Question d'origine :
Bonjour,
Je suis particulièrement sensible au papier "écologique". J'aimerais en savoir plus sur les différents types de papiers : recyclé, recyclable...
Par ailleurs, on dit souvent que le papier recyclé est de moins bonne qualité et que, notamment, il ne peut pas faire l'objet d'une impression recto verso, est-ce vrai?
Merci !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/03/2005 à 14h14
Dans les dix dernières années, la contribution du papier recyclé n'a pas cessé de s'amplifier. En Europe, il représente aujourd'hui plus de 42% de toutes les matières employées dans la fabrication des papiers et des cartons.
On a utilisé pendant longtemps les journaux, les magasines invendus et les caisses en carton ondulé. Aujourd'hui le développement des collectes sélectives augmentent les ressources en matières non triées.
Les fibres récupérées rentrent principalement dans la composition des cartons plats, des papiers pour ondulé (couverture ou cannelure), de certains papiers à usage sanitaire ou domestique et de certaines sortes "impression-écriture" (notamment le journal).
Certaines fabrications sont d'ores et déjà entièrement dues au papier recyclé, par exemple les cartons gris ; d'autres le font intervenir dans des proportions allant de 10 à 100%, comme le papier journal et les papiers sanitaires et hygiéniques.
Sa qualité varie beaucop selon la nature des matériaux recyclés : les pires font appel au carton ondulé, au kraft écru ; ordinaires, ils se contentent de papiers et de cartons hétérogènes, de magazines populaires ; améliorés, il leur faut des journaux et des livres, de préférence invendus, ou alors bien triés, des cartons blancs ; supérieurs, ils exigent des chutes d'imprimantes ou de machines à déchiqueter.
En principe, le réemploi conserve tout ou partie de la forme initiale, alors que le recyclage ne retient que la matière, dans le cadre d'un process industriel de transformation...
Un recyclage en boucle signifie que la nouvelle application est la même que l'application initiale ; par exemple, un vieux journal redevient un journal (même si le titre n'est plus le même). Dans le cas d'un recyclage en cascade, l'application est
différente. Le vocable de cascade signifie en outre que la nouvelle application - ou, si possible, les nouvelles applications successives - correspondent généralement à des produits de moindre valeur, moins exigeants au plan qualitatif.
Un enjeu consiste à limiter l'entropie du système-matière, par des recyclages en boucle (successives) ou à défaut en cascade. Les papiers-cartons de récupération, notamment s'il s'agit de déchets d'usage (par opposition aux chutes neuves de fabrication) ont subi divers traitements avant d'être mis sur le marché, puis divers aléas au cours de leur vie.
D'une façon générale, les fibres recyclées permettent d'obtenir des papiers plus opaques, ayant une meilleure stabilité dimensionnelle et présentant une qualité d'impression voisine de celle obtenue à partir de pâtes neuves.
Il est à noter que leur réutilisation en papeterie constitue, par rapport à l'incinération ou à la mise en décharge, la meilleure forme de leur valorisation.
Au point de vue inconvénients, il faut citer [notamment] une dégradation des propriétés mécaniques des fibres au cours des cycles de réutilisation, particulièrement sensible dans les sortes à fort taux de recyclage (papiers pour ondulé), et un niveau de blancheur insuffisant, dans certains cas.
Le recyclage s'accompagne de la perte de certaines propriétés : raccornissement des fibres, diminution de leur longueur, affaiblissement des liaisons inter-fibres, pertes de propriétés mécaniques, accroissement du temps dégouttage de la pâte. Toutefois, certaines techniques, comme le raffinage haute concentration, permettent, au moins pour partie, d'y remédier. De plus, pour de nombreux ouvrages, les propriétés restent suffisantes.
Certains logos visent à indiquer que les papiers-cartons sont recyclables. Ils sont certes recyclables, mais sont-ils effectivement recyclés ? De plus, l'appellation papier recyclé renvoie à une multiplicité de définitions, différentes et plus ou moins précises. Face à une pléthore de logos et de mentions diverses, le consommateur a du mal à s'y retrouver, à faire des choix en connaissance de cause. En France, l'APUR (Association des Producteurs et des Utilisateurs de papiers-cartons recyclés) propose un logo en forme de feuille assorti de précisions relatives à la proportion de fibres cellulosiques de récupération incorporées.
Dans le domaine des papiers impression-écriture, les premiers papiers apparus sur le marché avec la mention recyclé, ou un logo pour l'indiquer, furent des articles tels que des enveloppes, des blocs de correspondance ou des cahiers d'écoliers. La qualité de certains de ces articles laissait à désirer : papiers pelucheux, buvant l'encre. Leur médiocre qualité n'était en fait pas inhérente au recyclage de vieux papiers, mais à des traitements du papier (lissage, calandrage, apprêts) non satisfaisants pour leur usage. Après ces temps héroïques, la qualité
s'est fortement améliorée. On trouve aujourd'hui du papier à lettres et des enveloppes en recyclé très esthétiques ; en particulier, le gris se marie bien avec les tons pastels.
De nombreux documents sont imprimés recto-verso sur papier recyclé ; l'ouvrage de Gérard Bertonili utilisé pour rédiger cette réponse en est la preuve !
Sources :
- Le bois, la pate, le papier de Pierre Vallette
- Le papier à travers les âges : du premier âge au recyclage de Gérard Bertolini (p.141 à 163)
et ces ouvrages sur l'histoire du papier présents à la Bibliothèque municipale de Lyon
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