Question d'origine :
Bonjour,
Quel était le statut religieux des chanoines-comtes de Lyon ? Étaient-ils astreints à la règle du célibat ? Comment était assuré le renouvellement du chapitre ?
Quelle était la fonction exacte du chanoine qui avait le titre du Custode, et le rôle de la Custoderie ?
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 09/10/2012 à 16h56
Le dictionnaire historique de Lyon consacre une importante notice au chapitre de Lyon. En voici certains extraits :
La première mention du chapitre de Lyon, à l’origine collège de clercs assistant l’évêque, remonte au 9ème siècle…S’organisant progressivement, afin d’assurer autour de l’archevêque la permanence de l’autorité spirituelle et temporelle de l’Eglise de Lyon, ils se dotent en 1321 d’un nouveau statut, qui fixe leur nombre à trente-deux, pour tenter sans grand succès immédiat de préserver leur antique pouvoir de cooptation contre les interventions des papes, qui usent de la procédure des provisions pour nommer aux canonicats vacants ; cette procédure, renforcée par la pratique de l’expectative, qui permet au pape de dresser une sorte de liste d’attente, tend néanmoins à devenir le mode ordinaire de nomination, à peine modéré par l’usage de la permutation, laissée à l’initiative des chanoines. La réaction contre cette dérive les amène à réagir dès 1370 et à se réattribuer par élection ou par résignation en faveur d’un tiers le pouvoir de nomination et à limiter le système des provisions apostoliques, dont le roi tend lui-même à s’inspirer, puisque les chanoines sont contraints d’accepter le principe du droit de joyeux avènement, qui permet au souverain de désigner au premier canonicat vacant après son couronnement.
A côté de ces formes procédurales, un ensemble de conditions d’accès au canonicat sont peu à peu mises en place : être âgé d’au moins douze ans, n’être ni infirme ni difforme, avoir reçu le sous-diaconat (dans les faits, la simple tonsure suffit), être sujet du roi (mais il y aura des exceptions, notamment les Savoyards), être enfant légitime, enfin être noble jusqu’à la quatrième génération, voire à partir du 17ème siècle jusqu’à la cinquième….
Le titre de comtes de Lyon attribué aux chanoines de la cathédrale remonte au 12° siècle, confirmé par le roi en 1307, il ne devient d’un usage courant qu’au 15°siècle…il disparaît avec l’abolition des titres nobiliaires en 1790. L’entrée effective dans le chapitre est formalisée ; pour bénéficier des avantages économiques de la fonction, il faut effectuer durant six mois la « première résidence » entre Noël et la Saint-Jean Baptiste, puis se déclarer « hôtelier », c'est-à-dire héberger des desservants, résider alors au cloître et assurer les offices, car la prière publique, des matines aux complies, est la mission première du chanoine…
A coté des chanoines existent quatre custodes, dont deux sont affectés à l’administration de Sainte-Croix, qui à proximité de la cathédrale, sert d’église paroissiale, un théologal, conseiller doctrinal, les sept chevaliers (titre spécifique à l’Eglise de Lyon) qui sont les conseillers juridiques du chapitre, et les chapelains perpétuels (douze, puis vingt), ainsi qu’un important personnel ecclésiastique…
Dans son livre Les chanoines de l’Eglise de Lyon, Jean Beyssac précise le rôle d’un custode :
Comme la sacristie, la custoderie était à la nomination de l’archevêque. Pourvu par ce dernier, le custode, qui devait être prêtre, présentait au Chapitre ses lettres de provisions et était mis en possession. Toutefois, en raison de la nature même des fonctions qui lui incombaient, le détail de cette dernière cérémonie différait un peu de celui usité pour la mise en possession des autres dignitaires. Dans la salle capitulaire où il avait produit ses provisions, et après que celles-ci avaient été reconnues régulières, il s’engageait par serment à assurer l’exercice du culte dans l’église Saint-Etienne, à y entretenir dans ce but au moins seize desserviteurs, -dès le commencement du XIV siècle, ce nombre fut porté à vingt,- enfin à conserver et maintenir, sans les aliéner, les droits de la custoderie. Son serment prêté, le custode était introduit à l’église et installé au chœur dans les formes ordinaires : sa stalle se trouvait à gauche de la porte de jubé, à la suite de celle du chantre. Conduit ensuite à Saint-Etienne, il y était mis en possession avec un cérémonial à peu près identique…
Ayant la charge d’entretenir les desserviteurs de la cathédrale primitive, il avait fort naturellement le droit de présenter leur chef, le sacristain de Saint-Etienne ; il eut aussi, à partir de 1461, le droit de nommer le marguillier. Il disposait, dans la même église, des prébendes de Saint-Clément et de Saint-Eustache et à la cathédrale, de la chapelle de Saint-Michel, fondée au XVe siècle, par le custode Jean de Grôlée.
Par bulles du 9 des calendes de novembre 1511, la cure de Bagé-la-Ville fut unie à la custoderie de Lyon et son desservant fut depuis cette époque nommé par le custode.
Malgré le droit de collation de l’archevêque sur la sacristie et sur la custoderie, le Chapitre avait l’administration de ces deux dignités lorsque l’une ou l’autre était vacante.
En lisant cette précédente réponse, vous trouverez d’autres renseignements concernant les chanoines-comtes de Lyon.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter