Question d'origine :
Lors de mes recherches sur la couleur, j ai lu qu en Afrique l essentiel est de savoir si nous sommes en présence d une couleur sèche ou humide ; tendre ou dure ; lisse ou rugueuse ; sonore ou muette ; claire ou foncée...
Auriez vous des détails sur la qualification des couleurs en Afrique ?
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 21/08/2012 à 09h51
Bonjour,
« Dans la plupart des civilisations d’Afrique, par exemple, peu d’importance est attachée à la frontière qui peut séparer la gamme des tons rouges de celle des bruns ou des jaunes, voire de celle des verts. En revanche, devant une couleur donnée, il est essentiel de savoir s’il s’agit d’une couleur sèche ou d’une couleur humide, d’une couleur tendre ou d’une couleur dure, d’une couleur lisse ou d’une couleur rugueuse, d’une couleur sourde ou d’une couleur sonore, parfois d’une couleur gaie ou d’une couleur triste. La couleur n’est pas une chose en soi, […] »
Michel Pastoureau, Couleurs, images, symboles.
Dans cet ouvrage, Michel Pastoureau, tout comme vous, ne cite pas ses sources . Heureusement, on retrouve sensiblement le même texte dans Ethnologie française, Paradoxes de la couleur, oct-dec 90, tome 20. En note, est cette fois cité l’ouvrage dirigé par Serge Tornay Voir et nommer les couleurs, qui semble tout à fait pouvoir satisfaire votre curiosité. Vous pouvez le localiser sur le Sudoc.
A la Bml, vous pourrez lire La couleur dans l’art, p. 21-41 : la couleur dans l’art africain, Ivan Bargna
« … les langues africaines ne possèdent pas de mots pour désigner la « couleur ». Cela ne signifie certes pas que les populations africaines soient atteintes de daltonisme ; simplement la couleur n’est chez elles pas isolée et conceptualisée comme une entité en soi. […] C’est justement parce qu’ils ne peuvent pas verbaliser la couleur en tant que telle (en la réduisant par là même à une qualité secondaire) que les Africains parlent à travers elle, par son intermédiaire, qu’ils établissent une classification des objets colorés. Chez les pasteurs nomades de la vallée du Nil (Nuer, Dinka, Atuor et Mandari du Soudan méridional), qui ne possèdent pas de tradition d’arts visuels, existe ainsi une esthétique fondée sur la couleur des bovins, comportant des dizaines de termes qui ne se réfèrent pas à des couleurs pures ou à des nuances, mais à des motifs et assemblages associés au gabarit des bêtes et à la forme de leurs cornes. »
D’autres exemples sont donnés plus loin, notamment p. 34-35, la terminologie des couleurs des Fon du Bénin. Vous pourrez aussi vous pencher sur les notes bibliographiques de ce chapitre.
Voici quelques pistes pour trouver d’autres façons de nommer les couleurs en Afrique :
Dans Coloris corpus, l’article Teint vert, âme indigo, souffle gris … Les couleurs de la personne chez les Touaregs, Hélène Claudot-Havard p. 152
En ligne :
Peul : le spectre des couleurs
Langue et éducation en Afrique, Comment on dénomme les couleurs en twi
1986 .Les noms des couleurs, Expolangues 4, plusieurs textes en ligne, notamment Les noms de couleurs en mbay – Tchad, Les noms de couleurs en gbaya et Les noms de couleurs n’existent pas 1 et 2. Nous ne pouvons que vous conseiller d’explorer les ressources de ce site.
A lire aussi si le sujet des couleurs vous passionne :
Les couleurs au XIIe siècle, in Bibliothèque de l'Ecole des chartes: revue d'érudition ..., Volume 159, où l’on retrouve le sec et l’humide …
L’harmonie du monde : anthropologie culturelle des couleurs et des sons en Afrique depuis l'Égypte ancienne, Oscar Pfouma
De la perception des couleurs à l’aperception symbolique du monde, Serge Tornay.
La couleur dans les cultures du monde, Michel Albert-Vanel.
Bonnes lectures !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter