Question d'origine :
Origine et historique du nom du quartier de la Part-Dieu
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 29/01/2013 à 10h09
Bonjour,
Nous avons déjà répondu à cette question dont vous trouvez la réponse en ligne ici.
A lire également :
- la notice sur la Part-Dieu du Dictionnaire historique de Lyon,
- cette réponse concernant le développement récent du quartier,
- celle-ci sur l’étymologie,
- et ci-dessous une synthèse complémentaire :
Un toponyme ancien
Gardons le Dictionnaire historique de Lyon comme référence sûre : « Le premier document conservé, mentionnant la Part-Dieu - on dit alors « à la Pardeu », l’origine du nom restant incertaine - date de 1203 : les chanoines de Saint-Just échangent une terre qu’ils ont en ce lieu, achetée au sieur Guillaume de Fuer, contre des terrains que le sieur Jean Blanchard possède à Saint-Irénée. Elle appartient à un assemblage hétérogène occupant toute la rive gauche du Rhône, qui même prairies, marécages, terres cultivées, lônes et brotteaux incultes, volontiers submergés lors de nombreuses et capricieuses inondations du Rhône. S’élèvent, çà et là, quelques mottes naturelles très tôt bâties de fermes, en fait des maison fortes, comme Monchat, Béchevelin, la Motte, qui deviendra Lamothe, la Part-Dieu…».
Prenons ensuite Rues de Lyon à travers les siècles, de Maurice Vanario : « Domaine rural, sur le territoire de la Guillotière, dont le nom signifie « propriété de Dieu » ».
Mais on lit parfois "un homme pieux du XIIème siècle aurait vu, dans la partie sud épargnée par les eaux et rendue fertile, un don du ciel". Restons concret, à l'endroit où la toponymie se confond à la tradition allégorique, voire la légende, il est plus probable que ces terres devaient appartenir à des ecclésiastiques. La dîme y était-elle collectée ? Ce qui pourrait expliquer l’association avec Dieu. Mais au XIIIème siècle, à une époque où la preuve écrite se répand et en dehors de tout document relatif au compte d'une quelconque institution religieuse, il n'est pas possible d'expliquer ce toponyme en lui attribuant une explication sûre.
Ainsi dans la Toponymie Générale de la France d’Ernest Nègre (disponible à la Bibliothèque Municipale de Lyon, on trouve un lieu-dit Part-Dieu sur la commune de Chatuzange (-le-Goubet, Drôme ; toponyme n°27 522, vol. III). Un Part-Dieu à Chatuzange, de quoi rêver…
Dans cet ouvrage, où il figure dans les formations dialectales ayant trait à la religion, il est expliqué par Domus pars dei, "dîme payée au clergé".
En somme, la question n’est pas plus l’origine de ce mot pour son sens étymologique, que plutôt de savoir pourquoi ce lieu a-t-il été désigné ainsi.
Sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle), disponible en ligne, on peut voir Part dieu, près de Chatuzange.
Ernest Nègre cite deux autres sommes de toponymie (disponibles à la Bibliothèque Municipale de Lyon) où ce nom de lieu figure :
- Toponymie de la France, Auguste Vincent.
- Französisches etymologisches Wörterbuch, Walter von Wartburg.
Des explications plus traditionnelles
Il reste que ce nom de lieu est plus ancien que certains ont bien voulu l'expliquer et n'est pas du à une personne en particulier, car il est bien attesté au Moyen âge, au moins à partir du XIIIème siècle.
Cependant, il faut citer deux autres explications, relevant davantage de la tradition. On voit parfois le sens de ce nom expliqué comme une terre laissée à Dieu, car elle était inondable et marécageuse. Poussée plus loin encore, l’interprétation va quelque fois jusqu’à dire qu’inondable, donc fertile, cette terre fut désignée par Part-Dieu, car désignée comme bénie.
Une histoire récente qui s’ajoute
Enfin s’ajoute l’histoire de Catherine Mazenod (devenue plus tard Madame de Servient). Héritière des terres de la Part-Dieu, elle fut surnommée la « Dame de la Part-Dieu ». De l’avis même du Dictionnaire historique de Lyon, ce fut une « Forte personnalité que cette Catherine ! ». Et il n’y a plus qu’un pas pour entremêler toponymie et légende. On découvre comment elle administrait ses domaines : « Elle peut alors gérer tout à loisir son domaine, depuis son appartement de Bellecour, situé place Le Viste, et c’est en allant de l’un à l’autre que son carrosse est accusé d’être à l’origine de la catastrophe du Pont du Rhône, en 1711. De là l’origine d’une tractation longtemps considérée, benoîtement, comme une donation « réparatrice » effectuée par la dame en faveur des pauvres de Lyon, mais dont il est aujourd’hui établie que, effectuée pas moins de vingt-trois ans après le drame, elle fut en fait une cession, contre une confortable rente viagère touchée par l’avisée Catherine qui vécut jusqu’à l’âge respectable de quatre-vingt-trois ans ».
Ce n’est donc pas à la suite de cet accident que le quartier fut désigné Part-Dieu, contrairement à ce que l’on peut parfois lire ou entendre.
Notons qu’il existe un quartier de la Part-Dieu à Clermont-Ferrand et un Confolent-Port-Dieu en Corrèze.
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