Question d'origine :
Re-bonjour!
qui a assassiné Alexandre III d'Ecosse? Etait-ce un complot du roi d'Angleterre? Et que sait-on sur sa deuxième femme, Yolande de Dreux?
Merci pour vos éclaircissements :-)
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/03/2005 à 14h34
Votre question contient comme présupposé que le roi Alexandre III d’Ecosse aurait été assassiné. Rien n’est moins sûr, et les ouvrages que nous avons consultés n’en font pas mention. Certes les relations entre l’Ecosse et la couronne d’Angleterre n’étaient pas simples, mais rien ne prouve qu’il y ait eu un complot.
Sans doute la disparition accidentelle d’Alexandre III a-t-elle échauffé les imaginations, et c’est ainsi qu’elle a pu servir de base à la rédaction d’un polar historique La couronne dans les ténèbres (The crown in darkness) par Paul Doherty.
Reportons-nous au Dictionnaire encyclopédique d’histoire de Michel Mourre p. 147 :
« Alexandre III (Roxburgh, a IX 1241, + entre Burntisland et Kinghorn, 18/19 III 1286), roi d’Ecosse (1249/86). Fils et successeur du précédent, marié en 1251 à la fille aînée d’Henri III d’Angleterre, il enleva aux Norvégiens les Hébrides et l’île de Man (1266). Son règne et celui de son père marquèrent l’apogée de l’Ecosse indépendante. Il mourut d’une chute de cheval, sans laisser de fils, et le trône écossais devint l’enjeu d’une lutte sans merci entre Robert Ier et Jean de Baliol. »
Voyons à présent comment l’historien Michel Duchein, dans son Histoire de l’Ecosse, présente le règne de ce roi, p. 77 et suivantes :
« Alexandre II laissait, en mourant, [le 3 juillet 1249] un fils unique âgé de huit ans, de sa seconde épouse Marie de Coucy. La proclamation de l’enfant comme roi fut un moment contestée par le justicier du royaume, Alan Durward, qui semble en l’occurrence avoir été le porte-parole de l’élément celtique hostile à l’anglicisation du gouvernement, mais le comte de Menteith, Walter Comyn, d’une famille normande implantée depuis David Ier, rallia la majorité des barons au jeune Alexandre et le fit introniser par l’évêque de St Andrews à Scone selon le rite traditionnel. (…)
« Pendant la minorité d’Alexandre III, l’Ecosse fut gouvernée par le comte de Menteith et par l’évêque de St. Andrews, Gamelin, lui aussi d’origine continentale. Le pape Innocent IV, qui se considérait comme le tuteur moral du jeune roi, accomplit deux gestes significatifs en canonisant son aïeule la reine Marguerite en 1250 et en refusant au roi d’Angleterre de reconnaître l’Ecosse pour sa vassale.
« La question de l’hommage du roi d’Ecosse au roi d’Angleterre était toujours lourde de conflits potentiels. (…) Pour les rois d’Ecosse, il s’agissait d’une souveraineté pleine, sans soumission à qui que ce fût ; pour les rois d’Angleterre, dès le Xe siècle, la tentation avait toujours été grande de considérer l’Ecosse comme un royaume de seconde zone, analogue aux petits « royaumes » celtes du pays de Galles que personne n’avait jamais songé à placer sur le même plan que les royaumes de France, de Castille ou de Norvège. (…)« Alexandre III épousa donc Marguerite Plantagenêt, fille d’Henri III. Avec ce mariage, il entrait dans le cercle familial des grandes dynasties européennes, puisque la mère de l’épousée, Eléonore de Provence, était sœur des reines de France et de Sicile. (…) »
Suivent des décennies de relations houleuses avec l’Angleterre et de conquêtes. Aux débuts des années 1280, les trois descendants directs d’Alexandre III meurent. Reprenons le texte de Michel Duchein p. 80 « Alexandre III n’avait, il est vrai, que quarante deux ans. Il pouvait encore espérer fonder une nouvelle famille ; le 14 octobre 1285, il épousa Yolande de Dreux. Les fêtes du mariage furent somptueuses, suivies d’un bal masqué,mais les assistants furent terrifiés par l’apparition d’un fantôme au milieu des masques. Cinq mois plus tard, le roi tomba de cheval pendant une nuit d’orage près de Dunfermline et périt.
« Son temps devait demeurer, dans la mémoire des Ecossais, comme celui du bonheur et de la prospérité. »
On sait peu de choses de Yolande de Dreux (1263-1322), comtesse de Montfort l’Amaury, épouse d’Alexandre III, puis, en secondes noces, d’Arthur II de Bretagne (1294).
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