Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez vous m'éclairer sur le concept des humanités digitales ?
Par ailleurs, la réponse de l'Enssib sur la différence culture informationnelle et information literacy n'est plus disponible, pourriez vous m'expliquer cette différence ?
Merci d'avance,
Cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/06/2013 à 12h25
Bonjour,
Le site du Bulletin des Bibliothèques de France propose plusieurs définitions des humanités digitales ou les « digital humanities » car ce concept est complexe et couvre de multiples champs :
« Les digital humanities (DH) sont à distinguer de tout un champ d’expérimentation croisant SHS et informatique (literary/linguistic/humanities computing), partant du père jésuite Roberto Busa avec son Index Thomisticus dans les années 1960, en passant par Jean-Philippe Genet en histoire médiévale à la Sorbonne, qui en sont cependant des précurseurs.
Définir les digital humanities n’est pas une tâche aisée. S’agit-il d’une discipline nouvelle dédiée aux technologies numériques utilisées par les humanités dans la production de savoir ? Ou est-ce tout simplement la nouvelle appellation que devraient adopter les SHS, les méthodes de recherche ayant connu une transformation radicale et structurelle ?
Pour l’équipe française du Manifeste des Digital Humanities (2010), il s’agirait plutôt d’une « transdiscipline». Claire Warwick, directrice du Centre for Digital Humanities à University College London [UCL], retient aussi l’idée de « champ interdisciplinaire », au croisement des technologies numériques et des humanités. Elles produiraient à la fois des « applications et des modèles », favorisant de nouvelles approches de recherche en SHS, en informatique et dans les sciences connexes, tout comme elles étudient « l’impact des techniques » sur la sphère du patrimoine culturel.
De son côté, Pierre Mounier, l’un des principaux acteurs français des DH, estime qu’il ne faut pas « chercher à “naturaliser” les DH par une définition qui préexisterait à [leurs] usages ». Elles relèvent plus d’un « slogan mobilisateur aux contours flous », rendant compte « d’une intensification et d’une multiplication des usages des technologies numériques à toutes les étapes de la recherche en sciences humaines et sociales et non plus de manière ponctuelle comme c’était le cas jusqu’alors ».
Ray Siemens, de l’université de Victoria (Canada), estime toutefois qu’une telle approche, qu’il qualifie de big tent, permet certes d’englober beaucoup de choses à la fois en terme d’histoire et de champs d’application, mais qu’elle rend les DH difficiles et complexes à définir. Cela peut conduire à une perte de sens, alors que les tentatives de définitions se multiplient. Siemens rappelle qu’il est nécessaire d’examiner le passé, de comprendre la nature de ce qu’il appelle une « révolution » en dépassant le phénoménalisme journalistique, afin d’avancer dans la recherche. Il propose de parler de Methodological Commons dans ce contexte, compris comme le point de convergence entre des groupes disciplinaires et des «nuages de connaissance » autour des données et des pratiques que ces groupes utilisent. Toutefois, Siemens reconnaît que plusieurs définitions des DH peuvent tout à fait cohabiter. »
Concernant la différence entre la culture informationnelle et l’"information literacy", nous vous conseillons de vous reporter à cette question du service de Questions/Réponses de l’Enssib qui vous donne une définition de la culture informationnelle et des liens vers des sites qui traitent de ce sujet mais aussi de l’"information literacy".
Dans cette article bilingue Questions autour de la culture informationnelle/Questioning the Information Literacy concept, la culture informationnelle est le synonyme de l’"information literacy" :
« La culture informationnelle est une notion nouvelle et complexe, généralement posée comme une réponse aux enjeux des technologies de l'information et des « sociétés du savoir ». Mais ses finalités restent souvent mal définies, ses contenus didactiques mal délimités et ses présupposés épistémologiques peu explicités. Ce texte s'organise autour de plusieurs questionnements imbriqués, cherchant à identifier les principales questions concernant les enjeux, les finalités, les contenus et les présupposés de la culture informationnelle. En conclusion sont décrits quatre niveaux possibles d’une formation globale à l’information, depuis le niveau pratique jusqu’à celui de la réflexivité critique. »
Bonne journée.
Le site du Bulletin des Bibliothèques de France propose plusieurs définitions des humanités digitales ou les « digital humanities » car ce concept est complexe et couvre de multiples champs :
« Les digital humanities (DH) sont à distinguer de tout un champ d’expérimentation croisant SHS et informatique (literary/linguistic/humanities computing), partant du père jésuite Roberto Busa avec son Index Thomisticus dans les années 1960, en passant par Jean-Philippe Genet en histoire médiévale à la Sorbonne, qui en sont cependant des précurseurs.
Définir les digital humanities n’est pas une tâche aisée. S’agit-il d’une discipline nouvelle dédiée aux technologies numériques utilisées par les humanités dans la production de savoir ? Ou est-ce tout simplement la nouvelle appellation que devraient adopter les SHS, les méthodes de recherche ayant connu une transformation radicale et structurelle ?
Pour l’équipe française du Manifeste des Digital Humanities (2010), il s’agirait plutôt d’une « transdiscipline». Claire Warwick, directrice du Centre for Digital Humanities à University College London [UCL], retient aussi l’idée de « champ interdisciplinaire », au croisement des technologies numériques et des humanités. Elles produiraient à la fois des « applications et des modèles », favorisant de nouvelles approches de recherche en SHS, en informatique et dans les sciences connexes, tout comme elles étudient « l’impact des techniques » sur la sphère du patrimoine culturel.
De son côté, Pierre Mounier, l’un des principaux acteurs français des DH, estime qu’il ne faut pas « chercher à “naturaliser” les DH par une définition qui préexisterait à [leurs] usages ». Elles relèvent plus d’un « slogan mobilisateur aux contours flous », rendant compte « d’une intensification et d’une multiplication des usages des technologies numériques à toutes les étapes de la recherche en sciences humaines et sociales et non plus de manière ponctuelle comme c’était le cas jusqu’alors ».
Ray Siemens, de l’université de Victoria (Canada), estime toutefois qu’une telle approche, qu’il qualifie de big tent, permet certes d’englober beaucoup de choses à la fois en terme d’histoire et de champs d’application, mais qu’elle rend les DH difficiles et complexes à définir. Cela peut conduire à une perte de sens, alors que les tentatives de définitions se multiplient. Siemens rappelle qu’il est nécessaire d’examiner le passé, de comprendre la nature de ce qu’il appelle une « révolution » en dépassant le phénoménalisme journalistique, afin d’avancer dans la recherche. Il propose de parler de Methodological Commons dans ce contexte, compris comme le point de convergence entre des groupes disciplinaires et des «nuages de connaissance » autour des données et des pratiques que ces groupes utilisent. Toutefois, Siemens reconnaît que plusieurs définitions des DH peuvent tout à fait cohabiter. »
Concernant la différence entre la culture informationnelle et l’"information literacy", nous vous conseillons de vous reporter à cette question du service de Questions/Réponses de l’Enssib qui vous donne une définition de la culture informationnelle et des liens vers des sites qui traitent de ce sujet mais aussi de l’"information literacy".
Dans cette article bilingue Questions autour de la culture informationnelle/Questioning the Information Literacy concept, la culture informationnelle est le synonyme de l’"information literacy" :
« La culture informationnelle est une notion nouvelle et complexe, généralement posée comme une réponse aux enjeux des technologies de l'information et des « sociétés du savoir ». Mais ses finalités restent souvent mal définies, ses contenus didactiques mal délimités et ses présupposés épistémologiques peu explicités. Ce texte s'organise autour de plusieurs questionnements imbriqués, cherchant à identifier les principales questions concernant les enjeux, les finalités, les contenus et les présupposés de la culture informationnelle. En conclusion sont décrits quatre niveaux possibles d’une formation globale à l’information, depuis le niveau pratique jusqu’à celui de la réflexivité critique. »
Bonne journée.
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