démographie féline en liberté
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 02/04/2013 à 08h48
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Question d'origine :
Bonjour très efficace GdS,
Une question utile pour tous les espaces insulaires notamment ceux des Cyclades dont les chats sont un des attraits touristiques indéniables avec tous leurs dérivés (livres photos, calendriers ...).
Comment évolue la population féline dans de tels espaces où ils sont en totale liberté?
Ou autrement formulé, dans une année combien une chatte en totale liberté va-t-elle générer de chats en descendance directe et indirecte (ses chatons féminins devenant productifs eux aussi très rapidement)?
Bien entendu il peut y avoir une approche théorique avec des hypothèses maximales, moyennes ... ce qui serait déjà une belle avancée, mais l'idéal serait d'avoir des éléments réels d'évolution d'une telle population dans un tel contexte.
Je ne doute pas que ta puissance de réflexion et de recherche apporte des éclairages décisifs sur cette question, et que nous saurons ainsi en combien d'années il y aura un risque de surpopulation féline!!!
Mille merci par avance
Bien cordialement
Bonne journée
iannaki
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/04/2013 à 14h07
Avis aux amoureux des chats, ne lisez pas la suite, ça risque de vous faire friser les moustaches !
Car ici il sera plus ou moins question d’élimination de nos compagnons à poils.
Le contrôle de la population des chats par l’Homme est une constante, depuis la domestication de ces-derniers. Or, excepté leur liquidation sans sentiment, jamais l’Homme n’est parvenu à réduire significativement leur nombre, à quelques exceptions près.
Les chats restant plus agiles et plus rapides que nous, ils se multiplient assez facilement, notamment en espaces insulaires.
Votre postulat est : combien une chatte peut-elle engendrer de petits et à partir de quand, y aura-t-il surpopulation ?
Nous n’avons trouvé aucune étude scientifique officielle sur ce sujet, mais nous y avons quelque peu réfléchi.
Ainsi une chatte peut mettre bas en moyenne 4 fois par an, des portées entre 3 à 5 chatons (pour une portée normale) et 7 chatons et plus (pour un portée nombreuse).
Statistiquement une chatte peut donc avoir
cf Guide pratique de l’élevage félin, de Bernard-Marie Paragon.
Dans l’hypothèse haute, si tous ces chatons sont des femelles et que chacune met bas à son tour au même rythme que sa maman ; on obtiendrait l’année suivante :
- entre 144 chatons (si elles ne sont que 12) et 784 chatons (si elles sont 28).
Le calcul étant exponentiel, on peut vite être débordé, sachant que leur mère, la génitrice originelle, c’est-à-dire Eve qui a croqué la pomme, est toujours en activité.
Mais ne jetons pas la pierre qu'aux chattes, mais tournons nous plutôt vers les chats mâles. En effet les chats mâles étant tout autant tourmentés par leur testostérone que les hommes, et n’étant pas soumis à des périodes de chaleurs comme les femelles, ils sont susceptibles d’engendrer plus des rejetons.
Admettons qu’Adam, notre chat mâle, soit un étalon hors pair et qu’il conquiert une Eve différente chaque jour de l’année (non bissextile), alors il pourrait être l’heureux papa de :
-1095 chatons (portées de 3) à 2555 chatons (portées de 7).
L’affaire se complique si tous ses rejetons sont des mâles et occupent leur temps libre de la même manière que papa !
On atteindrait très vite les 10.000 chats en moins de 5 ans !
Tout est relatif : la France compte 65 millions d’habitants et seulement 11 millions de chats domestiques, loin derrière les poissons en bocal, 31 millions (pas tous dans le même bocal!). D’autant plus que 74% de ces chats sont déclarés stérilisés (Population animale).
Si on se place sur le plan mondial : nous sommes 7 milliards d’habitants pour près de 400 millions de « ronronneurs », nous avons donc de la marge (Chats du monde) !
Maintenant nous parlons ici de chats en totale liberté donc des chats errants. Dès lors, c’est Mère Nature qui prend le relais et ce sont les chats les plus résistants qui survivent.
La population féline, surtout en espace réduit comme sur une île, est régulée de façon "naturelle" que se soit par la maladie, la faim, le froid, ou les prédateurs divers et variés (du rat à la voiture, l’éventail est large). Son but, c’est avant tout la survie pas la colonisation.
Vous évoquez les chats des îles grecques qui sont effectivement un argument touristique, et mis en valeur dans de nombreux livres de photos : Les chats et les chats du soleil, de Hans Silvester.
Ce qui est reproché aux chats errants, c’est de détériorer ou de détruire l’écosystème local, suite à leur introduction dans un biotope qui n’est pas le leur. Or la présence des chats est attestée en Grèce depuis l’Antiquité, et il était, ne l’oublions pas, adulé par les Egyptiens.
C’est surtout dans les îles du Pacifique, où le chat a été introduit par l’Homme au cours du XIXe siècle, qu’il a fait des dégâts sur la faune locale. Ils sont considérés comme des espèces invasives, nuisibles, au même titre que les lapins et autres rongeurs (ces derniers étant éradiqués en Australie à coups de lance-flammes !).
Vous pouvez le lire dans les articles suivants :
-éradication du chat en Nouvelle-Zélande.
-faut-il éradiquer les chats pour le bien de l'humanité?.
Ces îles ont pratiqué, ou pratiquent encore, des politiques d’éradication pure et simple de la gent féline : les chats sont chassés, empoisonnés, parfois capturés. Des chasses et des battues sont autorisées par la loi afin de détruire les chats errants dits chats Haret, c’est-à-dire complètement retournés à l’état sauvage (article Wikipédia sur les chats Haret).
Vous avez ainsi le cas de l’île Marion : dans cette île de 250 km2, 5 chats avaient été introduits en 1949, ils étaient 2500 en 1980 et avaient détruit la faune locale. Il aura fallu 19 ans pour les éradiquer (blog îles lointaines).
Le problème est évoqué en France, à un niveau moindre bien sûr, notamment sur la gestion de colonies de chats abandonnés, ou retournés à l’état sauvage. Etant soucieux du bien être de ces animaux, les autorités essaient, autant que faire se peut, d’agir en douceur avec le concours des associations de protection des animaux. Ainsi des campagnes de stérilisations massives des chats sont organisées afin de limiter leur population à long terme. Malheureusement il y a toujours des récalcitrants qui utilisent des méthodes plus radicales pour répondre au problème : 30 millions d’amis.
Toutefois « l’Homme étant un loup pour l’Homme », et accessoirement pour tout se qui existe sur Terre, nous avons de fortes chances de l’emporter sur le Chat. Nous sommes quand même un meilleur prédateur, vu que nous avons plus d’espèces éteintes au compteur que le chat.
En outre, puisque nous allons bientôt manquer de ressources pour survivre, peut-être devrons- nous tous adopter le régime alimentaire chinois et manger du chat. A ce moment-là nous serons bien contents qu’ils soient aussi nombreux!
Et comme le disait le melmacien Alf : « je mangerais bien un p’tit chat ! »
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