Question d'origine :
Bonjour,
J'aurais aimé savoir si les prostituées des années 30-40 avaient une mode ou un habillement distinctif, considéré comme typique par la population générale.
Je vous remercie d'avance de votre réponse
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 25/11/2013 à 14h17
Bonjour,
Le livre Le Ruban : le siècle extravagant de la prostitution de la rue : 1850-1950 consacre un chapitre à la garde-robe des prostituées et indique :
« La Révolution française balaya ces discriminations et par réaction, les prostituées se déguisèrent alors en princesses caricaturales pour arpenter les galeries du Palais-Royal. Le Dr Parent-Duchâtelet tenta, au chapitre des « Propositions législatives », de recommander le port d’un chapeau jaune serin et d’une ceinture assortie. Cette proposition, guidée par des soucis prophylactiques, n’eut aucune suite.
La prostituée avait désormais droit à l’anonymat d’apparence. Ce pourquoi elle avait longtemps lutté en vain. Cette liberté soudaine, pourtant ne la satisfit pas. Etonnant ? Oui mais pas illogique.
Elle jugea, sentant que l’opinion lui était de moins en moins hostile, qu’une posture affirmée lui fournissait une revanche assurée et qu’après tout, commercialement, elle avait tout à y gagner.Pour se distinguer, elle s’attribua un accessoire et une couleur, le foulard et le rouge.
Après le foulard, noué sur le côté, elle décida de se couvrir les épaules d’un châle rouge qu’elle « déroba » à la femme honnête.
Pour la prostituée, le châle lancé sur l’épaule dans un geste de défi constitua avec les autres caractéristiques vestimentaires que nous allons décrocher de la garde-robe. […]
Au premier rang de ces frusques, le tablier et le petit jersey de coton. Au point que le tablier et le chandail, pour s’ennoblir, finirent par être de jolie soie et que ce qui fut une tenue d’intérieur devient une tenue de sortie.
Une remarque : la prostituée de cette époque ne faisait aucun étalage de ses appas. Sa robe, sous le tablier, traînait jusqu’au sol, comme toutes les robes des autres femmes, et le petit jersey n’était pas décolleté. Il était juste moulant, soulignant gentiment les beaux reposoirs ou les mutines mandarines.
[…]
La coiffure n’était pas n’importe laquelle, bien qu’elle pût être « à la vierge (de Botticelli), en ventre affamé, cheveux courts et frisés, à l’enfant, avec frange sur le front, à la chien, cheveux ramenés sur les tempes ». La préférée et de loin, faisait appel aux guiches, aux accroche-cœurs, aux patères, aux suspensoirs, marchant par deux et formant le chiffre 66. Les guiches étaient bien plaquées sur le front, à l’espagnole, collées devrait-on dire. Le chapeau était banni. La fille était nue-tête, en cheveux, comme on disait. Ce qui permettait de construire, sur le dessus du crâne, la coque, un chignon ramené vers le haut qui pouvait atteindre des dimensions respectables.
[…] »
Pour aller plus loin :
- Petite histoire des lieux de débauche d’Edith Huyghe.
- Histoire de la prostitution : du Moyen Age au XXe siècle de Brigitte Rochel.
Bonne journée.
Le livre Le Ruban : le siècle extravagant de la prostitution de la rue : 1850-1950 consacre un chapitre à la garde-robe des prostituées et indique :
« La Révolution française balaya ces discriminations et par réaction, les prostituées se déguisèrent alors en princesses caricaturales pour arpenter les galeries du Palais-Royal. Le Dr Parent-Duchâtelet tenta, au chapitre des « Propositions législatives », de recommander le port d’un chapeau jaune serin et d’une ceinture assortie. Cette proposition, guidée par des soucis prophylactiques, n’eut aucune suite.
La prostituée avait désormais droit à l’anonymat d’apparence. Ce pourquoi elle avait longtemps lutté en vain. Cette liberté soudaine, pourtant ne la satisfit pas. Etonnant ? Oui mais pas illogique.
Elle jugea, sentant que l’opinion lui était de moins en moins hostile, qu’une posture affirmée lui fournissait une revanche assurée et qu’après tout, commercialement, elle avait tout à y gagner.
Après le foulard, noué sur le côté, elle décida de se couvrir les épaules d’un châle rouge qu’elle « déroba » à la femme honnête.
Pour la prostituée, le châle lancé sur l’épaule dans un geste de défi constitua avec les autres caractéristiques vestimentaires que nous allons décrocher de la garde-robe. […]
Une remarque : la prostituée de cette époque ne faisait aucun étalage de ses appas. Sa robe, sous le tablier, traînait jusqu’au sol, comme toutes les robes des autres femmes, et le petit jersey n’était pas décolleté. Il était juste moulant, soulignant gentiment les beaux reposoirs ou les mutines mandarines.
[…]
La coiffure n’était pas n’importe laquelle, bien qu’elle pût être « à la vierge (de Botticelli), en ventre affamé, cheveux courts et frisés, à l’enfant, avec frange sur le front, à la chien, cheveux ramenés sur les tempes ». La préférée et de loin, faisait appel aux guiches, aux accroche-cœurs, aux patères, aux suspensoirs, marchant par deux et formant le chiffre 66. Les guiches étaient bien plaquées sur le front, à l’espagnole, collées devrait-on dire. Le chapeau était banni. La fille était nue-tête, en cheveux, comme on disait. Ce qui permettait de construire, sur le dessus du crâne, la coque, un chignon ramené vers le haut qui pouvait atteindre des dimensions respectables.
[…] »
Pour aller plus loin :
- Petite histoire des lieux de débauche d’Edith Huyghe.
- Histoire de la prostitution : du Moyen Age au XXe siècle de Brigitte Rochel.
Bonne journée.
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