quels textes traitent de la tyrannie dans le théatre ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 03/01/2014 à 15h56
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Question d'origine :
quels textes traitent de la tyrannie dans le théâtre c'est pour mes documents de corpus
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/01/2014 à 09h37
Bonjour,
C’est dans le théâtre classique grec qu’apparaissent les premières images du tyran, comme l’indique l’article de l’Encyclopédie Universalis (accessible depuis les bibliothèques de Lyon) :
« Même dans la courte période pendant laquelle la tyrannie a disparu de la réalité politique grecque, la figure du tyran occupe une place centrale dans la pensée et la littérature, comme le montre en particulier la tragédie attique du Ve siècle.
Dans leProméthée enchaîné , Eschyle présente Zeus comme un « jeune tyran » qui vient d'imposer son pouvoir et l'exerce par la violence : le thème de la tyrannie s'introduit ainsi dans l'histoire même des dieux. L'Œdipe tyran de Sophocle (la traduction française habituelle du titre en Œdipe roi est inexacte) présente un destin exemplaire de tyran : la naissance d'Œdipe a été précédée de songes et d'oracles, il a été miraculeusement sauvé, puis il a débarrassé Thèbes de la Sphynge ; mais alors que, par une enquête menée avec assurance, il cherche à sauver la cité une seconde fois, il découvre que, régicide, parricide et incestueux, il est lui-même la souillure qui cause la perte de Thèbes. Quant au Créon de l'Antigone de Sophocle (441), il est le tyran le plus célèbre de tout le théâtre grec. Il n'a rien d'un fou ni d'un pervers, mais veut simplement faire appliquer de manière inflexible une décision rationnelle. Sa démesure est, à l'état pur, celle d'un pouvoir politique sans limites. L'écho d'inquiétudes plus immédiates est perceptible dans les Phéniciennes d'Euripide , représentées en 410 ou en 409. Étéocle y déclare que la tyrannie est le plus grand de tous les biens et qu'il est prêt à tout pour le garder ; Jocaste plaide en vain en faveur du partage et de l'alternance.
La tyrannie sert de référence pour analyser d'autres réalités, ou d'autres régimes. Périclès et Cléon, si l'on en croit Thucydide, expliquent aux Athéniens que leur domination sur leurs alliés est comme une tyrannie : une puissance impériale est détestée comme un tyran, et doit maintenir son autorité par la contrainte, mais renoncer à la tyrannie est extrêmement dangereux. Les démocrates associent souvent oligarchie et tyrannie, pour les dénoncer également : la tyrannie est une oligarchie poussée à l'extrême, l'oligarchie est la tyrannie d'un petit groupe. Les adversaires de la démocratie soulignent volontiers quant à eux l'analogie entre l'ostracisme – éloignement préventif d'individus jugés dangereux – et l'élimination par le tyran des « épis qui dépassent ». Selon Aristote, la tyrannie cumule les vices de l'oligarchie et ceux de la démocratie. Le tyran cherche à accumuler les richesses et opprime le peuple comme l'oligarchie ; il persécute les élites, comme la démocratie (Politique, V, 10).
C'est à Platon, qui pourtant a longtemps espéré instaurer la cité idéale grâce à un jeune tyran, et qui eut Denys le Jeune pour élève, que l'on doit les analyses les plus saisissantes de la tyrannie. Dans le livre VIII de la République, le philosophe présente la métamorphose du démagogue en tyran : celui qui a fait condamner ses concitoyens, ayant pris goût au sang, se transforme en loup. Après avoir dressé le peuple contre les notables et dépouillé les riches, il se retourne contre le dèmos, son « père », et devient parricide. Contrairement à ce que croit l'opinion commune, le tyran est le plus malheureux des hommes, parce qu'il ne cesse d'avoir peur de ses sujets, et parce que, en son âme, raison et volonté sont dominées par la partie désirante, et par les pires désirs. Le tyran est celui qui accomplit dans la réalité ce que les autres hommes ne font qu'en rêve – tuer son père et s'unir avec sa mère, par exemple.
Il y a probablement eu en Grèce des apologies de la tyrannie – au nom de l'inégalité naturelle des hommes et du droit du plus fort. Il est vraisemblable que les discours que Platon prête à Calliclès dans le Gorgias et à Thrasymaque dans la République correspondent, dans une certaine mesure, à des argumentations développées par certains sophistes. Les œuvres conservées, en revanche, sont unanimes dans la dénonciation des vices et des crimes des tyrans.
La grande question, sur laquelle les théoriciens grecs sont loin d'être d'accord, est de savoir si la tyrannie est une forme dégénérée de la monarchie absolue (dont il existerait une forme correcte) ou si toute monarchie est nécessairement une tyrannie, comme l'affirme déjà Otanès dans le débat perse sur les régimes (Hérodote, III, 80) : « le meilleur homme du monde, dit-il, investi d'une autorité absolue, serait mis hors de ses pensers accoutumés ». La tyrannie est-elle une perversion du pouvoir absolu, ou le pouvoir absolu est-il intrinsèquement pervers ? Les analyses de Montesquieu sur ce point renoueront un courant important de la pensée grecque. »
Ces ouvrages sont disponibles dans les bibliothèques :
- Prométhée enchaîné d’Eschyle.
- Œdipe roi de Sophocle.
- Tragédies, œuvres complètes de Sophocle.
- Les Phéniciennes d’Euripide.
Pour les textes traitant de la tyrannie dans le théâtre, la bibliothèque propose :
- Le despote oriental de Claude Millet.
- La glaive et le pourpre : le tyrannicide dans le théâtre moderne de Zakharias Siaflekis.
- Le tyran et son public de Diego Lanza.
Le catalogue du Sudoc vous fournira de nombreuses références bibliographiques sur le thème :
- La figure du tyran dans les Antigone modernes.
- Le tyran et sa postérité: dans la littérature latine de l'Antiquité à la Renaissance.
- Réformer la tyrannie: étude du Hiéron de Xénophon.
- Figures du tyran antique au Moyen Âge et à la Renaissance: Caligula, Néron et les autres.
Vous pouvez aussi consulter la base de données suivante :
- Frantext : Corpus de textes français du 16e au 20e siècle. Environ 3500 oeuvres, 80% d'oeuvres littéraires et 20% d'ouvrages techniques, interrogeables par mots et groupes de mots grâce à un logiciel de consultation.
Bonne journée.
C’est dans le théâtre classique grec qu’apparaissent les premières images du tyran, comme l’indique l’article de l’Encyclopédie Universalis (accessible depuis les bibliothèques de Lyon) :
« Même dans la courte période pendant laquelle la tyrannie a disparu de la réalité politique grecque, la figure du tyran occupe une place centrale dans la pensée et la littérature, comme le montre en particulier la tragédie attique du Ve siècle.
Dans le
La tyrannie sert de référence pour analyser d'autres réalités, ou d'autres régimes. Périclès et Cléon, si l'on en croit Thucydide, expliquent aux Athéniens que leur domination sur leurs alliés est comme une tyrannie : une puissance impériale est détestée comme un tyran, et doit maintenir son autorité par la contrainte, mais renoncer à la tyrannie est extrêmement dangereux. Les démocrates associent souvent oligarchie et tyrannie, pour les dénoncer également : la tyrannie est une oligarchie poussée à l'extrême, l'oligarchie est la tyrannie d'un petit groupe. Les adversaires de la démocratie soulignent volontiers quant à eux l'analogie entre l'ostracisme – éloignement préventif d'individus jugés dangereux – et l'élimination par le tyran des « épis qui dépassent ». Selon Aristote, la tyrannie cumule les vices de l'oligarchie et ceux de la démocratie. Le tyran cherche à accumuler les richesses et opprime le peuple comme l'oligarchie ; il persécute les élites, comme la démocratie (Politique, V, 10).
C'est à Platon, qui pourtant a longtemps espéré instaurer la cité idéale grâce à un jeune tyran, et qui eut Denys le Jeune pour élève, que l'on doit les analyses les plus saisissantes de la tyrannie. Dans le livre VIII de la République, le philosophe présente la métamorphose du démagogue en tyran : celui qui a fait condamner ses concitoyens, ayant pris goût au sang, se transforme en loup. Après avoir dressé le peuple contre les notables et dépouillé les riches, il se retourne contre le dèmos, son « père », et devient parricide. Contrairement à ce que croit l'opinion commune, le tyran est le plus malheureux des hommes, parce qu'il ne cesse d'avoir peur de ses sujets, et parce que, en son âme, raison et volonté sont dominées par la partie désirante, et par les pires désirs. Le tyran est celui qui accomplit dans la réalité ce que les autres hommes ne font qu'en rêve – tuer son père et s'unir avec sa mère, par exemple.
Il y a probablement eu en Grèce des apologies de la tyrannie – au nom de l'inégalité naturelle des hommes et du droit du plus fort. Il est vraisemblable que les discours que Platon prête à Calliclès dans le Gorgias et à Thrasymaque dans la République correspondent, dans une certaine mesure, à des argumentations développées par certains sophistes. Les œuvres conservées, en revanche, sont unanimes dans la dénonciation des vices et des crimes des tyrans.
La grande question, sur laquelle les théoriciens grecs sont loin d'être d'accord, est de savoir si la tyrannie est une forme dégénérée de la monarchie absolue (dont il existerait une forme correcte) ou si toute monarchie est nécessairement une tyrannie, comme l'affirme déjà Otanès dans le débat perse sur les régimes (Hérodote, III, 80) : « le meilleur homme du monde, dit-il, investi d'une autorité absolue, serait mis hors de ses pensers accoutumés ». La tyrannie est-elle une perversion du pouvoir absolu, ou le pouvoir absolu est-il intrinsèquement pervers ? Les analyses de Montesquieu sur ce point renoueront un courant important de la pensée grecque. »
Ces ouvrages sont disponibles dans les bibliothèques :
- Prométhée enchaîné d’Eschyle.
- Œdipe roi de Sophocle.
- Tragédies, œuvres complètes de Sophocle.
- Les Phéniciennes d’Euripide.
Pour les textes traitant de la tyrannie dans le théâtre, la bibliothèque propose :
- Le despote oriental de Claude Millet.
- La glaive et le pourpre : le tyrannicide dans le théâtre moderne de Zakharias Siaflekis.
- Le tyran et son public de Diego Lanza.
Le catalogue du Sudoc vous fournira de nombreuses références bibliographiques sur le thème :
- La figure du tyran dans les Antigone modernes.
- Le tyran et sa postérité: dans la littérature latine de l'Antiquité à la Renaissance.
- Réformer la tyrannie: étude du Hiéron de Xénophon.
- Figures du tyran antique au Moyen Âge et à la Renaissance: Caligula, Néron et les autres.
Vous pouvez aussi consulter la base de données suivante :
- Frantext : Corpus de textes français du 16e au 20e siècle. Environ 3500 oeuvres, 80% d'oeuvres littéraires et 20% d'ouvrages techniques, interrogeables par mots et groupes de mots grâce à un logiciel de consultation.
Bonne journée.
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