Question d'origine :
Bonjour,
Il semble que Michel Onfray a des idées précises sur la fin de vie et les soins palliatifs (évoqués lors d'une conférence en 2005 ?)
A t-il écrit sur ces questions précisément ?
Et si oui dans quelle publication ?
Par ailleurs, ou trouver des éléments biographiques sur cet auteur?
Merci par avance,
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/03/2005 à 10h11
Dans un texte intitulé Reviens Voltaire, Michel Onfray, à propos de la laïcité, revient sur différents points d’actualité, dont la question de l’euthanasie.
« Ainsi l'euthanasie : l'actualité pose le problème avec le cas Imbert. Le Premier ministre, - qui fréquente l'église de Chasseneuil avec son épouse ! -, affirme éhontément qu'on ne peut légiférer sur ce sujet : or il existe des textes de lois qui interdisent l'euthanasie. On a donc légiféré. Dès lors mieux vaut dire que le gouvernement Raffarin refuse de changer la législation, ce qui a le mérite de montrer clairement le sens de cette fin de non-recevoir : un gage donné sur le terrain aux tenants des soins palliatifs, la position officielle du Vatican. (Charte des personnels de santé éditée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, article 117). »
C’est dans l’ouvrage Féeries anatomiques, que Michel Onfray aborde le plus directement ces questions. En voici quelques extraits, chapitre V. Affronter la mort : mourir, 30 – Le palliatif.
« Le prêtre ne dispose plus des pleins pouvoirs à l’hôpital, la religieuse à cornette n’agit plus au chevet du malade en lui prodiguant des soins qui permettent de laisser à la douleur son pouvoir salvifique – selon le mot utilisé aujourd’hui par la Pastorale des services de la santé -, les cliniques à crucifix créditent les médecins d’un peu plus de pouvoir que les aspergeurs d’eau bénite, certes, mais le Vatican dispose avec les Unités de soins palliatifs – grandement soutenues par les politiques françaises de santé à droite et à gauche – d’un redoutable vaisseau amiral surarmé dissimulé sous l’allure d’un bâtiment inoffensif …
Palliatif, quel drôle de mot ! Les thuriféraires de ce retour du religieux à l’hôpital devraient davantage se soucier de l’étymologie qui enseigne la dissimulation, ce que l’on cache sous le pallium, ce qui se pratique sous le manteau, donc, pour traduire en langage moderne …
[…] Les soins palliatifs recyclent donc avantageusement la mythologie judéo-chrétienne, activent dangeureusement les travers de la psychanalyse sauvage, mais révèlent aussi les psychopathologies personnelles de soignants qui utilisent des patients pour effectuer une autothérapie improvisée parce qu’elle aussi sauvage».
Vous pouvez trouver plusieurs critiques de ce texte directement sur Internet. En voici deux choisies volontairement pour leur sensibilité différente, qui permettent de souligner que la position de Michel Onfray, tout au long de son œuvre, jusqu’au radical Traité d’athéologie, est résolument contre le dogmatisme de l’Eglise et entraîne donc des jugements polémiques.
*celle d’Esprit et vie, n° 113, octobre 2004.
« Ce livre bien documenté, écrit avec passion, donne le vertige. À partir d’un matérialisme rigoureux qui tient davantage de Canabis et de Changeux que de Nietzsche, Onfray prône un hédonisme qui prétend libérer le corps, mais en ignore les limites. Car ce « corps heureux, joyeux, fier et libre » (p. 277) n’en est pas moins affronté à la souffrance, au mal et à la mort. Michel Onfray espère tout des techniques médicales et génétiques et se moque – bien imprudemment à mon sens – de ce qu’il appelle avec mépris la « camelote ontologique » (p. 360), de l’Église comme de soins palliatifs qui ne sont, à ses yeux, que « subterfuge et tromperie » (p. 333). Mais face à la mort, le technophile Onfray n’a rien d’autre à proposer que l’invocation nietzschéenne « y aller, mais à son heure » (p. 362). C’est peu dire que cette perspective est sans espoir. Et il faudra plus que ce jeu de mots « La mort me veut ? Je veux la mort » (p. 322) pour ouvrir le moindre horizon, ne serait-ce que celui de la grandeur tragique ! Dans ce livre, la haine du christianisme et plus particulièrement de l’Église catholique affleure constamment. »
Source : Site de Esprit & vie
*celle de L’Humanité, 4/02/2005
« Une préface sensible, déchirante, sur le cancer du sein de sa compagne Marie-Claude, ouvre cette " généalogie du corps faustien, déchristianisé ". Se lançant dans une vigoureuse critique et de la bioéthique française, trop conservatrice à son goût, et des docteurs Folamour qui prêchent des expérimentations déraisonnables, l’auteur plaide en faveur d’une " ontologie matérialiste " qu’il pose en antidote à " la métaphysique idéaliste qui infuse notre civilisation depuis vingt cinq siècles ". Affrontant l’eugénisme, le clonage, la greffe, l’euthanasie, les soins palliatifs, le suicide, Michel Onfray jette les bases d’une " bio-éthique libertaire ". »
Source : Site de l’Humanité.
Beaucoup d’autres journaux en parlent également :
*Le Monde des livres, 24 octobre 2003
*L’Express, 16 octobre 2003.
*La Quinzaine littéraire, n° 866, 1/12/2003
Cette bio-bibliographie,vous fournira de nombreux liens, ainsi que l’ensemble du site officiel de Michel Onfray.
En faisant la recherche michel onfray + biographie sur Google, vous trouverez d’autres sites et d’autres liens.
Enfin, pour des détails plus personnels de sa vie, c’est à son œuvre qu’il faut retourner, chaque ouvrage s’inaugurant par une histoire vécue, sur le modèle nietzschéen.
"Toute théorie procède d’expériences vécues par une chair écorchée et douloureuse d’être au monde, là où le quidam passe son chemin sans relever la tête. Nietzsche fournit le discours de la méthode de cette vérité dans les pages inaugurales du Gai savoir où il formule ses thèses sur l’idiosyncrasie des corps : on pense ce à quoi nous contraint une chair, on théorise les expériences d’une existence, on formule en idées et en concepts l’odyssée d’un corps qui jouit, souffre, va et vient, regarde, écoute, rencontre – les autres, la vie, le monde."
in Féeries anatomiques, qui raconte dans une longue préface le cancer de sa compagne.
L’art de jouir, au chapitre Généalogie de ma morale, détaille ses sensations lors de son infarctus. « Le médecin diagnostiqua un infarctus, j’allais avoir vingt-huit ans, et ce lundi 30 novembre, mon corps fit l’expérience d’une sapience qui se transforma en hédonisme ».
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