Big Bang, images et représentations
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/03/2014 à 19h34
410 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis très intéressée par tout ce qui touche aux origines de l'univers. Aussi aurais-je aimé connaître les différentes représentations scientifique, philosophique mais aussi artistique que l'Homme se fait du Big Bang. Comment l'évolution des découvertes sur l'origine de l'univers nous influence-t-il ?
Je vous remercie d'avance pour votre réponse.
Cordialement,
LARIPPE Laure
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 11/03/2014 à 12h25
Bonjour,
Comment est-on passé de rien à quelque-chose ? C’est la question métaphysique que posait Leibniz au XVIIe siècle. Le modèle du Big Bang, développé depuis les années 1920, a certainement eu un impact fort sur notre manière de concevoir l’univers et le temps, mais il répond avant tout à une question scientifique. Il n’a pas de prétention philosophique, et encore moins religieuse :
Que peut bien pouvoir dire la philosophie sur le big-bang et l’énergie dont il est la source ? La tradition philosophique ne peut être mobilisée pour réfléchir sur une notion apparue au XXe siècle. Pourtant les conséquences qu’implique cette «explosion originelle» sont de première importance pour la pensée. Le big-bang inscrit la réalité dans une histoire et un devenir. Nous ne pouvons plus, comme le croyait au XIXe siècle le philosophe allemand Hegel, opposer la nature, censée être immuable et répétitive en raison de ses cycles, et l’Histoire humaine, considérée comme inédite. La science nous a appris que l’univers possède lui aussi une histoire, faite d’événements inédits, à partir de cette «singularité», qu’est le big-bang.
Qu’y avait-il avant lui ? La question n’a pas vraiment de sens, puisque cet événement est considéré comme le point de départ du temps, de l’espace et de la matière. Aussi, il est tentant de le rapprocher de la notion de création ex nihilo et même de «fiat lux», ce moment où, selon la Bible, Dieu fait être la lumière en proférant les paroles «Que la lumière soit !». Ce n’est pourtant pas le rapprochement que choisit de faire le chanoine catholique belge Georges Lemaître, lorsqu’il proposa en 1927 sa théorie d’un univers en expansion. Le big-bang est une explication d’ordre scientifique, soucieuse d’éviter tout mélange des genres, et qui fournit la réponse spécifique de la science à la question traditionnelle de la métaphysique, telle que le philosophe allemand Leibniz l’avait formulée au XVIIe siècle : «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?».
Ce modèle, surtout, renoue avec l’origine étymologique du mot «énergie», issu du grec energeia. Celui-ci désignait, dans l’Antiquité, une «force en action», qui, progressivement nous dévoile une chose qui se construit ou se développe. Pour la cosmologie, ce dévoilement est celui de l’univers dans son entier, qui était d’abord contenu «en puissance» dans cette énergie même.
Source : Le big bang, source originelle d’énergie, Philippe Solal, professeur agrégé de philosophie, liberation.fr
En terme de « représentations » scientifiques, le big bang, régulièrement critiqué mais jamais remis en cause de manière fondamentale, n’est pas incompatible avec d’autres théories, qui viennent l’affiner et combler ses lacunes :
"Les autres théories qui existent dans le débat scientifique ne sont pas des remises en cause du modèle mais des dérivées", explique à FTVi Daniel Kunth, astronome à l'Institut d'astrophysique de Paris et directeur de recherche au CNRS.
En résumé, il existe un même scénario avec plusieurs variantes. "Même l'hypothèse des univers multiples est un sous-produit de cette théorie. Elle ne la contredit pas", relève le scientifique. D'après le scénario des multivers, notre Univers ne serait qu'un parmi d'autres, raconte le magazine britannique Newsweek (lien en anglais). "L'équation du multivers n'exclut pas le big bang, c'est une autre version de l'équation de base".
[…]
Une théorie inaboutie mais qui s'adapte aux critiques
La force du modèle du big bang, c'est qu'il résiste aux concurrents car il parvient à intégrer les bémols. Par exemple, longtemps, il affirmait que l'expansion de l'univers ralentissait. Pourtant, elle s'accélère : le Nobel de physique 2011 a récompensé trois astrophysiciens qui en ont apporté la preuve, rapporte le blog scientifique de Libération. Cette découverte reconnue et saluée n'a pas renversé le paradigme pour autant. Elle l'a affiné.
Pour la plupart des astrophysiciens, la théorie du big bang est prouvée. Par exemple, Alain Blanchard, professeur en astrophysique à l'université de Toulouse, a expliqué à Libération qu'elle était "vérifiée". Selon lui, "il n'existe aucune théorie alternative qui ait avancé de prédictions différentes de celles du big bang et qui ait été vérifiée par l'observation". "Le big bang, malgré ses problèmes, est ce qu'on a de meilleur sur le marché en ce moment, résume Daniel Kunth. Mais ce n'est pas le fin mot de la réflexion".
Source : Le big bang va-t-il faire pschitt ?, France TV info
Il n’est pas facile de définir en quoi la théorie du big bang a pu affecter les représentations artistiques, si ce n’est, de manière indirecte, dans le domaine des récits de science-fiction, à l’écrit ou à l’écran. Nous vous invitons à ce propos à consulter cette question précédente du Guichet du Savoir : Qu’y a-t-il derrière l’univers ?. De manière plus littérale, on trouve bien sûr des représentations graphiques du big bang (notamment pour illustrer des ouvrages de vulgarisation), ou des animations vidéo.
Au sujet de ces vues d’artistes, et aussi plus largement du cosmos vu par les artistes (peintres, poètes…), vous pouvez consulter ces vidéos où Jean-Pierre Luminet parle des représentations du cosmos par les artistes :
Voici par ailleurs une représentation audio du big bang, réalisée par le physicien John Cramer :
Il y a une décennie, afin de réaliser un projet scientifique à l’Université de Washington, le physicien John Cramer a conçu une représentation audio du Big Bang qui a fait démarrer notre univers il y a près de 14 milliards d’années. Maintenant, armé de données plus sophistiquées d’une mission satellite d’observation du fond diffus cosmologique, une faible lueur dans l’univers qui agit comme une sorte d’empreinte fossile du Big Bang, Cramer a produit de nouveaux enregistrements qui remplissent des fréquences plus élevées pour obtenir un son plus complet et plus riche. (Les fichiers sonores vont de 20 secondes à un peu plus de 8 minutes.)
Nous vous laissons donc découvrir le son du big bang
Pour finir, un peu de lecture :
Du cosmos au big bang : la révolution philosophique, Jean-François Robredo
Discours sur l'origine de l'univers, Etienne Klein
(vous pouvez aussi lire ce dossier de TV5 : L’univers ne commence pas avec le Big Bang, entretien avec Etienne Klein)
Big bang et au-delà : balade en cosmologie, Aurélien Barrau
Origines : la nostalgie des commencements, Trinh Xuan Thuan
Comment est-on passé de rien à quelque-chose ? C’est la question métaphysique que posait Leibniz au XVIIe siècle. Le modèle du Big Bang, développé depuis les années 1920, a certainement eu un impact fort sur notre manière de concevoir l’univers et le temps, mais il répond avant tout à une question scientifique. Il n’a pas de prétention philosophique, et encore moins religieuse :
Que peut bien pouvoir dire la philosophie sur le big-bang et l’énergie dont il est la source ? La tradition philosophique ne peut être mobilisée pour réfléchir sur une notion apparue au XXe siècle. Pourtant les conséquences qu’implique cette «explosion originelle» sont de première importance pour la pensée. Le big-bang inscrit la réalité dans une histoire et un devenir. Nous ne pouvons plus, comme le croyait au XIXe siècle le philosophe allemand Hegel, opposer la nature, censée être immuable et répétitive en raison de ses cycles, et l’Histoire humaine, considérée comme inédite. La science nous a appris que l’univers possède lui aussi une histoire, faite d’événements inédits, à partir de cette «singularité», qu’est le big-bang.
Qu’y avait-il avant lui ? La question n’a pas vraiment de sens, puisque cet événement est considéré comme le point de départ du temps, de l’espace et de la matière. Aussi, il est tentant de le rapprocher de la notion de création ex nihilo et même de «fiat lux», ce moment où, selon la Bible, Dieu fait être la lumière en proférant les paroles «Que la lumière soit !». Ce n’est pourtant pas le rapprochement que choisit de faire le chanoine catholique belge Georges Lemaître, lorsqu’il proposa en 1927 sa théorie d’un univers en expansion. Le big-bang est une explication d’ordre scientifique, soucieuse d’éviter tout mélange des genres, et qui fournit la réponse spécifique de la science à la question traditionnelle de la métaphysique, telle que le philosophe allemand Leibniz l’avait formulée au XVIIe siècle : «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?».
Ce modèle, surtout, renoue avec l’origine étymologique du mot «énergie», issu du grec energeia. Celui-ci désignait, dans l’Antiquité, une «force en action», qui, progressivement nous dévoile une chose qui se construit ou se développe. Pour la cosmologie, ce dévoilement est celui de l’univers dans son entier, qui était d’abord contenu «en puissance» dans cette énergie même.
Source : Le big bang, source originelle d’énergie, Philippe Solal, professeur agrégé de philosophie, liberation.fr
En terme de « représentations » scientifiques, le big bang, régulièrement critiqué mais jamais remis en cause de manière fondamentale, n’est pas incompatible avec d’autres théories, qui viennent l’affiner et combler ses lacunes :
"Les autres théories qui existent dans le débat scientifique ne sont pas des remises en cause du modèle mais des dérivées", explique à FTVi Daniel Kunth, astronome à l'Institut d'astrophysique de Paris et directeur de recherche au CNRS.
En résumé, il existe un même scénario avec plusieurs variantes. "Même l'hypothèse des univers multiples est un sous-produit de cette théorie. Elle ne la contredit pas", relève le scientifique. D'après le scénario des multivers, notre Univers ne serait qu'un parmi d'autres, raconte le magazine britannique Newsweek (lien en anglais). "L'équation du multivers n'exclut pas le big bang, c'est une autre version de l'équation de base".
[…]
Une théorie inaboutie mais qui s'adapte aux critiques
La force du modèle du big bang, c'est qu'il résiste aux concurrents car il parvient à intégrer les bémols. Par exemple, longtemps, il affirmait que l'expansion de l'univers ralentissait. Pourtant, elle s'accélère : le Nobel de physique 2011 a récompensé trois astrophysiciens qui en ont apporté la preuve, rapporte le blog scientifique de Libération. Cette découverte reconnue et saluée n'a pas renversé le paradigme pour autant. Elle l'a affiné.
Pour la plupart des astrophysiciens, la théorie du big bang est prouvée. Par exemple, Alain Blanchard, professeur en astrophysique à l'université de Toulouse, a expliqué à Libération qu'elle était "vérifiée". Selon lui, "il n'existe aucune théorie alternative qui ait avancé de prédictions différentes de celles du big bang et qui ait été vérifiée par l'observation". "Le big bang, malgré ses problèmes, est ce qu'on a de meilleur sur le marché en ce moment, résume Daniel Kunth. Mais ce n'est pas le fin mot de la réflexion".
Source : Le big bang va-t-il faire pschitt ?, France TV info
Il n’est pas facile de définir en quoi la théorie du big bang a pu affecter les représentations artistiques, si ce n’est, de manière indirecte, dans le domaine des récits de science-fiction, à l’écrit ou à l’écran. Nous vous invitons à ce propos à consulter cette question précédente du Guichet du Savoir : Qu’y a-t-il derrière l’univers ?. De manière plus littérale, on trouve bien sûr des représentations graphiques du big bang (notamment pour illustrer des ouvrages de vulgarisation), ou des animations vidéo.
Au sujet de ces vues d’artistes, et aussi plus largement du cosmos vu par les artistes (peintres, poètes…), vous pouvez consulter ces vidéos où Jean-Pierre Luminet parle des représentations du cosmos par les artistes :
Voici par ailleurs une représentation audio du big bang, réalisée par le physicien John Cramer :
Il y a une décennie, afin de réaliser un projet scientifique à l’Université de Washington, le physicien John Cramer a conçu une représentation audio du Big Bang qui a fait démarrer notre univers il y a près de 14 milliards d’années. Maintenant, armé de données plus sophistiquées d’une mission satellite d’observation du fond diffus cosmologique, une faible lueur dans l’univers qui agit comme une sorte d’empreinte fossile du Big Bang, Cramer a produit de nouveaux enregistrements qui remplissent des fréquences plus élevées pour obtenir un son plus complet et plus riche. (Les fichiers sonores vont de 20 secondes à un peu plus de 8 minutes.)
Nous vous laissons donc découvrir le son du big bang
Du cosmos au big bang : la révolution philosophique, Jean-François Robredo
Discours sur l'origine de l'univers, Etienne Klein
(vous pouvez aussi lire ce dossier de TV5 : L’univers ne commence pas avec le Big Bang, entretien avec Etienne Klein)
Big bang et au-delà : balade en cosmologie, Aurélien Barrau
Origines : la nostalgie des commencements, Trinh Xuan Thuan
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