Question d'origine :
Nous souhaitons savoir depuis quand il existe le dimanche comme jour de repos en France. Et depuis quelle date y-a-t-il deux jours hebdomadaires de repos selon la législation de l'époque ?
D'avance merci beaucoup,
Bonnes recherches.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 26/02/2005 à 15h11
L’histoire du dimanche est «une histoire mouvementée et passionnante».
Dans les premiers temps du christianisme le dimanche rappelle le repos du Dieu créateur. Jour de sanctification, donc, il impose obligations (la messe) et interdits (distractions et travail).
Vous trouverez dans un article de la revue L’ Histoire N° 252 p 70-74, des éléments d’histoire de ce dimanche religieux.
Dans Histoire du dimanche : de 1700 à nos jours , Robert Beck, historien, nous conte
« l’histoire mouvementée et passionnante du dimanche des Français de 1700 à nos jours. Notre actuel jour de repos perd tout d’abord son caractère purement religieux, se transforme en jour de fête populaire, se voit remis en cause par la Révolution avant d’être balayé au XIX ° siècle par une industrialisation dévoreuse de main d’œuvre et de temps. Le dimanche revient bientôt en grâce à la fin du XIX° siècle ; on lui découvre en effet des avantages hygiéniques, moraux et sociaux. »
On y découvre dans tous leurs détails le dimanche jour du seigneur, le dimanche populaire, le dimanche bourgeois et même la Saint-Lundi. Elle concerne « : une certaine catégorie d’ouvriers pour qui le dimanche avait été, auparavant, un jour de fête. Elle préfère, en travaillant une partie de la journée, boycotter le dimanche bourgeois et se réfugier dans le lundi égalitaire, vieille tradition ouvrière qui, de cette manière vit son apogée sous le second empire. »
Dans Deux siècles de Droit du travail : l’histoire par les lois, on peut lire:
« En France, le dimanche est devenu jour de repos et de la famille après une longue mutation qui commence vers le milieu du XVIII ° siècle pour s’achever par la loi du 13 juillet 1906. Cette loi assure un jour de repos hebdomadaire, fixé le dimanche, à presque tous les salariés. Neutre et asexué le repos hebdomadaire de la loi de 1906 caractérise un changement de politique sociale. Jusqu’à cette date en effet, et la loi de 1814 exceptée, une priorité était accordée aux femmes et aux enfants.[…]
Il existe un certain nombre de dérogations bien entendu et l’application de cette loi a connu bien des difficultés.
« D’après le bulletin officiel du ministère du travail de 1920 à 1937, la loi de 1906 sur le repos hebdomadaire arrive en deuxième position dans le classement des infractions à la législation du travail, derrière la loi du 23 avril 1919 et devant les prescriptions réglementaires relatives à l’hygiène et à la sécurité des travailleurs et au travail de nuit dans les boulangeries. Malgré son accueil favorable dans le mode ouvrier, la pratique du repos hebdomadaire le dimanche entre difficilement dans les mœurs industrielles et commerciales. »
« Au début du XX° siècle, un lent mouvement se dessine en faveur de la semaine anglaise (congé de tout ou d’une partie de l’après midi du samedi ajouté à celui du dimanche). Bien que la législation n’impose pas aux industriels et aux commerçants la réduction de la journée de travail du samedi, certains d’entre eux l’adoptent.
[…]
Il faut attendre la loi du 11 juin 1917, elle aussi confinée dans un cadre étroit, pour voir apparaître la semaine anglaise dans le privé, de manière fort timide puisqu’elle ne s’applique qu’aux ouvrières occupées dans les industries du vêtement. De manière significative, cette mesure sera appelée « le samedi du balai »…
[…]
La généralisation à l’ensemble des travailleurs de l’industrie et du commerce n’interviendra qu’avec la loi du 23 avril 1919 qui pose le principe le principe de la limitation des heures de travail sur la base de 8 heures par jour ou quarante huit heures par semaine et « laisse » à des règlements d’administration publique le soin de déterminer dans quelle conditions cette réduction du temps de travail s’appliquera aux différentes professions et aux différentes régions.
A partir de juin 1936, les différents décrets déterminant les modalités d’application de la loi du 21 juin 1936 sur la semaine de quarante heures contiennent des dispositions qui prolongent sensiblement la durée du repos hebdomadaire. Dans la plupart des cas, il y a possibilité de répartir la durée hebdomadaire de travail, soit sur six jours de six heures quarante minutes, soir sur cinq jours et demi, soir sur cinq jours. Dans l’industrie, le plus souvent, c’est la semaine de cinq jours qui est adoptée.»
Enfin, vous pouvez compléter votre information avec Droit du travail et société : 1 les relations individuelles du travail
-« il est interdit d’occuper plus de 6 jours par semaine un même salarié. » L221_2
-« Le repos hebdomadaire doit avoir une durée de 24 heures consécutives. »L 221-4
-« Le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche » L221-5
Une belle économie de moyens pour un dispositif comportant en réalité l’énoncé d’un double principe : celui du repos hebdomadaire de 24 heures précisé par celui du repos dominical. »
De plus, vous trouverez dans l’ouvrage Histoire du week-end , des compléments d’information en particulier sur l’apparition du samedi comme demie journée de repos en contrepartie de la disparition de la Saint-Lundi.
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