Comment sont arrivés à la bibliothèque municipale de Lyon la
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/08/2012 à 11h27
463 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Ayant effectué une étude sur la famille Périsse, libraires lyonnais, j'ai été amené à me pencher sur la correspondance d'un de ses membres avec le franc-maçon Jean-Baptiste Willermoz (ms5430). J'aurais aimé avoir des informations quant à l'obtention de ces manuscrits. Quel a été leur cheminement pour arriver au fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon ?
Je vous remercie d'avance pour l'attention que vous porterez à ma question et vous souhaite une bonne journée.
A.R.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 14/08/2012 à 08h21
Bonjour,
Les manuscrits de Willermoz sont arrivés à la Bibliothèque municipale essentiellement en deux étapes. La bibliothèque en a acheté une première partie en 1934, et un deuxième lot en 1956. Toutefois, d’autres achats ont été effectués en 1931, 1932, 1933 et 1936.
D’après notre département du fonds ancien, le Ms 5430 a été acheté et inscrit sur les registres d'inventaire de la bibliothèque municipale de Lyon le 20 janvier 1932 (achat auprès de Gabriel Willermoz).
Deux ouvrages, disponibles au fonds ancien, relatent l’achat progressif du fonds Willermoz par notre bibliothèque :
• Tout d’abord, un article sur l’histoire du fonds Willermoz a été publié dans le document de Robert Amadou, Etat sommaire du fonds Jean-Baptiste Willermoz à la Bibliothèque municipale de Lyon, p. 83, initialement rédigé par Alice Joly (sous le nom de son époux Henry Joly) dans le Bulletin des bibliothèques de France, p. 420-424. Henry Joly était Conservateur en chef des bibliothèques de la Ville de Lyon.
• Un autre ouvrage, Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie, à la page 124, résume l’histoire de ce fonds et de son entrée progressive à la BML. En fait, c’est Robert Amadou, parlant à la première personne du singulier, qui raconte les faits.
Nous vous proposons les passages les plus pertinents de ces deux sources, afin que vous puissiez avoir une idée détaillée de l’acquisition des ces manuscrits par la BML.
Cordialement.
1) Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie
Article écrit par Robert Amadou :
"L’histoire de ce fonds [Willermoz] a été commodément résumée par Alice Joly, sous le couvert d’Henry Joly.
Sauf quelques pièces en provenance de la famille, le gros vient des archives de Papus (…) que la compagne du mage, contrainte par les circonstances, après avoir longtemps résisté, dut vendre, en 1926 au plus tard, et probablement en 1925, au libraire Nourry (…), la BML acheta, le 1er décembre 1934.
Papus, néanmoins, n’avait pas reçu la totalité des papiers de Willermoz. Pendant la commune de Lyon, celui-ci en avait détruit. Du restant, transmis par les héritiers et des amateurs, Papus avait donc obtenu une partie. Une autre partie passa en la propriété du colonel E. Bon, farouche anti-maçon. Avec mon ami Roger Lecotté, alors préposé au fonds maçonnique de la Bibliothèque nationale, nous apprîmes qu’en 1956, qu’après décès, les collections de Bon, et notamment, sa part des archives de Willermoz, avaient été exportés et seraient mises aux enchères à Amsterdam, par le libraire bien connu, et spinoziste, Menno Hertzberger. J’alerterai les Joly ; Lecotté partit pour Amsterdam et acheta sur leur commission (en même temps que plusieurs pièces destinées à la BN, dont les premiers devoirs enjoints à la Franc-Maçonnerie française), le 25 janvier 1956. C’est ainsi que le solde des archives de Willermoz rejoignit la BML (à l’exception toutefois de deux diplômes coëns de Jean-Baptiste Willermoz qui sont restés à la BN, mais qu’Alice Joly, à mon invite, publia dans la Tour Saint-Jacques). Le solde, pourtant, n’était que partiel ! Tout un lot d’archives avait été caché par Willermoz durant son exil révolutionnaire, et abandonné. L. A. (il tient à ses seules initiales), accepta de collaborer et m’est devenu un ami très cher (…). Encore un détail, mais important pour la petite histoire du fonds. Le recueil des lettres autographes de Saint-Martin à Willermoz, qui relevait du lot de Papus, disparut entre son décès et l’entrée du lot à la BML.
C’est en 1957 que je retrouvai entre les mains d’un homme d’affaires franco-américain, d’origine polonaise, que l’occulte fascine. Sur mes instances, il consentit à se défaire du volume relié par Papus, et les Joly s’empressèrent de conclure la transaction."
2) Etat sommaire du fonds Jean-Baptiste Willermoz
Article d’Alice Joly, femme du Conservateur en chef des bibliothèques de la Ville de Lyon, Henry Joly :
"(…) la Bibliothèque de Lyon avait acquis en 1931 et 1932, de Gabriel Willermoz - petit neveu de Jean-Baptiste, qu’il n’appelait jamais autrement que l’Oncle – une importante série de lettres inédites et inconnues, adressées à Willermoz par son ami Perisse-Duluc, député aux Etats-généraux et à la Constituante et par le chevalier de Grainville, fidèle disciple de Pasqually. (…) elle acheta également, en 1933, des pièces administratives de la Triple union de Marseille et une correspondance de Willermoz avec le vénérable de cette Loge. Aussi dès qu’un catalogue d’Emile Nourry eut mis en vente ce qu’il appelait, avec plus de pittoresque que d’exactitude, Les Archives anciennes et modernes des Rose-Croix, la Bibliothèque de la ville de Lyon se porta-t-elle immédiatement acquéreur du lot entier, qui, le 1er décembre 1934, entrait au fonds général des manuscrits. (…)
Enfin, en 1936, la bibliothèque acquérait les derniers documents restés en possession de Gabriel Willermoz : correspondance de Jean-Baptiste avec son frère Pierre-Jacques et une série de rituels, de diplômes et de décorations maçonniques (…).
Une difficile recherche allait parvenir à situer cette considérable partie manquante au château Le Brignon, à Gières, dans l’Isère. Son propriétaire, M. E. Bon, les détenait depuis la mort du docteur Boccard, l’un des rédacteurs des Archives secrètes, sous le pseudonyme de Maret. La nouvelle que les livres, les autographes et les manuscrits de ce collectionneur allaient être mis en vente publique à Amsterdam, du 23 au 25 janvier 1956, par les soins du libraire Hertzberger, était donc d’un intérêt primordial pour la Bibliothèque de la ville de Lyon. Mais celle-ci pouvait, à juste titre, redouter dans une vente à l’étranger le risque des surenchères, dispersant une collection qui, pour elle, ne conservait tant de prix que si la totalité lui en était acquise. C’est pourquoi elle obtint que la Bibliothèque Nationale voulût bien l’assister de tout son poids, dans cette délicate négociation où, seule, il lui restait peu d’espoir d’aboutir."
Les manuscrits de Willermoz sont arrivés à la Bibliothèque municipale essentiellement en deux étapes. La bibliothèque en a acheté une première partie en 1934, et un deuxième lot en 1956. Toutefois, d’autres achats ont été effectués en 1931, 1932, 1933 et 1936.
D’après notre département du fonds ancien, le Ms 5430 a été acheté et inscrit sur les registres d'inventaire de la bibliothèque municipale de Lyon le 20 janvier 1932 (achat auprès de Gabriel Willermoz).
Deux ouvrages, disponibles au fonds ancien, relatent l’achat progressif du fonds Willermoz par notre bibliothèque :
• Tout d’abord, un article sur l’histoire du fonds Willermoz a été publié dans le document de Robert Amadou, Etat sommaire du fonds Jean-Baptiste Willermoz à la Bibliothèque municipale de Lyon, p. 83, initialement rédigé par Alice Joly (sous le nom de son époux Henry Joly) dans le Bulletin des bibliothèques de France, p. 420-424. Henry Joly était Conservateur en chef des bibliothèques de la Ville de Lyon.
• Un autre ouvrage, Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie, à la page 124, résume l’histoire de ce fonds et de son entrée progressive à la BML. En fait, c’est Robert Amadou, parlant à la première personne du singulier, qui raconte les faits.
Nous vous proposons les passages les plus pertinents de ces deux sources, afin que vous puissiez avoir une idée détaillée de l’acquisition des ces manuscrits par la BML.
Cordialement.
1) Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie
Article écrit par Robert Amadou :
"L’histoire de ce fonds [Willermoz] a été commodément résumée par Alice Joly, sous le couvert d’Henry Joly.
Sauf quelques pièces en provenance de la famille, le gros vient des archives de Papus (…) que la compagne du mage, contrainte par les circonstances, après avoir longtemps résisté, dut vendre, en 1926 au plus tard, et probablement en 1925, au libraire Nourry (…), la BML acheta, le 1er décembre 1934.
Papus, néanmoins, n’avait pas reçu la totalité des papiers de Willermoz. Pendant la commune de Lyon, celui-ci en avait détruit. Du restant, transmis par les héritiers et des amateurs, Papus avait donc obtenu une partie. Une autre partie passa en la propriété du colonel E. Bon, farouche anti-maçon. Avec mon ami Roger Lecotté, alors préposé au fonds maçonnique de la Bibliothèque nationale, nous apprîmes qu’en 1956, qu’après décès, les collections de Bon, et notamment, sa part des archives de Willermoz, avaient été exportés et seraient mises aux enchères à Amsterdam, par le libraire bien connu, et spinoziste, Menno Hertzberger. J’alerterai les Joly ; Lecotté partit pour Amsterdam et acheta sur leur commission (en même temps que plusieurs pièces destinées à la BN, dont les premiers devoirs enjoints à la Franc-Maçonnerie française), le 25 janvier 1956. C’est ainsi que le solde des archives de Willermoz rejoignit la BML (à l’exception toutefois de deux diplômes coëns de Jean-Baptiste Willermoz qui sont restés à la BN, mais qu’Alice Joly, à mon invite, publia dans la Tour Saint-Jacques). Le solde, pourtant, n’était que partiel ! Tout un lot d’archives avait été caché par Willermoz durant son exil révolutionnaire, et abandonné. L. A. (il tient à ses seules initiales), accepta de collaborer et m’est devenu un ami très cher (…). Encore un détail, mais important pour la petite histoire du fonds. Le recueil des lettres autographes de Saint-Martin à Willermoz, qui relevait du lot de Papus, disparut entre son décès et l’entrée du lot à la BML.
C’est en 1957 que je retrouvai entre les mains d’un homme d’affaires franco-américain, d’origine polonaise, que l’occulte fascine. Sur mes instances, il consentit à se défaire du volume relié par Papus, et les Joly s’empressèrent de conclure la transaction."
2) Etat sommaire du fonds Jean-Baptiste Willermoz
Article d’Alice Joly, femme du Conservateur en chef des bibliothèques de la Ville de Lyon, Henry Joly :
"(…) la Bibliothèque de Lyon avait acquis en 1931 et 1932, de Gabriel Willermoz - petit neveu de Jean-Baptiste, qu’il n’appelait jamais autrement que l’Oncle – une importante série de lettres inédites et inconnues, adressées à Willermoz par son ami Perisse-Duluc, député aux Etats-généraux et à la Constituante et par le chevalier de Grainville, fidèle disciple de Pasqually. (…) elle acheta également, en 1933, des pièces administratives de la Triple union de Marseille et une correspondance de Willermoz avec le vénérable de cette Loge. Aussi dès qu’un catalogue d’Emile Nourry eut mis en vente ce qu’il appelait, avec plus de pittoresque que d’exactitude, Les Archives anciennes et modernes des Rose-Croix, la Bibliothèque de la ville de Lyon se porta-t-elle immédiatement acquéreur du lot entier, qui, le 1er décembre 1934, entrait au fonds général des manuscrits. (…)
Enfin, en 1936, la bibliothèque acquérait les derniers documents restés en possession de Gabriel Willermoz : correspondance de Jean-Baptiste avec son frère Pierre-Jacques et une série de rituels, de diplômes et de décorations maçonniques (…).
Une difficile recherche allait parvenir à situer cette considérable partie manquante au château Le Brignon, à Gières, dans l’Isère. Son propriétaire, M. E. Bon, les détenait depuis la mort du docteur Boccard, l’un des rédacteurs des Archives secrètes, sous le pseudonyme de Maret. La nouvelle que les livres, les autographes et les manuscrits de ce collectionneur allaient être mis en vente publique à Amsterdam, du 23 au 25 janvier 1956, par les soins du libraire Hertzberger, était donc d’un intérêt primordial pour la Bibliothèque de la ville de Lyon. Mais celle-ci pouvait, à juste titre, redouter dans une vente à l’étranger le risque des surenchères, dispersant une collection qui, pour elle, ne conservait tant de prix que si la totalité lui en était acquise. C’est pourquoi elle obtint que la Bibliothèque Nationale voulût bien l’assister de tout son poids, dans cette délicate négociation où, seule, il lui restait peu d’espoir d’aboutir."
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter