Question d'origine :
Madame, Monsieur,
D'où vient la tradition de conservation des coeurs des rois de France ? Existe-t-elle aussi à l'étranger (et dans les civilisations antiques) ?
Depuis quand et pourquoi cette tradition existe-t-elle ?
En vous remerciant d'avance, Bien à vous.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/10/2012 à 10h45
Bonjour,
D’après Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles d’Alexandre Bande (Paris, Tallandier, 2009 ) :
La tradition de l’inhumation séparée des cœurs des rois de France a des origines anglaises. Elle remonte au IXe siècle et à l’inhumation d’un carolingien Charles le Chauve. Depuis la fin de ce siècle, l’éviscération est utilisée pour conserver les corps décédés loin de leur lieu de sépulture. Cette pratique, avant d’être adoptée par la famille royale française, a été utilisé la noblesse Française. Elle est venue d’Angleterre et a été diffusée par des chevaliers morts en croisade. C’est à la mort de Blanche de Castille, en 1252, que cette coutume funéraire a commencé à gagner la famille royale de France. Elle est devenue un privilège chez les capétiens au XIIIe siècle. Ce sont des raisons politiques, familiales et spirituelles qui ont poussé les souverains à adopter la « La Dilaceratio corporis » . Le rituel prend une grande importance à la mort de Charles V.
La lecture des extraits ci-dessous apporta plus de détails historiques.
EXTRAITS DU LIVRE EN LIEN AVEC VOS INTERROGATIONS
« Si elles sont aujourd’hui ignorées, les origines de ces comportements funéraires dans les sociétés occidentales sont pourtant fort anciennes. Vieux de plus de mille ans, ils ont été pendant plusieurs siècles l’apanage des souverains, des nobles et des grands ecclésiastiques. Le développement de la pratique de l’inhumation séparée des cœurs est attesté dans le royaume de France à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle. Dès le début du siècle suivant, les Capétiens en font un véritable privilège dynastique puis cette pratique se diffuse progressivement, via les grandes familles princières, au sein de la noblesse française entre le XVe siècle et le XVIIe siècle. » (page 14)
« Venues de l’Empire et d’Angleterre, diffusés par certains chevaliers morts en croisade, les pratiques de la division des corps et de l’inhumation séparée du cœur ont peu à peu gagné le royaume de France. Entre 1252 et les années 1270, les Capétiens, nombreux à mourir loin de France, se sont emparés de ces pratiques funéraires. Leurs testaments démontrent le poids croissant des considérations familiales et spirituelles dans la localisation de leurs différentes sépultures. » (page71)
« En 1380, à la mort de Charles V, le cœur du roi est l’objet de nombreuses attentions : inhumé lors d’une cérémonie spécifique, reposant sous un somptueux gisant, il attire les prières et les chants ou valorise l’établissement religieux qui l’accueille. Le succès de l’inhumation séparée du cœur est tel que la pratique est alors reproduite par la famille du souverain (son épouse, ses frères) et par certains de ses proches. L’importance prise à cette date par ce rituel funéraire est d’autant plus remarquable que son apparition au sein du royaume capétien est relativement récente. En effet, c’est entre la mort de Blanche de Castille, en 1252, et celle de Philippe IV le Bel, en 1314, que les rois et les reines de France ont développé les sépultures distinctes. Malgré les inquiétudes de l’Eglise et en raison des liens privilégiés qui unissaient la papauté et les Capétiens au début du XIVe siècle, l’inhumation des cœurs est devenue, à partir de cette période, un véritable privilège dynastique. » (page 15)
Charles V, attaché à la Normandie, souhaitait que son corps soit enterré à Saint-Denis auprès des autres monarques, et son cœur en la cathédrale de Rouen. Il voulait aussi que ses entrailles reposent à l’abbaye de Maubuisson (page 21).
Pourquoi ?
« Le souverain, qui avait visiblement parfaitement intégré la notion de division de sa dépouille, semblait avoir compris toute l’importance de revêtait la partition de son corps. La tripartition lui permettait de reposer à Saint-Denis, comme ses prédécesseurs, dans la chapelle qu’il avait fait édifier, où il « retrouvait » la dépouille de son épouse, de léguer son cœur à la cathédrale de Rouen et à la Normandie, afin d’affirmer la présence royale face aux prétentions anglaises, mais aussi de faire inhumer ses entrailles à l’abbaye de Maubuisson, afin de se rapprocher de sa mère. » (page 29)
Dans le chapitre 3, les capétiens et les origines de l’inhumation séparée du cœur, l’auteur indique :
« C’est dans la seconde moitié du XIIIe siècle, sous les règnes de Louis IX et de Philippe III, que se développe la division des corps royaux. S’inspirant alors de pratiques anciennes venues de l’Empire ou du royaume d’Angleterre, les Capétiens firent, comme beaucoup d’autres à cette époque, grand usage de l’inhumation séparée du cœur. » (page 51)
"Une pratique venue de l’Empire et du royaume d’Angleterre :
A notre connaissance, c’est à la mort de Blanche de Castille, en 1252, que la coutume funéraire très particulière qu’est la partition volontaire des corps commença à gagner la famille royale de France.
La division des corps, appelée par les contemporains Dilaceratio corporis, qui rencontra un franc succès chez certains laïcs et parfois chez certains ecclésiastiques au XIIe et XIIIe siècles, est née, dans de nombreux cas, de la difficulté pratique que représentait le transfert des restes d’un défunt lorsque le lieu d’inhumation souhaité était éloigné du lieu du décès. Mais elle pouvait révéler aussi le désir du défunt, ou de ses proches, de voir acheminer ses restes vers des sépultures multiples. (…) Mais ramener le corps d’un souverain mort loin de l’église qu’il avait choisie comme lieu de sépulture suscitait de sérieuses difficultés à une époque où les techniques de l’embaumement demeuraient très rudimentaires. C’est pourquoi certains monarques, dans l’Empire comme en Angleterre, adoptèrent alors la Dilaceratio corporis.
En effet, depuis la fin du IXe siècle, dans ces régions, l’éviscération est utilisée pour conserver les corps décédés loin de leur lieu de sépulture. Le plus ancien exemple dont nous disposons est celui d’un Carolingien, Charles le Chauve, qui trouva la mort à Avrieux, dans les Alpes, en 877. La dépouille du souverain fut embaumée : une fois le cœur et les entrailles retirés, il fallut ajouter des « aromates », du sel et du vin, pour conserver le corps afin qu’il soit enterré à Saint-Denis. Mais en raison de l’odeur nauséabonde qu’il dégageait, le cadavre fut enterré à Nantua." (page 52)
« La Dilaceratio corporis et les sépultures de cœur gagnent le royaume capétien :
A une période où les dynasties régnantes ont de nombreux liens familaux, la diffusion en terre capétienne des pratiques du démembrement et de l’inhumation séparée du cœur n’est pas une véritable surprise. Ce sont visiblement des nobles qui permirent à ces usages de s’implanter dans le royaume, avant qu’ils ne soient repris par la famille royale.
Les souverains anglais et certains clercs avaient « importé » la pratique sur le continent, mais ce n’est qu’à partir du milieu du XIIe siècle que l’on peut certifier l’existence d’exemples analogues au sein de la noblesse Française.
Un des premiers cas avérés est celui d’Amaury de Montfort, fils du célèbre Simon de Montfort, mort en juillet 1218 à Toulouse, et d’Alix de Montmorency. » (page 56)
Cette pratique funéraire est liée aux croisades :
« Ces nobles, issus de la France de l’Ouest, sont morts en croisade (…), loin de leur nécropole familiale. L’influence « anglaise » semble flagrante puisque, sur le modèle des ducs de Normandie, devenus rois d’Angleterre, ces chevaliers utilisent le démembrement de leur dépouille afin de reposer, via leurs cœurs ou leurs ossements, dans la nécropole ancestrale. A une période où la législation canonique précise que, lorsque le décès survient en terre infidèle, le corps, ou ce qui en est transportable, doit être inhumé en « terre chrétienne » - il peut s’agir d’une église en terre « infidèle ». La mort qui surprend ces chevaliers dans des pays chauds (Chypre, sud de l’Italie ou Egypte) ne permet pas le transfert de leur corps en France. Seuls leurs cœurs sont alors transportables. Leur présence supplée certainement à l’absence de dépouille pour la famille. C’est à ce moment que la noblesse de France découvre que le cœur peut devenir un substitut du corps. » (page 57)
REFERENCE DU LIVRE
Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles / Alexandre Bande (Paris, Tallandier, 2009 )
Résumé :
Nul n'a jamais songé à interroger le sens profond des sépultures de coeur des rois et reines de France à une époque où souverains, théologiens et médecins, par le biais de sermons, de traités et de Miroirs, font de ce " grand promu de la fin du Moyen Age ", selon la formule de Jacques Le Goff, le réceptacle de toutes les vertus et de tous les vices. Si la pratique de l'inhumation séparée du coeur est ancienne en Angleterre et dans l'Empire, elle n'est attestée dans le royaume de France que dans la première moitié du XIIIe siècle. Ce rituel se diffuse ensuite, au XIVe siècle, au sein du domaine capétien et se mue en un véritable privilège dynastique grâce à une exceptionnelle autorisation pontificale. A partir de 1380, à la mort de Charles V, le coeur du roi est l'objet de tous les égards. Inhumé lors d'une cérémonie spécifique, il est placé dans une urne richement décorée ou repose sous un somptueux gisant. L'objectif est multiple : les tombeaux de coeur attirent les prières et valorisent le sanctuaire qui l'accueille tout en enracinant la mémoire du lignage capétien sur le territoire de I rance, des couvents mendiants parisiens à Saint-Louis de Poissy, de la cathédrale de Rouen à la nécropole dionysienne. Alexandre Bande livre ainsi la singulière histoire des sépultures de coeur du XIIIe siècle au XVe siècle et narre la naissance d'un coeur personnifié, déifié et hypostasié.
D’après Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles d’Alexandre Bande (Paris, Tallandier, 2009 ) :
La tradition de l’inhumation séparée des cœurs des rois de France a des origines anglaises. Elle remonte au IXe siècle et à l’inhumation d’un carolingien Charles le Chauve. Depuis la fin de ce siècle, l’éviscération est utilisée pour conserver les corps décédés loin de leur lieu de sépulture. Cette pratique, avant d’être adoptée par la famille royale française, a été utilisé la noblesse Française. Elle est venue d’Angleterre et a été diffusée par des chevaliers morts en croisade. C’est à la mort de Blanche de Castille, en 1252, que cette coutume funéraire a commencé à gagner la famille royale de France. Elle est devenue un privilège chez les capétiens au XIIIe siècle. Ce sont des raisons politiques, familiales et spirituelles qui ont poussé les souverains à adopter la « La Dilaceratio corporis » . Le rituel prend une grande importance à la mort de Charles V.
La lecture des extraits ci-dessous apporta plus de détails historiques.
EXTRAITS DU LIVRE EN LIEN AVEC VOS INTERROGATIONS
« Si elles sont aujourd’hui ignorées, les origines de ces comportements funéraires dans les sociétés occidentales sont pourtant fort anciennes. Vieux de plus de mille ans, ils ont été pendant plusieurs siècles l’apanage des souverains, des nobles et des grands ecclésiastiques. Le développement de la pratique de l’inhumation séparée des cœurs est attesté dans le royaume de France à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle. Dès le début du siècle suivant, les Capétiens en font un véritable privilège dynastique puis cette pratique se diffuse progressivement, via les grandes familles princières, au sein de la noblesse française entre le XVe siècle et le XVIIe siècle. » (page 14)
« Venues de l’Empire et d’Angleterre, diffusés par certains chevaliers morts en croisade, les pratiques de la division des corps et de l’inhumation séparée du cœur ont peu à peu gagné le royaume de France. Entre 1252 et les années 1270, les Capétiens, nombreux à mourir loin de France, se sont emparés de ces pratiques funéraires. Leurs testaments démontrent le poids croissant des considérations familiales et spirituelles dans la localisation de leurs différentes sépultures. » (page71)
« En 1380, à la mort de Charles V, le cœur du roi est l’objet de nombreuses attentions : inhumé lors d’une cérémonie spécifique, reposant sous un somptueux gisant, il attire les prières et les chants ou valorise l’établissement religieux qui l’accueille. Le succès de l’inhumation séparée du cœur est tel que la pratique est alors reproduite par la famille du souverain (son épouse, ses frères) et par certains de ses proches. L’importance prise à cette date par ce rituel funéraire est d’autant plus remarquable que son apparition au sein du royaume capétien est relativement récente. En effet, c’est entre la mort de Blanche de Castille, en 1252, et celle de Philippe IV le Bel, en 1314, que les rois et les reines de France ont développé les sépultures distinctes. Malgré les inquiétudes de l’Eglise et en raison des liens privilégiés qui unissaient la papauté et les Capétiens au début du XIVe siècle, l’inhumation des cœurs est devenue, à partir de cette période, un véritable privilège dynastique. » (page 15)
Charles V, attaché à la Normandie, souhaitait que son corps soit enterré à Saint-Denis auprès des autres monarques, et son cœur en la cathédrale de Rouen. Il voulait aussi que ses entrailles reposent à l’abbaye de Maubuisson (page 21).
Pourquoi ?
« Le souverain, qui avait visiblement parfaitement intégré la notion de division de sa dépouille, semblait avoir compris toute l’importance de revêtait la partition de son corps. La tripartition lui permettait de reposer à Saint-Denis, comme ses prédécesseurs, dans la chapelle qu’il avait fait édifier, où il « retrouvait » la dépouille de son épouse, de léguer son cœur à la cathédrale de Rouen et à la Normandie, afin d’affirmer la présence royale face aux prétentions anglaises, mais aussi de faire inhumer ses entrailles à l’abbaye de Maubuisson, afin de se rapprocher de sa mère. » (page 29)
Dans le chapitre 3, les capétiens et les origines de l’inhumation séparée du cœur, l’auteur indique :
« C’est dans la seconde moitié du XIIIe siècle, sous les règnes de Louis IX et de Philippe III, que se développe la division des corps royaux. S’inspirant alors de pratiques anciennes venues de l’Empire ou du royaume d’Angleterre, les Capétiens firent, comme beaucoup d’autres à cette époque, grand usage de l’inhumation séparée du cœur. » (page 51)
"Une pratique venue de l’Empire et du royaume d’Angleterre :
A notre connaissance, c’est à la mort de Blanche de Castille, en 1252, que la coutume funéraire très particulière qu’est la partition volontaire des corps commença à gagner la famille royale de France.
La division des corps, appelée par les contemporains Dilaceratio corporis, qui rencontra un franc succès chez certains laïcs et parfois chez certains ecclésiastiques au XIIe et XIIIe siècles, est née, dans de nombreux cas, de la difficulté pratique que représentait le transfert des restes d’un défunt lorsque le lieu d’inhumation souhaité était éloigné du lieu du décès. Mais elle pouvait révéler aussi le désir du défunt, ou de ses proches, de voir acheminer ses restes vers des sépultures multiples. (…) Mais ramener le corps d’un souverain mort loin de l’église qu’il avait choisie comme lieu de sépulture suscitait de sérieuses difficultés à une époque où les techniques de l’embaumement demeuraient très rudimentaires. C’est pourquoi certains monarques, dans l’Empire comme en Angleterre, adoptèrent alors la Dilaceratio corporis.
En effet, depuis la fin du IXe siècle, dans ces régions, l’éviscération est utilisée pour conserver les corps décédés loin de leur lieu de sépulture. Le plus ancien exemple dont nous disposons est celui d’un Carolingien, Charles le Chauve, qui trouva la mort à Avrieux, dans les Alpes, en 877. La dépouille du souverain fut embaumée : une fois le cœur et les entrailles retirés, il fallut ajouter des « aromates », du sel et du vin, pour conserver le corps afin qu’il soit enterré à Saint-Denis. Mais en raison de l’odeur nauséabonde qu’il dégageait, le cadavre fut enterré à Nantua." (page 52)
« La Dilaceratio corporis et les sépultures de cœur gagnent le royaume capétien :
A une période où les dynasties régnantes ont de nombreux liens familaux, la diffusion en terre capétienne des pratiques du démembrement et de l’inhumation séparée du cœur n’est pas une véritable surprise. Ce sont visiblement des nobles qui permirent à ces usages de s’implanter dans le royaume, avant qu’ils ne soient repris par la famille royale.
Les souverains anglais et certains clercs avaient « importé » la pratique sur le continent, mais ce n’est qu’à partir du milieu du XIIe siècle que l’on peut certifier l’existence d’exemples analogues au sein de la noblesse Française.
Un des premiers cas avérés est celui d’Amaury de Montfort, fils du célèbre Simon de Montfort, mort en juillet 1218 à Toulouse, et d’Alix de Montmorency. » (page 56)
Cette pratique funéraire est liée aux croisades :
« Ces nobles, issus de la France de l’Ouest, sont morts en croisade (…), loin de leur nécropole familiale. L’influence « anglaise » semble flagrante puisque, sur le modèle des ducs de Normandie, devenus rois d’Angleterre, ces chevaliers utilisent le démembrement de leur dépouille afin de reposer, via leurs cœurs ou leurs ossements, dans la nécropole ancestrale. A une période où la législation canonique précise que, lorsque le décès survient en terre infidèle, le corps, ou ce qui en est transportable, doit être inhumé en « terre chrétienne » - il peut s’agir d’une église en terre « infidèle ». La mort qui surprend ces chevaliers dans des pays chauds (Chypre, sud de l’Italie ou Egypte) ne permet pas le transfert de leur corps en France. Seuls leurs cœurs sont alors transportables. Leur présence supplée certainement à l’absence de dépouille pour la famille. C’est à ce moment que la noblesse de France découvre que le cœur peut devenir un substitut du corps. » (page 57)
REFERENCE DU LIVRE
Le coeur du roi : les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles / Alexandre Bande (Paris, Tallandier, 2009 )
Résumé :
Nul n'a jamais songé à interroger le sens profond des sépultures de coeur des rois et reines de France à une époque où souverains, théologiens et médecins, par le biais de sermons, de traités et de Miroirs, font de ce " grand promu de la fin du Moyen Age ", selon la formule de Jacques Le Goff, le réceptacle de toutes les vertus et de tous les vices. Si la pratique de l'inhumation séparée du coeur est ancienne en Angleterre et dans l'Empire, elle n'est attestée dans le royaume de France que dans la première moitié du XIIIe siècle. Ce rituel se diffuse ensuite, au XIVe siècle, au sein du domaine capétien et se mue en un véritable privilège dynastique grâce à une exceptionnelle autorisation pontificale. A partir de 1380, à la mort de Charles V, le coeur du roi est l'objet de tous les égards. Inhumé lors d'une cérémonie spécifique, il est placé dans une urne richement décorée ou repose sous un somptueux gisant. L'objectif est multiple : les tombeaux de coeur attirent les prières et valorisent le sanctuaire qui l'accueille tout en enracinant la mémoire du lignage capétien sur le territoire de I rance, des couvents mendiants parisiens à Saint-Louis de Poissy, de la cathédrale de Rouen à la nécropole dionysienne. Alexandre Bande livre ainsi la singulière histoire des sépultures de coeur du XIIIe siècle au XVe siècle et narre la naissance d'un coeur personnifié, déifié et hypostasié.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter