Blandine martyre à Lyon ou en Galatie ?
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 28/02/2014 à 14h29
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Question d'origine :
Bonjour,
suite à une recherche sur les Galates, j'ai trouvé une information comme quoi, Pothin, évêque de Lyon, martyrisé en 177 (avec Blandine) avait été mis en accusation pour avoir fait molester des marins galates lors de son voyage depuis la Turquie.
Je viens de trouver ce texte (http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _33_1_1404) où il est question des chrétiens martyrisés à Lyon en 177. Il semblerait selon cet auteur, que la scène se passe non à Lyon mais Neoclaudiopolis en Turquie.
Qu'en est-il exactement ? Le martyre de Blandine et de Pothin a-t-il eu lieu à Lyon ou en Turquie ?
merci de votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 04/03/2014 à 11h09
Bonjour,
Il est des épisodes historiques qui donnent lieu à controverse. L’hagiographie, la vie des Saints, est peut-être l’un des sujets qui ont donné lieu aux plus nombreuses hypothèses et passions. Le peu de sources écrites, l’époque reculée à laquelle se sont déroulés les faits, l’intrication avec la construction religieuse, tout cela laisse peu de place à une vision univoque.
Il faut donc situer le débat sur le plan des relations entre les Eglises d’Orient et d’Occident. Il faut également voir le statut du témoignage par lequel la persécution des martyrs de Lyon nous est connue. Il s’agit de la « Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie », écrite par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique).
Une dizaine d’années après le travail de Jean Colin, un colloque placé sous l’égide du C.N.R.S., eut lieu à Lyon sur les
L’auteur pose en effet trois questions essentielles : « […] par qui l’Eglise de Lyon a-t-elle été fondée ? Comment était-elle organisée ? Etait-elle la seule Eglise de Gaule à avoir un évêque ? »
"L’Eglise de Lyon et sa place en Gaule du IIème siècle
La fondation
On pense souvent que l’Eglise de Lyon a été fondée par des chrétiens d’Asie Mineure, hypothèse qui remonte au moins à Renan. Renan trouvait que les martyrs lyonnais font preuve d’une piété exaltée qui les apparente aux montanistes de Phrygie […]. Au colloque de 1977, le savant allemand H. Kraft a voulu reprendre ces idées, mais il y a eu des contradicteurs, et Ch. Piétri à souligné au contraire la modération et le bon sens qui prévalaient chez les martyrs lyonnais. Une autre raison, la présence au sein de la communauté d’un grand nombre de martyrs portant un nom grec, n’est plus admise actuellement comme preuve d’origine allant de soi, comme nous le verrons plus loin. Reste que Attale venait bien de Pergame, le médecin Alexandre, de Prhygie et Irénée, de Smyrne, et qu’on imagine volontiers que Smyrne devait se sentir des responsabilités envers Lyon pour lui abandonner un docteur d’une telle science. Enfin, la Lettre des martyrs a bien été adressée aux Eglises d’Asie et de Phrygie, expression curieuse qui unit apparemment le nom d’une province, l’Asie, et celui d’une région, la Prhygie, partagée entre Asie et Galatie.
[…]
Un autre paragraphe de ce livre, concernant la personnalité et le rôle d’Irénée, p.69 à p.72 devrait vous intéresser. On comprend qu’Irénée parle peu de là où il se situe (Lyon). Ce point est l’un des arguments fondamentaux de Jean Colin.
Citons enfin le
A propos de Saint Pothin :
"De celui qui est considéré comme le premier évêque de Lyon, et de ce fait le premier évêque de Gaule, on ne sait pratiquement rien. Sans doute d’origine orientale, il meurt en 177 lors de la persécution des martyrs de Lyon, il a plus de quatre-vingt-dix ans. Malgré son extrême faiblesse, il est présenté au tribunal du légat, puis il est maltraité. Conduit en prison, il y succombe peu après. Une tradition sans fondement, qui se développe au 17è siècle à la suite de l’installation des sœurs de la Visitation sur le site de l’Antiquaille, y situe son cachot, dans une grotte naturelle, en raison d’hypothèses non vérifiées d’implantation à cet endroit de la résidence du préteur et du siège du tribunal. En 1804, l’église des Visitandines rouverte au culte est consacrée à Saint Pothin et, en 1805, la visite de Pie VII donne force à la tradition.[…]"
Au sujet de Saint Blandine : « Esclave chrétienne, suppliciée dans l’amphithéâtre des Trois-Gaules sous le règne de Marc-Aurèle (121-180) en 177, lors de la persécution des martyrs de Lyon. »
Un article du dictionnaire s’intitule même « les martyrs de Lyon » : « Cet épisode capital de l’évangélisation de Lyon et de la Gaule nous est connu par l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, évêque de Césarée (Palestine) qui reproduit au début du 4è siècle un rapport adressé par la communauté de Vienne (Isère) et de Lyon aux communautés grecques d’Asie Mineure, en raison des liens particuliers qu’elles entretenaient, sans doute moins exclusifs que ne l’ont affirmé des historiens à la suite d’Ernest Renan (1823-1892). Ce texte, écrit en grec et peut-être composé à partir de plusieurs récits, parfois attribué à Saint Irénée, fut d’abord connu par la traduction latine assez libre de Rufin d’Aquilée (v. 345-410), qui accentue le caractère apologétique de ce premier document historique sur l’histoire du christianisme en Gaule. Il a été et demeure l’objet de commentaires nombreux, parfois contradictoires.
Les trois arguments de Jean Colin sont donc, si nous prenons toutes les études récentes, assez fragiles. Le premier reposait sur l’étude de l’onomastique et de l'origine des martyrs ; le deuxième sur la toponymie. Le statut du témoignage de Saint Irénée a quant à lui été de nombreuses fois étudiés.
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