Tableau de Keith Haring peint a la mort de John Lennon
ARTS ET LOISIRS
+ DE 2 ANS
Le 13/05/2013 à 14h47
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Question d'origine :
Bonjour, je prépare un entretien et je dois parler de l'oeuvre de Keith Haring (Untitled 1982) Il s'agit de l'oeuvre que Haring a peint après la mort de John Lennon, pouvez vous me donner d'autre informations s'il vous plai ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 16/05/2013 à 14h24
Nous supposons que votre entretien a lieu dans le cadre de l’épreuve scolaire, niveau brevet, comme ça été le cas de bien d’autres élèves qui ont sollicité nos services récemment.
Sur le site le web pédagogique vous disposez d’un plan type pour analyser une peinture dans le cadre où vous vous trouvez.
Le site eduscol fournit 6 exemples d’analyse de tableaux
Le texte qui définit l’épreuve est présent sur le site du Ministère de l’éducation nationale, avec notamment l’indication d’un barème pour évaluer l’élève :
«
- Situer des œuvres dans le temps et dans l'espace
- Présenter une œuvre de façon précise selon ses caractéristiques principales : domaine artistique, auteur, titre, époque ou contexte, support, dimensions, destination, mouvement artistique.
- Maîtriser des notions de base pour décrire les techniques de production et les usages d'une œuvre d'art ou d'un monument.
- Utiliser à bon escient un vocabulaire adapté à un domaine et à un langage artistiques.
- Développer un commentaire critique et argumenté sur une œuvre en discernant entre les critères subjectifs et objectifs de l'analyse.
- Établir des liens pertinents avec d'autres œuvres de la même période ou de périodes différentes.
- Produire quelques éléments d'analyse critique sur une œuvre nouvellement présentée à son regard.
- Manifester des connaissances de base sur les métiers et les formations liés aux domaines artistiques.
- Développer, pendant cinq minutes environ, un propos structuré relatif à l'objet d'étude.
- Appuyer son commentaire sur une documentation appropriée (référence aux cours, ressources numériques, etc.)
- Écouter et prendre en compte les questions du jury en formulant une réponse adaptée.
- Justifier ses choix en décrivant ses intérêts et ses acquis en histoire des arts.
- Manifester sa capacité à interroger un univers artistique, y compris abstrait.
- Évoquer la construction d'une culture personnelle en histoire des arts.
- S'exprimer correctement à l'oral, dans un niveau de langue approprié.
- Adopter un comportement physique convenant à la situation de l'épreuve. »
Plusieurs livres évoquent l’œuvre que vous citez :
Dans Haring(1958-1990) : une vie pour l'art / Alexandra Kolossa, l’auteur écrit à propos
du
« Le personnage dont le ventre absurdement troué sert de cerceau que traversent les chiens se réfère à un événement concret. Dans ce motif que l'on observe déjà dans les subway drawings, Haring tente, il le dira lui-même, de gérer ses sentiments par rapport à l'attentat perpétré sur John Lennon en 1980. « L'effet dégrisant de cet attentat se faisait sentir dans toute la ville. Je me suis réveillé le lendemain matin avec devant les yeux l'image d'un homme troué - j'ai toujours associé cette image à la mort de John Lennon ». »
du personnage du
« Ce sont encore les travaux de ses débuts, devenus de véritables icônes, que l'on associe en premier lieu à l'oeuvre de Keith Haring : le bébé à quatre pattes dans une couronne de rayons, le chien au museau carré en train d'aboyer ou ses personnages sans visages face à des situations absurdes.
…Sur le plan iconographique, il puise dans un répertoire qui parle sans ambages d'amour et de bonheur, de joie et de sexe, mais aussi de violence, d'exploitation et d'oppression. »,
p. 19 :
« Haring réagit à ces tags en utilisant son iconographie si facilement identifiable. Sa signature personnelle sera un animal qui prendra de plus en plus la forme d'un chien, un chien qui aboie avec une gueule rectangulaire. Il invente aussi un petit enfant à quatre pattes qui deviendra le prototype du bébé qui ne sait pas encore marcher. « C'est pour cette raison que le bébé est devenu mon logo ou ma signature, parce qu'il représente l'expérience la plus pure et la plus positive dans la vie humaine »
du
« En préparant cette exposition, il découvre que la bâche de vinyle est un support de peinture optimum. Fabriquée industriellement, elle est disponible dans toutes sortes de tailles et aussi dans des couleurs criardes. Haring fait percer des œillets à intervalles réguliers dans les bords des bâches, ce qui permet non seulement de les suspendre facilement mais aussi de les transporter sans problèmes. Il travaille sur ces bâches avec des peintures spéciales pour vinyle qui permettent un travail rapide et pratiquement sans coulure. Mais le choix de ce support pictural n'est pas seulement dicté par des raisons esthétiques ou techniques. «Tony et moi décidèrent que ma première exposition individuelle aurait lieu en octobre 1982 dans sa galerie. Jusque-là je n'avais fait que dessiner, et je voulais peindre quelques grands formats pour l'exposition - ce que je m'étais toujours refusé à faire. C'est que j'éprouvais une véritable aversion pour la toile. Ce qui m'a toujours dérangé c'est le sentiment qu'elle semblait déjà avoir une certaine valeur avant même qu'on l'ait touchée. Je trouvais que je n'avais pas la même liberté qu'en travaillant sur le papier, parce que le papier n'est pas prétentieux, qu'il est facilement disponible et pas cher. En outre, la toile représente pour moi tout ce machin historique - et ça me bloquait tout simplement sur le plan psychologique ». »
et p. 30 : « Alors que les subway drawings étaient fondés sur le contraste noir et blanc, les bâches de vinyle lui permettent de manier les couleurs. Ce faisant, Haring utilise une palette très réduite, distinguant uniquement la couleur des contours de celle du rempli. »
Dans l’ouvrage Keith Haring : exposition, Lyon, Musée d'art contemporain du 22 février-29 juin 2008, on note à propos
du
« Deux aspects caractéristiques d'un grand nombre d'œuvres de Keith Haring peuvent être rattachés à deux archétypes de la pensée. Le premier est le « mouvement », dont Haring lui-même soulignait le rôle dans sa peinture : « Le mouvement [peut être perçu] comme peinture et la peinture comme mouvement» (octobre 1978, p. 15). Le mouvement, à son tour, débouche sur le deuxième archétype, à savoir « la quête de l'immortalité », sur lequel je reviendrai plus loin. Le fait que les personnages de Haring soient toujours en mouvement est donc significatif. Ses créatures semblent être en proie à une activité fébrile, elles semblent incarner l'expression artistique de la citation d'Engels évoquée précédemment : « Le mouvement est le mode d'existence de la matière ».
à propos des
« Alors que la première pulsion de l'humanité est la connaissance, la deuxième est l'immortalité, qui s'exprime à travers le motif graphique de l'homme aux bras levés. Mircea Eliade nous dit que lorsque le chamane adopte cette position pendant les cérémonies, il exclame: « J'ai atteint le ciel. Je suis immortel ». Ce motif, aussi universel que celui du mouvement, traverse les âges, les latitudes, les mythes et les religions. On le retrouve dans les gravures rupestres, dans l'un des premiers alphabets, dans les divinités des religions archaïques, dans les figures de nos ancêtres, dans celles des chamanes et des orants. La clé de la signification symbolique de l'homme aux bras levés nous est donnée par le hiéroglyphe Kha. »
p. 59 … « La lettre Y est l'image sténographique de l'homme aux bras levés, et donc de l'androgyne primordial, tel qu'on peut le voir, par exemple, dans une illustration alchimique du traité de Michael Maier où l'androgyne tient un grand Y majuscule. Cet androgyne - expression anthropomorphique de la pierre philosophale - est le résultat de l'union (coniunctio oppositorum) des principes masculins et féminins. Cette union est exprimée à son tour par les noces incestueuses du couple formé par le frère et la sœur. Enfin, le mariage est la métaphore de l'intégrité de la psyché reconstruite à travers la guérison de la personnalité, normalement scindée dans ses composantes mâle/femelle. »
des artistes qui l’ont le plus
Dubuffet, Stuart Davis, Jackson Pollock, Paul Klee, Alfonso Ossorio, Mark Tobey, Pierre Alechinsky, Christo.
Dans son propre Journal, écrit de 1977 à 1989, Keith Haring nous livre ses conceptions de la vie et de son art, on relève :
p. 55 : « Rien n'est constant. Tout change constamment. Après la naissance, nous sommes assaillis à chaque seconde de notre vie par une multitude d'impressions : différentes sensations, différentes interjections, différents vecteurs directionnels de force/d'énergie se composent et se recomposent constamment autour de nous. Le temps
(des situations ordonnées en une progression logique visible) ne peut pas se répéter. Aucun des éléments émanant de l'expérience que nous avons du temps ne peut demeurer semblable parce que tout change continuellement. Physiquement l'être humain change constamment (la division des cellules) et personne n'est jamais dans le même état d'existence que ce soit mentalement ou physiquement.
La réalité physique du monde tel qu'il nous est connu se résume au mouvement. »
p.61-62 : « L'art est une exploration personnelle.
L'art met un terme à la question « qu'est-ce que c'est ? » ou « qu'est ce que ça veut dire ? ».
Le sens de l'art est appréhendé par le spectateur et non par l'artiste.
… Le spectateur n'a pas à être pris en compte durant la conception de l'art, mais on ne doit pas lui dire ensuite quoi penser, comment le concevoir ou ce qu'il veut dire. Il n'y a pas besoin de définition.
… Le public a droit à l'art.
… Le public est ignoré de la plupart des artistes contemporains.
Le public a besoin de l'art, et il est de la responsabilité de celui qui se proclame " artiste " de comprendre que le public a besoin de l'art, et de ne pas faire de l'art bourgeois pour les privilégiés en ignorant les masses. »
p. 170 : « La « responsabilité sociale » que je découvre dans mon travail émane de la LIGNE. Si les gens m'acceptent comme personnalité publique, c'est qu'ils acceptent ma LIGNE. Les relations entre mon art et la culture « primitive » (je déteste ce mot) expliquent comment et pourquoi il a été totalement accepté et apparaît complètement naturel à une époque très éloignée technologiquement et idéologiquement de ces prétendues cultures « primitives », L'« art », après tout, est au fondement même de l'existence humaine. Le besoin de nous séparer et de nous relier à notre environnement (le monde) est un besoin premier chez tous les êtres humains. »
Le MAC a rédigé un dossier pédagogique qui explicite de façon très claire les caractéristiques fondamentales de l’art de Keith Haring :
Sur ses
« Keith Haring fréquente le milieu underground new-yorkais des années 80. La discothèque Paradise Garage, le Club 57 et le Mudd Club sont des lieux de rendez-vous pour la scène alternative et le milieu « gay ». Keith Haring y rencontre de nombreux artistes qui comme lui, partagent la vie en club. C’est dans ces lieux non conventionnels de la scène hip hop, que l’artiste choisit d’organiser des expositions collectives, des lectures en public et des performances. »,
Sur son
« Quel que soit le support, le style de Haring est reconnaissable à sa ligne. C’est cette ligne continue, d’une épaisseur constante, nette, extrêmement graphique, qui estampille les œuvres et les signe. Haring saisit l’essentiel des figures, il condense en quelques lignes les formes génériques des objets et des personnages.
Les objets sont définis par leurs contours, les personnages par leurs silhouettes. La sobriété des personnages ne doit pas faire oublier la complexité et la diversité des situations dans lesquelles ils sont placés. »
la
« Keith Haring utilise une palette chromatique privilégiant les couleurs vives, quasi fluorescentes, et les contrastes francs. L’impact de ces larges surfaces aux couleurs lumineuses est immédiat. C’est souvent la couleur d’origine du support qui sert de fond pictural à l’artiste. Ainsi les couleurs, jaune, rouge ou bleue, des bâches en vinyles offrent des aplats de couleurs unis, immédiatement exploitables. »
les
« Dans l’ensemble de l’œuvre de Haring, on repère un certain nombre de motifs récurrents tels que : le bébé à quatre pattes, le chien au museau carré, la soucoupe volante, la pyramide, le bâton, le serpent, l’ordinateur et la télévision. Ces motifs constituent un répertoire de signes que l’artiste va combiner de diverses manières. Keith Haring traite ces signes comme des modules dont la signification peut changer selon leur configuration. L’écriture de Haring, qui s’en tient aux silhouettes, lui permet d’aller au-delà des particularités de tel ou tel personnage pour aborder le registre des relations et des interactions entre eux. Haring met l’accent sur les liens, les actions, les situations, plus que sur les personnages qui sont volontairement rendus anonymes. »
les
« Keith Haring puise autant dans l’histoire de l’art que dans une culture populaire. Il évoque l’influence qu’ont eue les bandes dessinées sur son travail : « Mon père dessinait pour moi des figurines de bandes dessinées et elles ont fortement influencé mes débuts – il fallait cerner quelque chose avec une ligne ininterrompue, les contours simples que l’on voit dans les bandes dessinées ».
« Dès 1980, on voit apparaître dans les dessins de Haring des petits traits qui viennent entourer certaines figures. Une centrale atomique, une pyramide, un ordinateur, un chien ou un homme apparaissent auréolés de rayons. Ces traits semblent manifester une énergie qui émanerait des personnages. Dès lors, les œuvres de Keith Haring vont fourmiller de petits traits, droits, courbes, en zigzag, en vaguelettes ou en croix.
Ces signes semblent mettre en mouvement ou mettre en situation les personnages auxquels ils sont associés. Ils ressemblent aux « marqueurs d’émotion » qu’on trouve dans les bandes dessinées où ils sont habituellement employés pour indiquer la peur, la joie, la colère, ou pour signifier le bruit, la vitesse, la violence, etc. Tandis que ces signes sont à peine perceptibles dans les bandes dessinées, Haring, lui, les épaissit, les intensifie et les transforme en peinture. Ils acquièrent alors une dimension plastique. S’ils indiquent souvent un mouvement, ils participent aussi à l’équilibre d’une composition et servent parfois de remplissage en saturant l’espace de la toile. Ces traits, en s’ajoutant aux lignes continues, viennent renforcer l’aspect graphique de l’écriture de Keith Haring. »
le
« Très souvent Keith Haring délimite un cadre à l’intérieur duquel il va inscrire ses figures. Il cerne une surface picturale d’un large trait de peinture. Mais peut-on véritablement parler d’un cadre ? Bien souvent ce trait est de la même grosseur et de la même couleur que celui utilisé pour les figures. Parce que ce trait n’est pas différent, on peut supposer qu’il trace aussi le contour d’une figure et qu’elle fait partie intégrante du tableau. Cette forme, rectangulaire ou carrée, schématise sans doute un tableau. Est-ce que ce rectangle est un contenant ou est-il contenu dans l’image ? Où s’arrête le cadre, où commence le motif ? Il semble que Keith Haring joue de l’ambiguïté de cette ligne qui encadre le tableau ou qui le représente. Le tableau, sous la forme élémentaire d’un rectangle, est omniprésent dans l’œuvre de Keith Haring. Et si l’objet de sa peinture était la peinture elle même ? »
Le
« La majorité des sujets abordés par l’artiste sont en lien direct avec sa vie et les interrogations de sa génération. Un grand nombre de ses œuvres dégagent une vitalité incroyable, elles évoquent l’énergie de la musique hip-hop et les mouvements de la break dance qui émergent à New York dans les années 80. A côté de ces œuvres positives et toniques liées à la danse, la jeunesse et la musique, Keith Haring aborde aussi des sujets beaucoup plus sombres comme le sida, la drogue et le racisme. »
Pour une approche rapide et synthétique de l’artiste, nous vous signalons le Points d'Actu incontournable réalisé par notre service.
Ainsi que le dossier de presse du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, p. 9 :
« Dans l’une de ses premières peintures sur bâche de 1982, Haring dessina la silhouette d’un homme debout avec un énorme trou dans le ventre, au travers duquel sautent des chiens comme à travers un anneau de cirque. L’artiste expliqua : « Il s’agit d’une simple image qui vient de l’histoire de John
Lennon avec le type au ventre troué et des chiens sautant à travers le trou 38. » Haring faisait selon toute évidence allusion à l’assassinat de John Lennon par le malade mental Mark David Chapman devant le
Dakota Building à New York, le 8 décembre 1980. Comme dans une bande dessinée, il agrandit l’impact de la balle à la taille d’une ouverture, gigantesque par rapport aux proportions du corps, qui, à cause de son contour rouge, devient un anneau. (…) »
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