Question d'origine :
Il y a des dizaines de milliers de morts chaque année, suite à la consommation, et à l'exploitation de la drogue.
Comment se fait-il qu'à notre époque, alors que nous avons des dizaines (des centaines ?) de satellites à quelques dizaines/centaines de kilomètres de la planète, satellites militaires capables de photographier nos corps au pied si besoin est, qu'il ne leur semble pas possible de photographier et de repérer ces lieux de culture - (Mexique, Afghanistan, etc,...).
Un peu de napalm, cela ne serait pas mal, vous ne croyez pas ?
Car ces énormes quantités de drogue doivent nécessiter de grandes zones de culture, et même s'il s'agit de petites exploitations, leur repérage par satellite ne devrait pas poser de problème.
Pourquoi ce domaine ne semble-t-il pas exploité ? (je me trompe sans doute, mais je ne comprends pas).
Merci à vous de votre future réponse. Et ne fumez pas trop !
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/12/2012 à 15h16
Bonjour,
Votre question à beau nous transporter sur un nuage de bonheur pour ne pas dire de béatitude, il n’en reste pas moins que ce problème est beaucoup plus complexe et qu’il ne s’agit pas de repérer des cultures par satellites puis d’envoyer une bombe napalm dont on connaît d’ailleurs les tristes conséquences… Ah s’il suffisait de … le monde serait vraisemblablement meilleur mais puisque nous ne sommes pas dans une série américaine où les gentils affrontent les méchants essayons de cerner ou plutôt d‘esquisser les raisons de l’inefficacité des politiques actuelles contre le trafic de drogue.
Pour cela, nous vous invitons à dépouiller la presse et notamment à consulter la base de données Europresse disponible dans les bibliothèques du réseau BML.
Reprenons tout d’abord l’article « Militarisation de la lutte contre ne narcotrafic. La drogue, alibi de Washingtin en Amérique latine » par Mariano Aguirre paru dans Le Monde diplomatique du 01/04/1997 dans lequel il est expliqué les moyens (dont la détection des cultures par satellites) mis en place et les échecs rencontrés :
Le 13 mars dernier, l'accusant de faiblesse dans sa lutte contre le narcotrafic, le Congrès américain demandait des sanctions contre le Mexique. La résolution provoqua une vive réaction à Mexico où, comme partout en Amérique latine, les pressions des Etats-Unis premier consommateur mondial de cocaïne sont vécues comme autant d'atteintes à la souveraineté nationale. La guerre à la drogue semble avoir remplacé la "doctrine de la contre-insurrection" appliquée par Washington durant les années 80. Elle permet un nouvel "interventionnisme" américain, militaire notamment.
Près de 80 % de la cocaïne et environ 90 % de la marijuana entrant aux Etats-Unis proviennent d'Amérique latine. Produite dans la région des Andes (Bolivie, Pérou, Colombie), la "marchandise" transite par les Caraïbes (mais aussi l'Amérique centrale et le Mexique), plaques tournantes pour les mafias internationales alliées aux cartels colombiens qui font la loi dans la région (1). Le montant annuel des ventes de la drogue pénétrant en territoire américain atteint 50 milliards de dollars. Washington considère ce narcotrafic comme une "affaire intérieure", dont les conséquences sociales sont de très grande ampleur en raison de ses incidences sur la criminalité.
Pour lutter contre ce fléau, les autorités américaines ont adopté deux stratégies: l'élimination des sources d'approvisionnement en détruisant les récoltes et les laboratoires clandestins en Amérique latine; l'interception des passages aux frontières, dans l'espace aérien et en haute mer (…)
Pour réaliser ces objectifs, fallait-il faire appel à l'armée? Traditionnellement, le Pentagone s'était toujours opposé à l'engagement des militaires contre les trafiquants de drogue. Cette position repose sur le Posse Comitatus Act de 1878, selon lequel les forces armées "ne doivent en aucun cas intervenir dans les affaires intérieures"
Passant outre, le gouvernement fédéral leur a donné mission, dès 1988, de mettre fin au trafic, de former des troupes spéciales pour agir contre les vendeurs de drogue "sur le territoire des Etats-Unis comme à l'étranger"; et de créer leurs propres réseaux de services secrets et de communications. En 1989, le président George Bush intégra officiellement les forces armées dans sa stratégie nationale pour le contrôle des drogues (NDCS). Et le Congrès accepta que des tâches telles que la détection et la surveillance de transferts de drogue par voie aérienne ou maritime, et la mise sur pied d'un réseau de communications, de contrôles et de services secrets soient confiées aux forces armées.Dès lors, pour surveiller les régions des Caraïbes et des Andes, le Pentagone recourut aux satellites, aux radars et aux systèmes de détection utilisés pour épier l'ex-URSS et Cuba (...) Depuis, les Etats-Unis envoient, dans des pays latino-américains, des commandos militaires qui forment des équipes locales aux problèmes de sécurité et aux techniques d'éradication des cultures. La CIA, la Drug Enforcement Administration (DEA), le Pentagone, le service des garde-côtes et le Southern Command sont mobilisés pour mettre en oeuvre cette politique (…) M. Clinton a utilisé l'Emergency Economic Powers Act pour geler les fonds des narcotrafiquants aux Etats-Unis et leur interdire toute transaction financière. En même temps, il a intensifié l'aide antidrogue: même s'ils demeurent notoirement insuffisants, les programmes destinés à encourager les agriculteurs latino-américains à abandonner la culture de la coca représentent environ 20 % du montant de l'aide extérieure américaine pour la région, contre 3 % il y a dix ans.
Ces mesures ont-elles gêné les trafiquants? M. Mathea Falco, président de l'institut Drug Stategies, estime que tant sur le plan national, où la répression prend le pas sur la prévention, qu'à échelle internationale, la politique américaine sur la drogue n'est qu' "une suite d'échecs ". Mme Coletta Youngers, expert au centre de recherches Washington Office on Latin America (WOLA) et auteur du livre Clear and Present Dangers, affirme: "Il n'existe aucune stratégie militaire concrète pour faire face au problème de la drogue. Trop de services sont impliqués à trop de niveaux politiques différents(…) La guerre américaine contre la drogue a d'autres effets pervers. Elle fait vivre les paysans locaux dans la crainte, et provoque des affrontements entre les gouvernements et les agriculteurs, que ce soit, en 1996, en Colombie, lors de la destruction forcée de cultures dans la région de Putumayo, ou en Bolivie, à Villa Union et Mamorecillo (11). D'autre part, cela fournit un prétexte aux forces de sécurité locales pour exercer des répressions, limiter le pouvoir civil ou intensifier la corruption.
Le WOLA estime que la politique des Etats-Unis a un double impact négatif: d'une part, l'aide aux polices et aux forces armées locales "peut encourager les atteintes aux droits de l'homme et renforce le pouvoir des militaires des pays andins auxquels, justement, on avait tenté d'imposer un contrôle civil". D'autre part, "le gouvernement des Etats-Unis s'est révélé incapable d'appliquer des mesures efficaces pour garantir que la finalité ultime de l'assistance et de l'entraînement militaires n'est pas de soutenir les campagnes de contre-révolution, ou d'autres opérations qui ont pour conséquence la violation des droits de l'homme."
Ainsi, au Mexique où les liens entre la drogue et le pouvoir demeurent très étroits, Washington reconnaît qu'il existe "de graves problèmes d'assassinats extrajudiciaires perpétrés par la police, ainsi que des arrestations illégales (…) Le vrai dilemme des gouvernements latino-américains est de réussir à concilier les exigences américaines en matière de collaboration dans la lutte contre la drogue, et les destructions de cultures très rentables sur le marché international, sans offrir de compensation financière aux paysans lésés. Ces gouvernements ont, indiscutablement, plus à perdre qu'à gagner en cédant aux actuelles pressions de Washington.
Poursuivons avec des lectures plus récentes et une autre zone géographique, l’Afghanistan :
Dans Intelligence online, du 26 juin 2008, l’article « Afghanistan. Les services remontent les filières de la drogue » fait état du fait que l'Afghanistan devrait produire cette année plus de 820 tonnes d'héroïne pure, soit 93% de la production mondiale estimée. L'OTAN ayant déployé 44 000 hommes dans ce pays, les services de renseignement des pays de l'alliance ont été chargés depuis un an de s'intéresser au défi majeur de sécurité qu'est devenu le trafic de drogue. Mais la parade est encore loin d'être trouvée.
Repérer les trafiquants sans s'aliéner la population. Les informations sur le trafic de pavot en Afghanistan sont désormais mutualisées entre la CIA, le MI6, le BND et la DGSE. Deux services de police, la Serious Organized Crime Agency britannique et le FBI, qui disposent tous deux d'antennes en Afghanistan (IOL nº548), participent aussi à la collecte de renseignements. Mais les rapports issus de ce travail commun ne déboucheront pas sur des opérations militaires de grande ampleur contre les trafiquants. La priorité du commandement de l'OTAN est en effet la sécurité des contingents déployés dans le pays, et toute implication dans la lutte anti-drogue est perçue comme un facteur susceptible d'aggraver la confrontation avec les populations. Il est significatif que l'observation des cultures de pavot soit assurée par des satellites civils pour le compte des Nations unies, plutôt que par les moyens militaires des pays de la coalition. …
Ce même constat avait été explicité le 19 novembre 2004 dans Économie et finance dans lequel il était mentionné que la culture du pavot avait bondi de plus de 200 % en Afghanistan…
Avant que votre esprit ne soit définitivement embrumé par autant de considérations sur la drogue, notons que le 26 juin 2008 libération consacrait un article à « La guerre de la drogue est loin d'être gagnée » dans lequel était indiqué que pour la journée mondiale de lutte contre la drogue l’ONU a dû reconnaître un échec : en Colombie,la manière forte ne marche pas . Le premier pays producteur de cocaïne, avec 60 % de l’offre mondiale, a vu la surface de ses champs de coca augmenter l’année dernier, malgré un effort d’éradication selon l’ONU contre la drogue et le crime (UNODC), dont les satellites surveillent depuis 1999 l’évolution des cultures …
A croire donc que cela ne serait pas aussi facile !!
Pour compléter ces premières informations, nous vous conseillons les lectures suivantes :
* American war machine, la machine de guerre américaine : la politique profonde, la CIA, la drogue, l'Afghanistan... / Peter Dale Scott, traduit de l'américain par Maxime Chaix & Anthony Spaggiari, 2012 : Ce dossier dresse un état de lieux des pratiques criminelles et violentes en Amérique latine : associations illicites, narco-trafic, trafic d'humains, organisations criminelles, pandillas, maras et cartellitos, etc.
* El Narco : la montée sanglante des cartels mexicains / Ioan Grillo, traduit de l'anglais par Frédéric-Eugène Illouz, 2012 : Cette enquête retrace l'histoire des organisations mafieuses à l'origine d'une escalade de violence pour s'approprier un marché de marijuana et de cocaïne estimé à plus d'un milliard de dollars. Une plongée dans l'intimité des cartels à la tête d'une véritable industrie servie par des escadrons qui sèment la terreur du Guatemala au Texas en tuant policiers et civils;
* Narco business : l'irrésistible ascension des mafias mexicaines / Babette Stern, 2011 : La journaliste enquête sur la mafia mexicaine, principale exportatrice de drogue au monde. Documents d'archives, journaux et entretiens avec les membres des cartels ou les historiens enrichissent son analyse de cette réussite industrielle et commerciale sans précédent.
* Géopolitique des drogues / Alain Labrousse, 2011 : Bilan du commerce de la drogue à travers le monde, des origines de son exploitation en passant par sa diffusion, les rapports entre les cartels de la drogue et la corruption politique, sa place dans les conflits internationaux et le terrorisme. Synthèse des réformes des législations internationales qui ont pour but de mieux lutter contre ces trafics, ainsi que leurs enjeux sécuritaires.
* Dictionnaire géopolitique des drogues: la drogue dans 134 pays : productions, trafics, conflits, usages / éd. par Alain Labrousse, 2003.
* Trafic de drogue, trafic d'états / Eric Merlen, Frédéric Ploquin, 2002 : Les dessous de la lutte contre le trafic de drogue, et comment les Américains de la CIA ont misé sur le général Manuel Noriega, patron des forces armées du Panama, avant d'ordonner sa chute. Noriega comptait se réfugier en France où il avait des amitiés haut placées. Une enquête sur les nouveaux scandales de Panama.
Votre question à beau nous transporter sur un nuage de bonheur pour ne pas dire de béatitude, il n’en reste pas moins que ce problème est beaucoup plus complexe et qu’il ne s’agit pas de repérer des cultures par satellites puis d’envoyer une bombe napalm dont on connaît d’ailleurs les tristes conséquences… Ah s’il suffisait de … le monde serait vraisemblablement meilleur mais puisque nous ne sommes pas dans une série américaine où les gentils affrontent les méchants essayons de cerner ou plutôt d‘esquisser les raisons de l’inefficacité des politiques actuelles contre le trafic de drogue.
Pour cela, nous vous invitons à dépouiller la presse et notamment à consulter la base de données Europresse disponible dans les bibliothèques du réseau BML.
Reprenons tout d’abord l’article « Militarisation de la lutte contre ne narcotrafic. La drogue, alibi de Washingtin en Amérique latine » par Mariano Aguirre paru dans Le Monde diplomatique du 01/04/1997 dans lequel il est expliqué les moyens (dont la détection des cultures par satellites) mis en place et les échecs rencontrés :
Le 13 mars dernier, l'accusant de faiblesse dans sa lutte contre le narcotrafic, le Congrès américain demandait des sanctions contre le Mexique. La résolution provoqua une vive réaction à Mexico où, comme partout en Amérique latine, les pressions des Etats-Unis premier consommateur mondial de cocaïne sont vécues comme autant d'atteintes à la souveraineté nationale. La guerre à la drogue semble avoir remplacé la "doctrine de la contre-insurrection" appliquée par Washington durant les années 80. Elle permet un nouvel "interventionnisme" américain, militaire notamment.
Près de 80 % de la cocaïne et environ 90 % de la marijuana entrant aux Etats-Unis proviennent d'Amérique latine. Produite dans la région des Andes (Bolivie, Pérou, Colombie), la "marchandise" transite par les Caraïbes (mais aussi l'Amérique centrale et le Mexique), plaques tournantes pour les mafias internationales alliées aux cartels colombiens qui font la loi dans la région (1). Le montant annuel des ventes de la drogue pénétrant en territoire américain atteint 50 milliards de dollars. Washington considère ce narcotrafic comme une "affaire intérieure", dont les conséquences sociales sont de très grande ampleur en raison de ses incidences sur la criminalité.
Pour lutter contre ce fléau, les autorités américaines ont adopté deux stratégies: l'élimination des sources d'approvisionnement en détruisant les récoltes et les laboratoires clandestins en Amérique latine; l'interception des passages aux frontières, dans l'espace aérien et en haute mer (…)
Pour réaliser ces objectifs, fallait-il faire appel à l'armée? Traditionnellement, le Pentagone s'était toujours opposé à l'engagement des militaires contre les trafiquants de drogue. Cette position repose sur le Posse Comitatus Act de 1878, selon lequel les forces armées "ne doivent en aucun cas intervenir dans les affaires intérieures"
Passant outre, le gouvernement fédéral leur a donné mission, dès 1988, de mettre fin au trafic, de former des troupes spéciales pour agir contre les vendeurs de drogue "sur le territoire des Etats-Unis comme à l'étranger"; et de créer leurs propres réseaux de services secrets et de communications. En 1989, le président George Bush intégra officiellement les forces armées dans sa stratégie nationale pour le contrôle des drogues (NDCS). Et le Congrès accepta que des tâches telles que la détection et la surveillance de transferts de drogue par voie aérienne ou maritime, et la mise sur pied d'un réseau de communications, de contrôles et de services secrets soient confiées aux forces armées.
Ces mesures ont-elles gêné les trafiquants? M. Mathea Falco, président de l'institut Drug Stategies, estime que tant sur le plan national, où la répression prend le pas sur la prévention, qu'à échelle internationale, la politique américaine sur la drogue n'est qu' "une suite d'échecs ". Mme Coletta Youngers, expert au centre de recherches Washington Office on Latin America (WOLA) et auteur du livre Clear and Present Dangers, affirme: "Il n'existe aucune stratégie militaire concrète pour faire face au problème de la drogue. Trop de services sont impliqués à trop de niveaux politiques différents(…) La guerre américaine contre la drogue a d'autres effets pervers. Elle fait vivre les paysans locaux dans la crainte, et provoque des affrontements entre les gouvernements et les agriculteurs, que ce soit, en 1996, en Colombie, lors de la destruction forcée de cultures dans la région de Putumayo, ou en Bolivie, à Villa Union et Mamorecillo (11). D'autre part, cela fournit un prétexte aux forces de sécurité locales pour exercer des répressions, limiter le pouvoir civil ou intensifier la corruption.
Le WOLA estime que la politique des Etats-Unis a un double impact négatif: d'une part, l'aide aux polices et aux forces armées locales "peut encourager les atteintes aux droits de l'homme et renforce le pouvoir des militaires des pays andins auxquels, justement, on avait tenté d'imposer un contrôle civil". D'autre part, "le gouvernement des Etats-Unis s'est révélé incapable d'appliquer des mesures efficaces pour garantir que la finalité ultime de l'assistance et de l'entraînement militaires n'est pas de soutenir les campagnes de contre-révolution, ou d'autres opérations qui ont pour conséquence la violation des droits de l'homme."
Ainsi, au Mexique où les liens entre la drogue et le pouvoir demeurent très étroits, Washington reconnaît qu'il existe "de graves problèmes d'assassinats extrajudiciaires perpétrés par la police, ainsi que des arrestations illégales (…) Le vrai dilemme des gouvernements latino-américains est de réussir à concilier les exigences américaines en matière de collaboration dans la lutte contre la drogue, et les destructions de cultures très rentables sur le marché international, sans offrir de compensation financière aux paysans lésés. Ces gouvernements ont, indiscutablement, plus à perdre qu'à gagner en cédant aux actuelles pressions de Washington.
Poursuivons avec des lectures plus récentes et une autre zone géographique, l’Afghanistan :
Dans Intelligence online, du 26 juin 2008, l’article « Afghanistan. Les services remontent les filières de la drogue » fait état du fait que l'Afghanistan devrait produire cette année plus de 820 tonnes d'héroïne pure, soit 93% de la production mondiale estimée. L'OTAN ayant déployé 44 000 hommes dans ce pays, les services de renseignement des pays de l'alliance ont été chargés depuis un an de s'intéresser au défi majeur de sécurité qu'est devenu le trafic de drogue. Mais la parade est encore loin d'être trouvée.
Repérer les trafiquants sans s'aliéner la population. Les informations sur le trafic de pavot en Afghanistan sont désormais mutualisées entre la CIA, le MI6, le BND et la DGSE. Deux services de police, la Serious Organized Crime Agency britannique et le FBI, qui disposent tous deux d'antennes en Afghanistan (IOL nº548), participent aussi à la collecte de renseignements. Mais les rapports issus de ce travail commun ne déboucheront pas sur des opérations militaires de grande ampleur contre les trafiquants. La priorité du commandement de l'OTAN est en effet la sécurité des contingents déployés dans le pays, et toute implication dans la lutte anti-drogue est perçue comme un facteur susceptible d'aggraver la confrontation avec les populations. Il est significatif que l'observation des cultures de pavot soit assurée par des satellites civils pour le compte des Nations unies, plutôt que par les moyens militaires des pays de la coalition. …
Ce même constat avait été explicité le 19 novembre 2004 dans Économie et finance dans lequel il était mentionné que la culture du pavot avait bondi de plus de 200 % en Afghanistan…
Avant que votre esprit ne soit définitivement embrumé par autant de considérations sur la drogue, notons que le 26 juin 2008 libération consacrait un article à « La guerre de la drogue est loin d'être gagnée » dans lequel était indiqué que pour la journée mondiale de lutte contre la drogue l’ONU a dû reconnaître un échec : en Colombie,
A croire donc que cela ne serait pas aussi facile !!
Pour compléter ces premières informations, nous vous conseillons les lectures suivantes :
* American war machine, la machine de guerre américaine : la politique profonde, la CIA, la drogue, l'Afghanistan... / Peter Dale Scott, traduit de l'américain par Maxime Chaix & Anthony Spaggiari, 2012 : Ce dossier dresse un état de lieux des pratiques criminelles et violentes en Amérique latine : associations illicites, narco-trafic, trafic d'humains, organisations criminelles, pandillas, maras et cartellitos, etc.
* El Narco : la montée sanglante des cartels mexicains / Ioan Grillo, traduit de l'anglais par Frédéric-Eugène Illouz, 2012 : Cette enquête retrace l'histoire des organisations mafieuses à l'origine d'une escalade de violence pour s'approprier un marché de marijuana et de cocaïne estimé à plus d'un milliard de dollars. Une plongée dans l'intimité des cartels à la tête d'une véritable industrie servie par des escadrons qui sèment la terreur du Guatemala au Texas en tuant policiers et civils;
* Narco business : l'irrésistible ascension des mafias mexicaines / Babette Stern, 2011 : La journaliste enquête sur la mafia mexicaine, principale exportatrice de drogue au monde. Documents d'archives, journaux et entretiens avec les membres des cartels ou les historiens enrichissent son analyse de cette réussite industrielle et commerciale sans précédent.
* Géopolitique des drogues / Alain Labrousse, 2011 : Bilan du commerce de la drogue à travers le monde, des origines de son exploitation en passant par sa diffusion, les rapports entre les cartels de la drogue et la corruption politique, sa place dans les conflits internationaux et le terrorisme. Synthèse des réformes des législations internationales qui ont pour but de mieux lutter contre ces trafics, ainsi que leurs enjeux sécuritaires.
* Dictionnaire géopolitique des drogues: la drogue dans 134 pays : productions, trafics, conflits, usages / éd. par Alain Labrousse, 2003.
* Trafic de drogue, trafic d'états / Eric Merlen, Frédéric Ploquin, 2002 : Les dessous de la lutte contre le trafic de drogue, et comment les Américains de la CIA ont misé sur le général Manuel Noriega, patron des forces armées du Panama, avant d'ordonner sa chute. Noriega comptait se réfugier en France où il avait des amitiés haut placées. Une enquête sur les nouveaux scandales de Panama.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter