Question d'origine :
Bonjour mesdames, mesdemoiselles ou messieurs.
Je suis actuellement étudiant et je cherche avec désespoir des informations sur la sociologie du déguisement. Je sais que la question que je pose est tout à fait dans le sujet puisque nous arrivons bientôt à une période de rush: en l'occurence; halloween.
J'ai bien trouvé quelques informations notamment sur ce site http://www.deguisement-pas-cher.fr, en bas de page d'accueil "sociologie" mais la page en question n'est qu'une réplique d'un document édité par le musée du jouet qui est assez sexiste. Les filles en filles et les garçons en garçons en quelque sorte.
J'ai eu beau cherché et même wikipédia n'est pas capable de m'apporter une seule réponse..la page est vide.
[url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Déguisement]deguisement wikipédia[/url]
Alors voilà, je fais appel à vos connaissances ou du moins à vos références. Merci beaucoup. L'idée étant de savoir quels sont les mécanismes qui ont poussé l'homme à se déguiser (J'identifie assez bien, le surnaturel, le besoin de récuperer les forces vitales, le besoin de pouvoir), mais j'ai également besoin de sources plus contemporaines.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/10/2012 à 12h20
Bonjour,
Pour comprendre la sociologie du déguisement il faudra vous plonger dans les questions du masculin et du féminin et aborder plus précisément quels modèles culturels sont transmis aux enfants. Les domaines de la littérature et des jeux semblent dicter bien des comportements.
Ainsi, Mona Zegaï explique les différents clivages qu’il existe entre les mondes lexicaux masculins et féminins. Pour les premiers, ils gravitent autour des véhicules (voiture, avion, hélicoptère) et de leur description technique (turbo, vitesse, infrarouge). Ils sont également constitués de figurines articulées qui représentent fréquemment des super-héros, sont armées et prêtes au combat dans des décors qui sont couramment des châteaux. De nombreux univers de combat sont reproduits en miniature et peuplés de chevaliers, dragons ou dinosaures. Les mondes lexicaux féminins concernent, quant à eux, majoritairement les poupons et de nombreux accessoires permettant aux petites mamans de s’occuper de leur bébé (poussette, biberon), du ménage et de la cuisine. Les poupées, le plus souvent des poupées mannequins, sont également fortement représentées et liées au rêve (magie, fée) ainsi qu’à l’apparence physique et à la mode (coiffure, maquillage). Cette distinction entre jouets de garçon et jouets de fille mise au jour par le discours linguistique est amplifiée par un discours iconique spécialisé omniprésent dans les espaces de commercialisation de ces objets de l’enfance.
L’auteure remarque aussi que les déguisements permettent aux enfants de développer des habitus différenciés en fonction de leur sexe. Ils tirent néanmoins leur particularité du fait qu’il s’agit d’appliquer l’objet à soi-même, de travestir son apparence pour apparaître autre, d’entrer ‘physiquement’ dans les histoires que suggèrent les œuvres de fiction ; l’enfant ne manipule plus un personnage de ses mains, il entre dans la peau du personnage. Malgré le fait que, historiquement, le déguisement soit un travestissement de soi qui permette des transgressions de frontières habituellement relativement imperméable, celui-ci s’effectue chez les enfants dans le cadre normatif des différences de sexe, le clivage s’inscrivant à la fois dans les types de déguisements proposés et dans la manière dont ceux-ci sont présentés dans les espaces de commercialisation. Les déguisements des garçons représentent la plupart du temps des héros et super-héros connus, au visage presque systématiquement masqué, partiellement (Batman) ou intégralement (Spiderman), alors que ceux des filles représentent des anonymes (des princesses, des fées) au visage découvert. Les premiers sont parfois méchants (Dark Vador), laids (Hulk) et leur principal accessoire est une arme, alors que les secondes sont toujours gentilles (anges), belles et dotées de baguettes magiques, diadèmes et d’une multitude d’accessoires de beauté : maquillage, chaussures, sacs, bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles), serre-tête, jupons, justaucorps, chaussons, chapeaux, perruques. Les déguisements des filles étant essentiellement liés à la beauté et à l’esthétisme, la frontière avec la parure apparaît assez fine, et cela d’autant plus qu’une partie de leurs accessoires pourrait tout à fait se porter dans la vie de tous les jours.
Source : « La mise en scène de la différence des sexes dans les jouets et leurs espaces de commercialisation », Cahiers du Genre 2/2010 (n° 49), p. 35-54.
URL : http://www.cairn.info/revue-cahiers-du- ... age-35.htm. (base de données disponible dans les réseaux BML )
Vous trouverez dans cette étude de très nombreuses références bibliographiques. Par ailleurs, divres articles ou essais on été consacrés à cette thématique :
Les enfants rêvent-ils toujours d’être des princesses ou des chevaliers ?
La Revue Cerveau et psycho de mars-avril 2007 avait consacré un article à « la magie du déguisement dans lequel elle consacrait un encart aux
Déguisements : Superman ou Peter Pan ?
les vendredisintellos.com analysent les écrits de Jean-Fnançois Dortier sur » quand je serai grand ».
Une « bloggeuse » s’interroge sur le sujet faut il avoir peur des princesses ? et présente les considérations de Peggy Orenstein Porter: The pink princess parenting nightmare qui a d’ailleurs écrit un ouvrage sur cette thématique : Cinderella Ate My Daughter.
Nous vous conseillons également :
les objets de l’enfance / Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin, Delphine Naudier - 2010 : Dans quelle mesure peut-on dire que l'enfance est un laboratoire des transactions de genre ? Confrontant discours, pratiques et représentations, les articles de ce numéro mettent en scène des expériences ludiques au sein de plusieurs instances socialisatrices, et analysent comment, à travers elles, se construit, s'expérimente et se recompose le genre.
La culture de l'enfance à l'heure de la mondialisation / Pierre Bruno, 2002 : Tente de dégager les principales causes et les conséquences de la mondialisation de la culture de masse enfantine sur les modèles proposés aux nouvelles générations. Deux axes de réflexion : le marché et ses logiques, la société et ses modèles. S'interroge sur les mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales qu'elles véhiculent, sur la représentation du système scolaire, de la violence...
Cosplay / Eugénie Chidlin; photographies d'Andy Julia, 2011 : Le cosplay provient de la contraction des mots costume et playing. Créé aux Etats-Unis par les fans de Star Wars et Star Trek avant de connaître une expansion fulgurante au Japon puis en Europe, ce loisir consiste à entrer dans la peau d'un personnage fictif. Tour à tour femme-enfant ou femme fatale, geisha moderne ou néo pin-up, la cosplayeuse s'affranchit du dictat des médias qui gouvernent les phénomènes de mode, s'appropriant les codes de la féminité instaurés au travers des époques et des continents. Sage ou provocante, glamour ou sexy, elle joue de tous les artifices sans aucune limite, montrant non seulement un savoir-faire et une ingéniosité à toute épreuve, mais une volonté d'affirmer une féminité exacerbée.
En effectuant des recherches sur les bases de données Persée, Cairn ou google livres vous trouverez d’autres références comme :
Les princes, les princesses et le sexe des anges consultable à partir de la base de données cairn.
C. Peter, "Petites princesses contre super-héros : les médias destinés aux 2-14 ans mettent-ils en scène le clivage des genres ?", Enfance et culture, pp. 129-146.
Enfin, nous vous conseillons de parcourir les bibliographies (voir en particulier essais sur le genre et Notions de genre ) proposées par le Centre de ressources sur le Genre de la Bibliothèque municipale de Lyon ou celle sur le masculin et le féminin présentée par l’Ens.
Bonnes recherches.
Pour comprendre la sociologie du déguisement il faudra vous plonger dans les questions du masculin et du féminin et aborder plus précisément quels modèles culturels sont transmis aux enfants. Les domaines de la littérature et des jeux semblent dicter bien des comportements.
Ainsi, Mona Zegaï explique les différents clivages qu’il existe entre les mondes lexicaux masculins et féminins. Pour les premiers, ils gravitent autour des véhicules (voiture, avion, hélicoptère) et de leur description technique (turbo, vitesse, infrarouge). Ils sont également constitués de figurines articulées qui représentent fréquemment des super-héros, sont armées et prêtes au combat dans des décors qui sont couramment des châteaux. De nombreux univers de combat sont reproduits en miniature et peuplés de chevaliers, dragons ou dinosaures. Les mondes lexicaux féminins concernent, quant à eux, majoritairement les poupons et de nombreux accessoires permettant aux petites mamans de s’occuper de leur bébé (poussette, biberon), du ménage et de la cuisine. Les poupées, le plus souvent des poupées mannequins, sont également fortement représentées et liées au rêve (magie, fée) ainsi qu’à l’apparence physique et à la mode (coiffure, maquillage). Cette distinction entre jouets de garçon et jouets de fille mise au jour par le discours linguistique est amplifiée par un discours iconique spécialisé omniprésent dans les espaces de commercialisation de ces objets de l’enfance.
L’auteure remarque aussi que les déguisements permettent aux enfants de développer des habitus différenciés en fonction de leur sexe. Ils tirent néanmoins leur particularité du fait qu’il s’agit d’appliquer l’objet à soi-même, de travestir son apparence pour apparaître autre, d’entrer ‘physiquement’ dans les histoires que suggèrent les œuvres de fiction ; l’enfant ne manipule plus un personnage de ses mains, il entre dans la peau du personnage. Malgré le fait que, historiquement, le déguisement soit un travestissement de soi qui permette des transgressions de frontières habituellement relativement imperméable, celui-ci s’effectue chez les enfants dans le cadre normatif des différences de sexe, le clivage s’inscrivant à la fois dans les types de déguisements proposés et dans la manière dont ceux-ci sont présentés dans les espaces de commercialisation. Les déguisements des garçons représentent la plupart du temps des héros et super-héros connus, au visage presque systématiquement masqué, partiellement (Batman) ou intégralement (Spiderman), alors que ceux des filles représentent des anonymes (des princesses, des fées) au visage découvert. Les premiers sont parfois méchants (Dark Vador), laids (Hulk) et leur principal accessoire est une arme, alors que les secondes sont toujours gentilles (anges), belles et dotées de baguettes magiques, diadèmes et d’une multitude d’accessoires de beauté : maquillage, chaussures, sacs, bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles), serre-tête, jupons, justaucorps, chaussons, chapeaux, perruques. Les déguisements des filles étant essentiellement liés à la beauté et à l’esthétisme, la frontière avec la parure apparaît assez fine, et cela d’autant plus qu’une partie de leurs accessoires pourrait tout à fait se porter dans la vie de tous les jours.
Source : « La mise en scène de la différence des sexes dans les jouets et leurs espaces de commercialisation », Cahiers du Genre 2/2010 (n° 49), p. 35-54.
URL : http://www.cairn.info/revue-cahiers-du- ... age-35.htm. (base de données disponible dans les réseaux BML )
Vous trouverez dans cette étude de très nombreuses références bibliographiques. Par ailleurs, divres articles ou essais on été consacrés à cette thématique :
Les enfants rêvent-ils toujours d’être des princesses ou des chevaliers ?
La Revue Cerveau et psycho de mars-avril 2007 avait consacré un article à « la magie du déguisement dans lequel elle consacrait un encart aux
Déguisements : Superman ou Peter Pan ?
les vendredisintellos.com analysent les écrits de Jean-Fnançois Dortier sur » quand je serai grand ».
Une « bloggeuse » s’interroge sur le sujet faut il avoir peur des princesses ? et présente les considérations de Peggy Orenstein Porter: The pink princess parenting nightmare qui a d’ailleurs écrit un ouvrage sur cette thématique : Cinderella Ate My Daughter.
Nous vous conseillons également :
les objets de l’enfance / Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin, Delphine Naudier - 2010 : Dans quelle mesure peut-on dire que l'enfance est un laboratoire des transactions de genre ? Confrontant discours, pratiques et représentations, les articles de ce numéro mettent en scène des expériences ludiques au sein de plusieurs instances socialisatrices, et analysent comment, à travers elles, se construit, s'expérimente et se recompose le genre.
La culture de l'enfance à l'heure de la mondialisation / Pierre Bruno, 2002 : Tente de dégager les principales causes et les conséquences de la mondialisation de la culture de masse enfantine sur les modèles proposés aux nouvelles générations. Deux axes de réflexion : le marché et ses logiques, la société et ses modèles. S'interroge sur les mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales qu'elles véhiculent, sur la représentation du système scolaire, de la violence...
Cosplay / Eugénie Chidlin; photographies d'Andy Julia, 2011 : Le cosplay provient de la contraction des mots costume et playing. Créé aux Etats-Unis par les fans de Star Wars et Star Trek avant de connaître une expansion fulgurante au Japon puis en Europe, ce loisir consiste à entrer dans la peau d'un personnage fictif. Tour à tour femme-enfant ou femme fatale, geisha moderne ou néo pin-up, la cosplayeuse s'affranchit du dictat des médias qui gouvernent les phénomènes de mode, s'appropriant les codes de la féminité instaurés au travers des époques et des continents. Sage ou provocante, glamour ou sexy, elle joue de tous les artifices sans aucune limite, montrant non seulement un savoir-faire et une ingéniosité à toute épreuve, mais une volonté d'affirmer une féminité exacerbée.
En effectuant des recherches sur les bases de données Persée, Cairn ou google livres vous trouverez d’autres références comme :
Les princes, les princesses et le sexe des anges consultable à partir de la base de données cairn.
C. Peter, "Petites princesses contre super-héros : les médias destinés aux 2-14 ans mettent-ils en scène le clivage des genres ?", Enfance et culture, pp. 129-146.
Enfin, nous vous conseillons de parcourir les bibliographies (voir en particulier essais sur le genre et Notions de genre ) proposées par le Centre de ressources sur le Genre de la Bibliothèque municipale de Lyon ou celle sur le masculin et le féminin présentée par l’Ens.
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