icones russes et grecques: quelle différence ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/08/2013 à 19h29
1411 vues
Question d'origine :
histoire des icônes. différentes techniques (grecque et russe)
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/08/2013 à 10h35
Bonjour,
L’Encyclopedia Universalis (accessible en ligne dans son intégralité à la Bibliothèque municipale de Lyon) présente les icônes byzantines et russes, ainsi que leurs techniques, dans son article consacré aux icônes :
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Technique
Les deux grandes techniques de la peinture d'icônes, toutes deux héritées de l'Antiquité, sont l'encaustique et la détrempe . La première, qui consiste à mélanger les pigments colorés à de la cire chauffée, fut surtout utilisée aux vie et viie siècles. À partir du viiie siècle, c'est la détrempe, qui utilise des couleurs délayées dans de l'eau additionnée d'œuf, qui devient la technique habituelle de la peinture d'icônes. On connaît assez bien aujourd'hui les différentes phases d'exécution d'une icône , depuis le choix et la préparation du panneau de bois (tilleul, pin, cyprès ou autre) jusqu'à la consécration de l'œuvre achevée. Après l'application de toile encollée et d'enduits de plâtre est tracée (et parfois, tardivement, incisée) l'esquisse de la figure ou de la scène, pour laquelle le peintre peut s'inspirer de cahiers de modèles ou de guides de peintres (Manuel de Denys de Fourna , « podlinniks » russes). On applique ensuite, sur un enduit rougeâtre, le fond or, avant que ne commence la peinture proprement dite. Les pigments réduits en poudre (principalement d'origine minérale) sont délayés dans de l'eau additionnée d'œuf. En dernier lieu est inscrit le nom du saint (ou de la scène), indispensable pour authentifier la représentation. Un vernis à l'huile, responsable du noircissement de bien des icônes, était souvent appliqué pour protéger les couleurs et en rehausser l'éclat. L'icône a parfois reçu un revêtement de métal précieux (argent ou argent doré), travaillé au repoussé et soutenu par une âme de cire, décoré d'ornements floraux, de bustes de saints en médaillons ou de petites scènes et rehaussé parfois d'émaux ou de pierreries. Il peut être limité à l'encadrement ou couvrir tout le fond, voire toute la surface de l'icône, à l'exception du visage.
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L'évolution de l'icône à Byzance et dans sa sphère d'influence
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Après l'interruption toute relative de l'iconoclasme, pendant lequel des icônes continuèrent à être fabriquées dans la clandestinité ou, librement, dans les régions passées sous la domination des Arabes (Égypte, Syrie, Palestine), la production connut, à l'époque de ladynastie macédonienne , un nouvel essor. Les œuvres conservées, encore très peu nombreuses avant le xie siècle, montrent que le style des icônes évolua parallèlement à celui de la peinture murale et des miniatures. Le classicisme de la « renaissance macédonienne » fit place, au cours du xie siècle, à un style plus sévère, visant à une représentation plus dématérialisée et plus spiritualisée des figures. Au xiie siècle, une tendance à l'humanisation des personnages sacrés se fait jour, dont témoigne, par exemple, la célèbre Vierge Eléousa de Vladimir, peinte à Constantinople vers 1130 et transportée ensuite en Russie (Galerie Tretiakov, Moscou). L'art raffiné et élégant de la seconde moitié du siècle est représenté par plusieurs icônes du mont Sinaï (Échelle céleste de Jean Climaque, Crucifixion, Annonciation). C'est aussi aux xie et xiie siècles que remontent les plus anciennes icônes en mosaïque (Vierge Hodigitria du Patriarcat grec à Istanbul , Saint Nicolas de Patmos , Vierge Hodigitria de Chilandari , etc.).
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La petite icône de Saint Serge à cheval, conservée, avec la plupart des icônes dites des croisés, au monastère Sainte-Catherine du Sinaï et exécutée pour une donatrice occidentale, a été attribuée par K. Weitzmann à un Italien du Sud, peut-être des Pouilles, tandis que Doula Mouriki la rattache à toute une série d'œuvres d'origine chypriote.Chypre apparaît, en effet, au xiiie siècle, comme l'un des centres artistiques les plus importants de la Méditerranée orientale pour la peinture d'icônes. Mêlant, à des degrés divers, éléments orientaux et occidentaux, sur un fonds de tradition byzantine, la production chypriote présente une certaine homogénéité. L'attachement à la stylisation linéaire de l'époque comnène, l'expressivité des visages, le goût des couleurs vives (en particulier le rouge), le recours à la technique de la pastiglia (reliefs de stuc décorant les nimbes, le fond ou certains détails) sont quelques-unes des caractéristiques de la maniera cypria .
La peinture d'icônes va atteindre son point culminant à l'époque desPaléologues (1261-1453 ) ; art désormais majeur, elle évolue parallèlement à la peinture murale, les artistes étant souvent les mêmes : l'iconographie s'enrichit, un intérêt plus marqué est porté à l'expression des sentiments, à la plasticité des formes et au rendu de l'espace. L'icône bilatérale de l'Annonciation , à Saint-Clément d'Ohrid , est un bel exemple de ce style paléologue à son apogée. Les icônes en mosaïque connaissent à la fin du xiiie et au début du xive siècle un regain de faveur. D'une technique très raffinée, comme en témoigne l'icône de Saint Jean Chrysostome de la collection de Dumbarton Oaks (Washington), elles sont réalisées avec de minuscules tesselles d'or, d'argent, de lapis-lazuli et de pierres semi-précieuses, appliquées sur un fond de cire. À partir des années 1330, la réaction qui s'opère à Byzance dans les mentalités (mouvement hésychaste) favorise le développement d'un art plus traditionnel et plus austère. Signalons enfin que c'est à l'époque des Paléologues que les signatures d'artistes, apparues timidement au xiie siècle , deviennent plus fréquentes sur les icônes. Cela révèle une évolution dans la conception du statut de l'artiste.
De nombreuses icônes sont aujourd'hui conservées dans les Balkans, en Bulgarie, dans l'ex-Yougoslavie ou enGrèce , mais l'influence de l'art de Constantinople, de Thessalonique et du mont Athos fut si forte dans ces régions qu'il est souvent difficile de distinguer les productions locales des importations byzantines (ou des œuvres peintes sur place par des maîtres grecs itinérants). Si la Sainte Face de la cathédrale de Laon pourrait bien être l'œuvre, vers 1200, d'un peintre bulgare, la plus ancienne icône qui soit sûrement bulgare n'est pas antérieure à la fin du xiiie ou au début du xive siècle : c'est l'icône bilatérale (Christ Pantocrator / Vierge Eléousa), provenant de Nesebar, qui reste proche des modèles byzantins (musée de Sofia). En Macédoine et en Serbie, il faut également attendre le xiiie siècle pour identifier des productions locales, dont certaines sont signées . L'un des centres artistiques les plus importants était la ville d'Ohrid , en Macédoine, où se trouve encore, dans l'église de la Vierge Péribleptos (Saint-Clément) , une remarquable collection d'icônes.
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Les icônes russes
EnRussie , dont l'art religieux, comme celui des Balkans, tire ses origines de Byzance, l'icône connut un exceptionnel essor. Là, mieux qu'ailleurs, s'affirmèrent les caractères distinctifs d'écoles locales, de nouveaux thèmes iconographiques furent créés (les saints Boris et Gleb , le Pokrov – voile – de la Vierge, par exemple) et des peintres de talent développèrent un style souvent original. Les plus anciennes icônes conservées, souvent d'une qualité remarquable, remontent aux xie et xiie siècles (le Saint Georges du Kremlin de Moscou , la Vierge orante de la Galerie Tretiakov , l'Archange aux cheveux d'or de Saint-Pétersbourg ). Certaines restent si fidèles à la tradition byzantine qu'il est bien difficile de déterminer la nationalité des artistes et, plus encore, de localiser les ateliers de production. C'est à Kiev que s'établirent probablement les plus anciens ateliers d'icônes : aux maîtres grecs se joignirent bientôt des peintres russes , comme le célèbre Alimpii . Après le déclin de Kiev, d'autres centres (Vladimir, Souzdal ) se développèrent, dont le plus important fut Novgorod . Dans cette ville, qui échappa à l'invasion mongole, se maintint, du xiie au xve siècle , une intense activité artistique. Les peintres d'icônes élaborèrent un style local , caractérisé par des compositions simples et bidimensionnelles, un goût prononcé pour le linéarisme et pour les couleurs pures, vives et lumineuses.
Avec l'arrivée deThéophane le Grec , venu de Constantinople à Novgorod (vers 1378), puis à Moscou (vers 1395), une nouvelle vague d'influences byzantines (de l'époque des Paléologues ) se répandit en Russie. La Transfiguration de la Galerie Tretiakov est un bel exemple du style savant et passionné, d'une grande intensité dramatique, de Théophane.
Moscou, devenue le centre politique de la Russie, va s'imposer, àla fin du xive et au xve siècle , comme la principale école de peinture d'icônes. Son meilleur représentant est Andreï Roublev (1360/1370-env. 1430), dont l'art exerça une influence importante sur la peinture du xve siècle. S'éloignant de l'intensité dramatique de Théophane, il élabore des compositions harmonieuses, caractérisées par la fermeté et la fluidité des lignes, le lyrisme des couleurs et la spiritualité douce émanant des visages aux traits fins (la Trinité, Galerie Tretiakov). Le dernier grand peintre de l'école de Moscou est Dionysii (maître Denys) , né vers 1450, qui peignit, dans des couleurs délicates et rayonnantes, des icônes d'un art raffiné, aux figures très élancées et animées d'une intense spiritualité. En dehors de Moscou , la peinture d'icônes fleurit, au xve siècle, dans d'autres centres : Novgorod , surtout, mais aussi Pskov , Tver et Souzdal .
Ledéclin de l'art de l'icône, en Russie , commence dans la seconde moitié du xvie siècle . Les « maîtres de la famille Stroganov », au nord-est du pays, s'inspirent des anciennes icônes de Novgorod, mais multiplient les détails et les personnages en des compositions surchargées, d'un style miniaturiste, dont le goût se répandra dans toute la Russie.
Les icônes post-byzantines
Les plus belles, peut-être, des icônes (nombreuses, mais d'inégale qualité) produites après la prise de Constantinople par les Turcs (1453) sont celles de l'«école crétoise ». Les peintres étaient, en Crète (sous domination vénitienne ), organisés en corporations et ils pratiquaient, pour une clientèle très diversifiée, un art éclectique, alliant, à des degrés divers, traditions byzantines et influences des modèles italiens . Des contrats précisaient le prix, les délais de fabrication, voire le style à suivre (a la greca ou a l'italiana ). L'icône est désormais moins un objet de culte qu'une œuvre d'art ayant une valeur marchande. Parmi les peintres les plus renommés, citons Andréas Ritzos et Angélos au xve siècle, Théophane le Grec , Michel Damaskinos et Georges Klontzas au xvie siècle. Après la prise de la Crète par les Turcs en 1669, les peintres crétois vinrent en grand nombre s'installer dans les îles ioniennes , à Zante , à Corfou , à Cephalonie et à Venise (Théodore Poulakis, Emmanuel Tzanès ).
Dans les Balkans, sous l'influence dominante desmaîtres grecs et slaves du mont Athos , gardien vigilant de la tradition, se maintient un art souvent plus fidèle aux principes traditionnels de l'art byzantin. Une école importante et originale se développe, vers le milieu du xvie siècle, en Grèce centrale , à Jannina et aux Météores (Frangos Catélanos). Mais, à côté de quelques œuvres de qualité (celles du moine Longin en Serbie, par exemple), se multiplient les productions artisanales et populaires, de qualité souvent médiocre.
Source: Olivier CLÉMENT, Catherine JOLIVET-LÉVY, « ICÔNE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 août 2013.
URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/icone/
Vous trouverez aussi un article consacré aux icônes sur l’Encyclopédie Larousse en ligne, extrait d’un dossier consacré à l’Empire byzantin.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter ces bibliographies :
• icônes russes
• icônes grecques
• icônes byzantines
Icône de Saint Michel, Andreï Roublev
source: histoire-russie.fr
Bonne journée.
L’Encyclopedia Universalis (accessible en ligne dans son intégralité à la Bibliothèque municipale de Lyon) présente les icônes byzantines et russes, ainsi que leurs techniques, dans son article consacré aux icônes :
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Les deux grandes techniques de la peinture d'icônes, toutes deux héritées de l'Antiquité, sont l'
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L'évolution de l'icône à Byzance et dans sa sphère d'influence
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Après l'interruption toute relative de l'iconoclasme, pendant lequel des icônes continuèrent à être fabriquées dans la clandestinité ou, librement, dans les régions passées sous la domination des Arabes (Égypte, Syrie, Palestine), la production connut, à l'époque de la
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La petite icône de Saint Serge à cheval, conservée, avec la plupart des icônes dites des croisés, au monastère Sainte-Catherine du Sinaï et exécutée pour une donatrice occidentale, a été attribuée par K. Weitzmann à un Italien du Sud, peut-être des Pouilles, tandis que Doula Mouriki la rattache à toute une série d'œuvres d'origine chypriote.
La peinture d'icônes va atteindre son point culminant à l'époque des
De nombreuses icônes sont aujourd'hui conservées dans les Balkans, en Bulgarie, dans l'ex-Yougoslavie ou en
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En
Avec l'arrivée de
Moscou, devenue le centre politique de la Russie, va s'imposer, à
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Les icônes post-byzantines
Les plus belles, peut-être, des icônes (nombreuses, mais d'inégale qualité) produites après la prise de Constantinople par les Turcs (1453) sont celles de l'«
Dans les Balkans, sous l'influence dominante des
Source: Olivier CLÉMENT, Catherine JOLIVET-LÉVY, « ICÔNE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 août 2013.
URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/icone/
Vous trouverez aussi un article consacré aux icônes sur l’Encyclopédie Larousse en ligne, extrait d’un dossier consacré à l’Empire byzantin.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter ces bibliographies :
• icônes russes
• icônes grecques
• icônes byzantines
Icône de Saint Michel, Andreï Roublev
source: histoire-russie.fr
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