Question d'origine :
En dehors de leur appartenance à 2 identités religieuses différentes,ne pourrait-on pas dire que ces 2 termes sont finalement synonymes et équivalents,puisque dans les 2 cas,il s'agit (sauf erreur de ma part),du retour de la mort vers la vie ?
Merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 19/02/2005 à 15h07
Consultons le Dictionnaire des religions p. 1418 :
« La réincarnation est la croyance selon laquelle l’âme , ou l’élément psychique, ou le corps subtil se dote lui-même, à chacune des existences successives, d’un corps différent et se trouve ainsi « réincarné ». Selon cette croyance, il y aurait donc une succession de naissances et de morts prises en compte par le même individu. On parle alors de « nouvelle naissance » (palingénésie), de « passage d’un corps dans l’autre » (métensomatose), de « transvasement » (métangismose) ou des « états successifs de l’âme » (métempsychose) . Ces termes sont souvent pris l’un pour l’autre, encore que le concept de palingénésie et celui de métempsychose ne soient pas identiques à celui de réincarnation, car ils peuvent signifier seulement une autre naissance ou un autre état de l’âme, ailleurs, et pas forcément dans un nouveau corps, une nouvelle chair (réincarnation).
« La croyance en la réincarnation a été admise par de nombreux peuples avec, chaque fois, des nuances particulières. (…)
« Dans les milieux chrétiens des premiers siècles, la doctrine de la réincarnation, qui n’a aucun appui dans les Ecritures (quoi qu’on ait pu parfois en dire) n’a été soutenue par personne. (…)
« Au XIXe siècle en Europe et en Amérique la réincarnation devient le thème privilégié de la théosophie, des milieux occultistes ou spirites. La philosophie hindoue ou bouddhique du karma, du samsâra, et de la libération, moksha ou mukti, fournit un appui à cette doctrine. Les êtres sont effectivement condamnés, selon cette conception, à renaître indéfiniment tant qu’ils n’ont pas trouvé leur libération. (…)
La réincarnation dans le bouddhisme et l’hindouisme faisant appel à la notion fondamentale de samsâra, voyons ce qu’en dit ce dictionnaire :
Samsâra dans l’hindouisme : Mot sanskrit signifiant « écoulement circulaire », le samsâra désigne dans l’hindouisme le tourbillon incessant des naissances et des morts dans lequel sont engagés les êtres vivants. (p. 1530)
« Le Karma finit par désigner la condition humaine asservie à la nécessité inéluctable de renaître dans des conditions animales, humaines ou divines. La loi du karma est la loi de la rétribution des actes : nos actes portent obligatoirement des fruits, sinon en cette vie présente du moins dans une vie future. » (p. 893-894)
« Dans le bouddhisme, (…) , on ne peut concevoir la transmigration comme une réincarnation : puisqu’il n’y a pas de sujet permanent, il faut se garder d’imaginer la transmigration comme le passage d’une âme d’un corps dans un autre ; à strictement parler rien de permanent, d’immuable, ne se transmet d’une vie à une autre. (p. 1530) (…) Le karma est une énergie vitale qui constitue une force considérable ; cette énergie n’est pas annihilée par l’arrêt complet du fonctionnement de l’organisme physique, que nous appelons la « mort », et c’est elle qui va provoquer une retombée dans l’existence, qu’on appelle renaissance…
…Même pendant la durée de cette vie, nous mourons et nous naissons à chaque instant. Ainsi la mort n’est-elle qu’une étape un peu plus importante, un moment dans une série qui continue sans rupture, mais qui cependant change à chaque instant, comme une flamme qui brûle dans la nuit. »
Vous pouvez aussi vous reporter aux ouvrages suivants :
* Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme par Philippe Cornu
* La réincarnation au-delà des idées reçues par André Couture
* Enquête sur la réincarnation
* Dictionnaire de spiritualité tome 13
Consultons le Dictionnaire des religions p. 1442 :
« La résurrection de Jésus est la pierre de touche du christianisme. Non seulement parce qu’elle concerne de manière déterminante Celui qui au cœur de la profession de foi chrétienne, mais parce qu’en dehors d’elle et de la foi en elle il n’y aurait jamais eu – ou il n’y aurait plus – de christianisme, de religion chrétienne, de confession chrétienne… parce que si personne n’avait cru et ne croyait à sa résurrection, Jésus n’aurait jamais été tenu, au mieux, que pour un prophète extraordinaire spécialement attachant et, au moins, que pour un rabbi juif notoirement contestataire, plus ou moins justement exécuté. »
« Le Credo fait dire aux chrétiens : « Je crois au Saint-Esprit et c’est pourquoi j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Cela dit, cette vie dans l’Esprit-Saint, personne ne sait comment elle se déploiera. Et les chrétiens, moins que les autres, n’imaginent des cadavres qui redeviennent vivants, ni une sorte de réincarnation d’un esprit. Ils savent que la mort est vaincue. Définitivement. C’est tout. Ils seront vivants à la manière des hommes (donc pas comme des purs esprits) et socialement (donc ensemble). Si Dieu s’est fait homme, c’est pour que l’homme devienne Dieu. C’est sur une autre manière de dire cet axiome que le Credo se termine. »
in Theo
Vous pouvez aussi vous reporter à l’ouvrage suivant :
* Résurrection : l’après-mort dans le monde ancien et le Nouveau Testament
Pour finir, un chapitre complet dans l’ouvrage de Jean Vernette : La réincarnation, est consacré à ce sujet pp 99-124, en voici la conclusion : « ces précisions éviteront de mettre au compte d’une divergence doctrinale entre réincarnation et résurrection, ce qui relève simplement d’un vocabulaire, voire d’une anthropologie, différents. »
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