Question d'origine :
Bonjour,
je suis à la recherche de la préface du dictionnaire Hachette publié en 1980. Elle aurait été écrite par Roland Barthes. Savez-vous s'il existe des exemplaires encore en circulation? ou un exemplaire numérique? Merci pour votre réponse
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/03/2013 à 09h29
Bonjour,
Le dictionnaire de la langue française Hachette de 1980 a bien été préfacé par Roland Barthes.
Source : Musée virtuel des dictionnaires.
Nous possédons un exemplaire de ce dictionnaire à la bibliothèque municipale de Lyon, le texte étant long, nous vous proposons ici l’introduction et la conclusion :
« Quoi de plus raisonnable qu’un dictionnaire ? Il informe, il renseigne, il enseigne même, pour peu qu’on veuille bien le lire, et non pas seulement le consulter ; sans long discours, sans vaine rhétorique, il distribue le savoir sobrement, démocratiquement, à n’importe qui le sollicite. Or cet objet robuste, simpliste même si l’on songe à l’enchevêtrement des faits, des notions, des substances dont est fait le monde, engage sans le dire (rien de moins bavard qu’un dictionnaire) les problèmes les plus graves, les plus brûlants, peut être même les plus vertigineux que l’esprit humain ait eu à connaître et à débattre.
[…]
Le dictionnaire nous rappelle à l’ordre. Il nous dit qu’il n’ya de vraie communication, d’interlocution loyale, que par l’usage rigoureux des subtilités de la langue. J’entends parfois certains accuser un auteur de « jargon » ; j’ai envie de leur répondre, comme le fit Valéry : « Etes-vous de cette sorte de gens pour qui le dictionnaire n’existe pas ? » Le dictionnaire nous rappelle que la langue n’est pas donnée une fois pour toutes et de façon innée ; que personne n’est à soi seul la norme de la clarté ; que la bonne communication ne peut être que le fruit d’une mollesse de parole ; bref que chacun doit lutter avec le langage, que cette lutte est incessante, qu’il y faut des armes (tel le dictionnaire), tant le langage est vaste, puissant, retors. L’existence obstinée et renouvelée des dictionnaires, le soin qu’on apporte à les concevoir et à les faire, tout cela dit qu’il y a en eux comme un vœu social : si les conflits humains sont inévitables (c’est ce qu’on assure), qu’au moins ce ne soit jamais par la faute des malentendus de mots. Les mots ne sont ni vrais, ni faux, hélas, le langage n’ayant pas le pouvoir de se prouver lui-même ; mais ils peuvent être justes : c’est à cette musique des rapports de langage que nous invite un bon dictionnaire. »
Cet ouvrage est aussi disponible dans certaines bibliothèques universitaires, comme on peut le voir sur le catalogue du Sudoc.
Bonne journée.
Le dictionnaire de la langue française Hachette de 1980 a bien été préfacé par Roland Barthes.
Source : Musée virtuel des dictionnaires.
Nous possédons un exemplaire de ce dictionnaire à la bibliothèque municipale de Lyon, le texte étant long, nous vous proposons ici l’introduction et la conclusion :
« Quoi de plus raisonnable qu’un dictionnaire ? Il informe, il renseigne, il enseigne même, pour peu qu’on veuille bien le lire, et non pas seulement le consulter ; sans long discours, sans vaine rhétorique, il distribue le savoir sobrement, démocratiquement, à n’importe qui le sollicite. Or cet objet robuste, simpliste même si l’on songe à l’enchevêtrement des faits, des notions, des substances dont est fait le monde, engage sans le dire (rien de moins bavard qu’un dictionnaire) les problèmes les plus graves, les plus brûlants, peut être même les plus vertigineux que l’esprit humain ait eu à connaître et à débattre.
[…]
Le dictionnaire nous rappelle à l’ordre. Il nous dit qu’il n’ya de vraie communication, d’interlocution loyale, que par l’usage rigoureux des subtilités de la langue. J’entends parfois certains accuser un auteur de « jargon » ; j’ai envie de leur répondre, comme le fit Valéry : « Etes-vous de cette sorte de gens pour qui le dictionnaire n’existe pas ? » Le dictionnaire nous rappelle que la langue n’est pas donnée une fois pour toutes et de façon innée ; que personne n’est à soi seul la norme de la clarté ; que la bonne communication ne peut être que le fruit d’une mollesse de parole ; bref que chacun doit lutter avec le langage, que cette lutte est incessante, qu’il y faut des armes (tel le dictionnaire), tant le langage est vaste, puissant, retors. L’existence obstinée et renouvelée des dictionnaires, le soin qu’on apporte à les concevoir et à les faire, tout cela dit qu’il y a en eux comme un vœu social : si les conflits humains sont inévitables (c’est ce qu’on assure), qu’au moins ce ne soit jamais par la faute des malentendus de mots. Les mots ne sont ni vrais, ni faux, hélas, le langage n’ayant pas le pouvoir de se prouver lui-même ; mais ils peuvent être justes : c’est à cette musique des rapports de langage que nous invite un bon dictionnaire. »
Cet ouvrage est aussi disponible dans certaines bibliothèques universitaires, comme on peut le voir sur le catalogue du Sudoc.
Bonne journée.
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