Question d'origine :
Bonjour,
J'ai souvenir d'avoir lu il y a une dizaine d'année une statistique qui montrait que les principales radios des années 80 passaient une variété beaucoup plus importante de morceaux par jour que celles des années 2000, dont les titres étaient a contrario fort peu variés et revenaient en boucle toute la journée.
Sauriez-vous si une étude récente sur le sujet existe, ou à défaut où pourrais je trouver une étude plus ancienne ?
Merci le guichet !
Lautréamont
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/07/2013 à 14h07
Bonjour,
Nous n’avons pas retrouvé l’étude statistique comparative sur la diversité musicale entre les années 1980 et les années 2000 malgré nos nombreuses recherches.
Cependant nous avons trouvé plusieurs études pour la dernière décennie, en effet en 2001, l’Observatoire de la musique a été créé. Cet organisme réalise chaque année un rapport sur la diversité musicale dans les médias et à la radio.
Vous pouvez consulter : le rapport 2012.
Le rapport 2004 est sur le site du Ministère de la Culture.
L’observatoire a réalisé un comparatif des données de chaque année de 2003 à 2012.
Ainsi pour les titres francophones en 2003, les nouveautés étaient au nombre de 24 827 et étaient diffusées 1 915 874 fois. En 2012, elles étaient 26 147 et étaient diffusées 1 861 862 fois.
Les nouveautés francophones, quant à elles, étaient en 2005, au nombre 6 262 et diffusées 776 399 fois, alors qu’en 2012, elles n’étaient plus que 4 620 et diffusées 643 761 fois.
Dans le préambule d’une étude sur la promotion de la diversité musicale, le Ministère de la Culture et de la Communication présente cette baisse :
« Alors qu’en 1995, 56 300 titres différents étaient diffusés sur les principales radios françaises, ce chiffre n’a cessé de baisser : 48 000 titres en 1996, 38 000 en 1998 et 24 400 en 2000. Sur la même période, le nombre d’artistes diffusés a été divisé par deux. Cette évolution intervient alors que la part de la musique régresse sur les radios généralistes (avec le développement des formats dits de " talk ") et que, sur les radios musicales, le taux de rotation des œuvres s’accélère.
En résulte un phénomène de baisse de la diversité musicale sur chaque antenne, caractérisé par la tendance à l’uniformisation des programmations et au rétrécissement des " playlists ", qui n’est pas nécessairement contrebalancé par l’accroissement de la diversité des radios, avec la spécialisation croissante de celles-ci. »
La baisse de la diversité musicale est due à différents facteurs comme l’apparition de logiciels de programmation musicale :
« Depuis le début des années 1990 et l’arrivée en France des logiciels de radio-automation, elle est entièrement automatisée. Initialement assignés à la programmation en avance des playlists de nuit, leur utilisation s’est vite généralisée. Selector, le premier historiquement et le plus connu serait, selon son éditeur RCS, utilisé par près de 8.000 stations dans le monde. Et par "l’essentiel des grosses radios françaises ", selon Bruno Witek, (ex-animateur et ex-directeur d’antenne de plusieurs stations musicales, aujourd’hui expert-conseil en programmation).
Les programmateurs commencent donc par élaborer des playlists, selon des critères variant d’une station à une autre. Celles-ci sont créées sur les logiciels de radio-automation, comme Selector ou encore Winradio. Les titres sont classés par catégories (là encore rien n’est gravé dans le marbre). Les "Hit radios" ou radio ne programmant que des tubes, fonctionnent généralement avec un Top 40 : 40 tubes, qui tournent en boucle. D’où cette impression d’entendre toujours la même chose. Les catégories les plus communément utilisées sont :
- les « tops » (ou leur variante « supertops ») : les tubes incontournables du moment
- les « nouveautés » : comme leur nom l’indique…
- les « récurrents » : des artistes identifiés
- les « golds » : les valeurs sûres, anciens tops ou tubes plus anciens encore (années 1980 ou 1990).
Ces logiciels sont comme des « super jukeboxs ». On y paramètre ainsi les critères de rotation, et ce que l’on appelle les horloges. Les rotations les plus fortes sont généralement espacées d’1h30 (durée qui correspond à peu près à la durée d’un top 40). Ce qui veut dire qu’un même titre est joué toute les 1h30. Les horloges correspondent à chaque heure de la journée et sont composées de tous les éléments diffusés. On indique ainsi au logiciel la composition de la tranche : un supertop / un récurrent / une nouveauté / un top /un top / un gold/ un supertop…. On peut aisément repérer des règles en écoutant attentivement les choix de programmation. En début de tranche horaire, ou lors d’une reprise après une pub ou un journal, il est rare d’entendre une nouveauté. Un top, un gold ou un récurrent ont un impact plus positif et évitent le zapping. »
Source : Article Salon Le Radio : Réflexions, débats et perspectives autour de la radio sur irma.asso.fr.
Les professionnels de l’édition musicale s’inquiètent de cette situation, comme dans cet article « Halte à la concentration musicale à la radio » sur Le Monde.fr :
« Que reste-t-il du vent de liberté qui a soufflé sur la bande FM dans les années 1980 ? Peu ou rien, si l'on observe les principaux indicateurs chiffrés qui servent à mesurer la diversité musicale en radio. En 2010, 90 % des diffusions de nouveautés francophones ont été concentrées sur quinze titres ! Seulement onze nouveautés francophones figurent parmi les cent plus fortes rotations en 2010, soit 56 % de moins qu'en 2009. La part des titres francophones sur les cent plus fortes rotations n'est plus que de 30 % en 2010 (et encore, en y incluant des duos franco-anglais), soit 28 % de moins qu'en 2007. »
Ou encore lors de la rencontre en 2004 des représentants de l’industrie musicale, des radios et du Ministère de la Culture et de la Communication pour discuter de la diversité musicale à lire sur RadioActu.com.
En espérant que ces statistiques et ces informations vous permettront d’y voir plus clair dans la diversité musicale, qui n’est plus si diverse que ça !
Bonne journée.
Nous n’avons pas retrouvé l’étude statistique comparative sur la diversité musicale entre les années 1980 et les années 2000 malgré nos nombreuses recherches.
Cependant nous avons trouvé plusieurs études pour la dernière décennie, en effet en 2001, l’Observatoire de la musique a été créé. Cet organisme réalise chaque année un rapport sur la diversité musicale dans les médias et à la radio.
Vous pouvez consulter : le rapport 2012.
Le rapport 2004 est sur le site du Ministère de la Culture.
L’observatoire a réalisé un comparatif des données de chaque année de 2003 à 2012.
Ainsi pour les titres francophones en 2003, les nouveautés étaient au nombre de 24 827 et étaient diffusées 1 915 874 fois. En 2012, elles étaient 26 147 et étaient diffusées 1 861 862 fois.
Les nouveautés francophones, quant à elles, étaient en 2005, au nombre 6 262 et diffusées 776 399 fois, alors qu’en 2012, elles n’étaient plus que 4 620 et diffusées 643 761 fois.
Dans le préambule d’une étude sur la promotion de la diversité musicale, le Ministère de la Culture et de la Communication présente cette baisse :
« Alors qu’en 1995, 56 300 titres différents étaient diffusés sur les principales radios françaises, ce chiffre n’a cessé de baisser : 48 000 titres en 1996, 38 000 en 1998 et 24 400 en 2000. Sur la même période, le nombre d’artistes diffusés a été divisé par deux. Cette évolution intervient alors que la part de la musique régresse sur les radios généralistes (avec le développement des formats dits de " talk ") et que, sur les radios musicales, le taux de rotation des œuvres s’accélère.
En résulte un phénomène de baisse de la diversité musicale sur chaque antenne, caractérisé par la tendance à l’uniformisation des programmations et au rétrécissement des " playlists ", qui n’est pas nécessairement contrebalancé par l’accroissement de la diversité des radios, avec la spécialisation croissante de celles-ci. »
La baisse de la diversité musicale est due à différents facteurs comme l’apparition de logiciels de programmation musicale :
« Depuis le début des années 1990 et l’arrivée en France des logiciels de radio-automation, elle est entièrement automatisée. Initialement assignés à la programmation en avance des playlists de nuit, leur utilisation s’est vite généralisée. Selector, le premier historiquement et le plus connu serait, selon son éditeur RCS, utilisé par près de 8.000 stations dans le monde. Et par "l’essentiel des grosses radios françaises ", selon Bruno Witek, (ex-animateur et ex-directeur d’antenne de plusieurs stations musicales, aujourd’hui expert-conseil en programmation).
Les programmateurs commencent donc par élaborer des playlists, selon des critères variant d’une station à une autre. Celles-ci sont créées sur les logiciels de radio-automation, comme Selector ou encore Winradio. Les titres sont classés par catégories (là encore rien n’est gravé dans le marbre). Les "Hit radios" ou radio ne programmant que des tubes, fonctionnent généralement avec un Top 40 : 40 tubes, qui tournent en boucle. D’où cette impression d’entendre toujours la même chose. Les catégories les plus communément utilisées sont :
- les « tops » (ou leur variante « supertops ») : les tubes incontournables du moment
- les « nouveautés » : comme leur nom l’indique…
- les « récurrents » : des artistes identifiés
- les « golds » : les valeurs sûres, anciens tops ou tubes plus anciens encore (années 1980 ou 1990).
Ces logiciels sont comme des « super jukeboxs ». On y paramètre ainsi les critères de rotation, et ce que l’on appelle les horloges. Les rotations les plus fortes sont généralement espacées d’1h30 (durée qui correspond à peu près à la durée d’un top 40). Ce qui veut dire qu’un même titre est joué toute les 1h30. Les horloges correspondent à chaque heure de la journée et sont composées de tous les éléments diffusés. On indique ainsi au logiciel la composition de la tranche : un supertop / un récurrent / une nouveauté / un top /un top / un gold/ un supertop…. On peut aisément repérer des règles en écoutant attentivement les choix de programmation. En début de tranche horaire, ou lors d’une reprise après une pub ou un journal, il est rare d’entendre une nouveauté. Un top, un gold ou un récurrent ont un impact plus positif et évitent le zapping. »
Source : Article Salon Le Radio : Réflexions, débats et perspectives autour de la radio sur irma.asso.fr.
Les professionnels de l’édition musicale s’inquiètent de cette situation, comme dans cet article « Halte à la concentration musicale à la radio » sur Le Monde.fr :
« Que reste-t-il du vent de liberté qui a soufflé sur la bande FM dans les années 1980 ? Peu ou rien, si l'on observe les principaux indicateurs chiffrés qui servent à mesurer la diversité musicale en radio. En 2010, 90 % des diffusions de nouveautés francophones ont été concentrées sur quinze titres ! Seulement onze nouveautés francophones figurent parmi les cent plus fortes rotations en 2010, soit 56 % de moins qu'en 2009. La part des titres francophones sur les cent plus fortes rotations n'est plus que de 30 % en 2010 (et encore, en y incluant des duos franco-anglais), soit 28 % de moins qu'en 2007. »
Ou encore lors de la rencontre en 2004 des représentants de l’industrie musicale, des radios et du Ministère de la Culture et de la Communication pour discuter de la diversité musicale à lire sur RadioActu.com.
En espérant que ces statistiques et ces informations vous permettront d’y voir plus clair dans la diversité musicale, qui n’est plus si diverse que ça !
Bonne journée.
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