse à un article de notre confrère le Vélo intitulé « Evitez Lyon », nous nous empressons d'informer les propriétaires de voitures automobiles, que la traversée de notre ville n'offre aucune difficulté, et ne comporte pas de paperasserie.
Tout chauffeur, pourvu de son brevet (ce brevet n'est pas spécial à Lyon), reçoit à son passage à l'octroi, un numéro qu'il accroche à sa voiture, et qu'il rend à sa sortie de la ville.
Ce n'est ni long, ni compliqué et nous ne voyons pas en quoi cette mesure si simple pourrait prendre la forme et la dimension d'un immense épouvantail.
Voir aussi Lyon-Sport, 1900-12-22
source : www.culture-generale.fr : Date de la première plaque d’immatriculation
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